Du sable et de la techno pour l'archéo

Publié par Héloïse Bouillard, le 23 juin 2014   3.2k

Un peu de sable, une caméra 3D, un ordinateur, un vidéoprojecteur et nous voilà parés à parler archéologie. Vous ne voyez pas le rapport ? Reprenons depuis le début...

Il y a quelques mois, nos collègues de Science Animation (CCSTI de Toulouse) frappaient fort avec la présentation de leur Bac à Sable à réalité augmentée : un bac à sable dont la couleur change en fonction du relief du sable, et capable de simuler des écoulements fluides avec un réalisme impressionnant ! Le fort potentiel ludique, interactif et pédagogique de cet outil nous avait immédiatement fait réagir et nous avions commencé à rêver : et si l’on pouvait transformer ce bac à sable en un outil de fouilles archéologiques ?

Il s’agissait donc de détourner cet outil déjà éprouvé et salué pour aborder une thématique différente... Tout en conservant ce qui en fait la force : une approche simple, amusante et intuitive du bac à sable que l’on connait tous, et la fascination d’une projection esthétique et dynamique.

Dans le but d’imaginer un outil réellement pertinent, nous avons donc choisi d’organiser cette fois-ci un workshop professionnel, rassemblant ainsi des collègues de l’Institut National de Recherche et d’Archéologie Préventive (INRAP), de centres de sciences comme Science Animation (Toulouse), la Cité des Sciences (Paris), La Casemate (Grenoble), un graphiste grenoblois, ainsi que nos collègues du Musée Dauphinois et du Musée Archéologique Grenoble – Saint Laurent. L’outil ainsi développé pourrait ainsi être réutilisé par d’autres structures susceptibles d’être intéressées, comme des musées d’archéologie, des associations, etc.

Après une mise en ambiance sur le site archéologique de Saint-Laurent, la discussion autour de l’archéologie s’est poursuivie à La Casemate avec notamment une présentation du fameux Bac à Sable et une séance de brainstorming « à chaud ». Le lendemain, les équipes se sont lancées dans une séance de créativité, avec pour objectif de produire en deux heures et demie un scenario d’usage du Bac à Sable archéologique.

Bilan du workshop : ce que nous retiendrons des productions des participants

Une idée récurrente dans chacun des projets est la relation des couches stratigraphiques avec le temps. Lorsque l’on creuse, on remonte le passé : cette idée ce n’est pas si simple à appréhender, d’autant que les couches ne sont pas forcément planes et peuvent se recouper entre elles. Cette notion devra donc constituer le propos essentiel du Bac à Sable archéologique. Chaque projet présenté met également l’accent sur le très fort potentiel attractif et ludique du Bac à Sable. Il s’agit de conserver impérativement ce qui lui confère ses pouvoirs : simplicité, esthétique, dimension ludique connue de tous, réactivité, et manipulation concrète, agréable et intuitive.

Finalement, les différents projets proposés nous amènent à la réflexion suivante : il n’est pas nécessaire de chercher le réalisme, mais il s’agit surtout de faire comprendre et expérimenter un principe de manière sensible et ludique, quitte à être dans l’idéal ou le stylisé. Nous devons essayer de garder un maximum l’esprit original du Bac à Sable, que l’on peut aborder comme un jeu avant de comprendre que la fouille exige de la méthode, comme une règle du jeu à respecter pour comprendre les éléments découverts. Le dispositif doit rester extrêmement simple à comprendre : attirant souvent les enfants en particulier, l’idée est que tous puissent s’amuser en découvrant que l’on peut remonter le temps en creusant.

Les développements à mener

Il s’agit désormais d’inventer des « scenarii stratigraphiques » simples et efficaces, presque « idéaux », mais qui soient très parlants et fassent bien comprendre les grands principes de la stratigraphie. Les visuels utilisés doivent être esthétiques et explicites, qu’il s’agisse de photos, de dessins, de simples couleurs... Quel que soit le scenario imaginé, le Bac à Sable archéologique doit être flexible sur le plan des contenus, qui doivent pouvoir être modifiés simplement. On pourrait ainsi remplacer l’un ou l’autre des visuels par un autre de notre choix (aux bonnes définitions et dimensions). Cette flexibilité permettrait d’adapter un discours à un contexte local spécifique par exemple, ou à une époque définie.

Le Bac à Sable permet également d’imaginer des développements plus poussés sur la thématique de l’archéologie, notamment en s’appuyant sur une médiation humaine de qualité. On peut penser à un atelier sur la méthodologie de fouilles (carroyage, relevé avec carnet de terrain) ou un jeu de rôle faisant intervenir différents spécialistes (xylologue, carpologue, céramologue...). Le Bac à Sable archéologique : un outil à découvrir bientôt dans l’exposition Squelettes !

>> Pour tout savoir sur le bilan du workshop Bac à Sable archéologique : consultez le bilan en ligne