La science, ça se discute ?

Publié par Jean Caune, le 30 juin 2014   2.3k

Quel est le statut de la science dans le champ des savoirs ? Comment utilisons-nous les techniques ? Comment la science se met-elle en culture ? Jean Caune veut en parler avec vous !

A. — Ça va ?
B. — Ça va. (Dubitatif et peu convaincu) Enfin, comme ça, pas mal.
A — Tu tombes bien, je voulais te voir…
B. — Ben voilà, tu me vois. Et toi ça va ?
A. — Pas mal. J’ai écrit un bouquin sur la culture scientifique. J’ai peur que cela n’intéresse personne.
B.— J’crois pas.
A.— Tu crois pas quoi ?
B. — Que les gens ne s’interessent pas à la science. Les épidémies, le changement climatique, les trous noirs,  les maladies orphelines, l’origine de la vie, les déchets nucléaires…, tout çà, on en parle tous les, jours dans les médias.
A. — Peut-être. Mais moi, j’ai voulu montrer que la culture scientifique ce n’était pas seulement des connaissances scientifiques.
B. — Ah oui, je vois, tu as voulu faire de la vulgarisation sur les énigmes de la science.
A. — Non pas exactement. Mon bouquin, il cherche à montrer comment les sciences et les technique dépendent de l’état de la société.
B. — D’accord, je comprends. J’me disais aussi. Au fond, ton bouquin, c’est pas un livre de scientifique qui parle de ce qu’il connaît. Toi tu parles de ce que tu ne connais pas. Un peu comme un philosophe qui parlerait en général de questions dont il n’est pas spécialiste.
A.— Mais pas du tout. Enfin, si peut-être, tu as un peu raison. Mon livre, fait le constat qu’une certaine image de la science est en décalage avec l’état du monde et de la société.
B.— Oui, c’est bien ce que je me disais. Tu critiques la Science.
A. — Mais non. D’abord, la Science ça n’existe pas. Ou plutôt l’objet que désigne La Science n’existe pas : il existe des sciences.
B.— Oui, peut-être. Enfin, ton bouquin c’est de la philo ?
A. — En partie. Je m’appuie sur une philosophie pragmatique qui cherche à comprendre les liens entre l’homme et son expérience du monde. Mais surtout, je me pose la question de savoir quels sont les pouvoirs des sciences pour agir sur les modes de comportements, de pensée et d’action des hommes.
B.— Je comprends. Au fond, tu penses que le développement des sciences et des techniques engendre, au bout du compte, un progrès social.
A.— Là, tu mets le doigt sur un point essentiel. Mais ce n’est pas l’idée que je développe. Au contraire. Je tente de monrer qu’il faut s’interroger sur les effets des usages des sciences et des techniques. Le progrès des sciences et des techniques n’engendre pas nécessairement le progrès social.
B. — Tu aurais pu me le dire tout de suite. Ton bouquin, il prend position, il n’est ni sientifique ni objectif, il est politique.
A.— Si tu veux.
B. — Moi, je veux rien. Au fait, il s’appelle comment ton livre ?
A.— Pour des Humanités contemporaines. Science, technique, culture : quelles médiations ?
B. — Et bien, dis donc, ça se complique. Tu mets tout sur le même plan, alors ?
A.— Non mais je crois qu’il faut prendre en compte les contradictions, les ombres, les fractures de nos sociétés. Et il faut comprendre comment les sciences, dans leur diversité, peuvent participer d’une culture contemporaine en devenir.
B. — Vaste programme.
A. — Comme tu dis.
B. — Si je comprends bien, tu penses que la Science ne peut pas tout nous dire sur le monde.
A.— Tu l’as dit.
B. —Ça se discute tout ça.
A.— Ça se discute.
B.— Mais pourquoi tu m’en parles à moi ?
A. — Parce que je voudrais faire une conférence-spectacle : La science ? On en cause ? Ça se discute ? Alors, tu comprends, comme t’es comédien…
B. — Mon vieux, faut choisir : ou tu causes, ou tu joues. Moi, je joue.
A. — Et bien, j’ai besoin de toi pour jouer dans un série d’intermèdes, des dialogues de clowns qui introduisent les 10 chapitres de mon livre.
B.— Dis donc, ça peut être marrant…
A. — Oui. C’est pour ca que j’ai besoin de toi.
B. Alors là, ça se discute pas.

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Ce dialogue fictif a pour but de sensibiliser à l'idée d'une Conférence-Spectacle intitulée « La science ça se discute ! ». S’appuyant sur mon ouvrage « Pour des humanités contemporaines. Science, technique, culture : quelles médiations ? » (PUG), celle-ci a pour objectifs premiers :

  • d’introduire un questionnement sur le statut de la science dans le champ des savoirs ;
  • de poser la question de l’usage des techniques et des savoirs scientifiques ;
  • enfin, d’examiner la réalité d’une culture scientifique et technique. Comment la science se met-elle en culture ?

Vous trouverez plus d’informations dans les documents à télécharger ci-dessous.

>> Crédits : Laurence Fragnol / Hexagone, Meylan