"C'est pour le plaisir de partager que je participe à la Fête de la Science"

Publié par Jeany Jean-Baptiste, le 23 septembre 2013   2.8k

Rencontre avec Pierre Molho, qui nous parle de son travail de chercheur dans le domaine du magnétisme à l'Institut Néel - CNRS et de son implication dans la médiation scientifique et technique. 

Echosciences : Pouvez-vous nous expliquer votre travail de chercheur ?

Pierre Molho : Mes recherches concernent le magnétisme, qui est un modèle pour beaucoup de systèmes physiques. C’est également un domaine de recherche à partir duquel les applications sont nombreuses : l’enregistrement, les moteurs, les capteurs, l’énergie… et certains collègues dans mon labo s’y intéressent particulièrement. Mais de nombreux travaux sur le magnétisme portent sur des préoccupations fondamentales, comme les propriétés des matériaux, les mécanismes en jeu dans l’évolution de l’aimantation, le magnétisme à l’échelle nanométrique...

Mon travail consiste à réaliser des expériences, pour mettre en évidence des comportements ou caractériser des échantillons, et à les décrire à l’aide de modèles. Ces modèles sont en général adaptés de modèles déjà existants, et on tente de voir s'ils permettent de comprendre ce qu’on observe ou si leurs prédictions se réalisent. Je m’intéresse, en particulier, à ce que le magnétisme (les interactions magnétiques, la présence d’un champ magnétique) peut apporter dans des phénomènes assez généraux comme la croissance d’agrégats métalliques par exemple par dépôt électrochimique, les instabilités d’interface entre liquides ou encore le comportement de la matière granulaire... (1)

Lévitation magnétique d'une toupie

Pourquoi participez-vous à la Fête de la science ?

Je me suis impliqué dans la médiation scientifique, en particulier à l’occasion de la Fête de la science pour plusieurs raisons. Je pense qu’il est important qu’une culture scientifique existe dans la société. Il faut également essayer d’attirer les jeunes vers les études scientifiques dont ils se détournent trop ces dernières années. La Fête de la science joue un rôle dans ces actions, et j’aime bien y participer, essayer de partager le plaisir de manipuler certains concepts de la physique, de réaliser des expériences simples mettant en évidence des phénomènes, que l’on peut essayer de comprendre. Enfin, je suis chercheur et je n’enseigne que très ponctuellement. Le fait d’encadrer des thésards, des stagiaires et de faire de la médiation scientifique est ma façon de transmettre.

Quels aspects de la médiation scientifique et technique trouvez-vous les plus intéressants d’un point de vue personnel et professionnel ?

Un des aspects de la médiation scientifique dans lequel je suis le plus investi est l’accueil des jeunes et du grand public sur des stands d’expériences pédagogiques. J’ai d’ailleurs réalisé ou participé à la réalisation d’un certain nombre d'expériences illustrant des concepts ou des phénomènes. Je participe également à l’organisation de parcours scientifiques au sein du laboratoire, et je conduis les groupes le long de ces parcours. Une retombée un peu inattendue de l’organisation de ces parcours est que c’est une autre façon de voir son propre laboratoire et d’interagir avec les collègues.

Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez quand vous êtes en contact avec un public de non spécialiste ou avec des jeunes ?

Dans la médiation scientifique, on peut rencontrer certaines difficultés, par exemple quand les concepts ne passent pas, parfois c’est compliqué… Ou quand l’essentiel des questions se ramène à  « à quoi ça sert ? ». Ou encore lorsque l’on est entraîné sur des terrains non scientifiques, où l’on sent les gens inquiets, où ils attendent des réponses que nous n’avons pas.

Un dodecahèdre construit avec des aimants

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui souhaite s’orienter dans une carrière scientifique ?

Si je devais donner des conseils à des jeunes envisageant des études scientifiques, je dirais que plusieurs types de carrières scientifiques existent : tout le monde peut y trouver sa place. Il faut bien sûr aimer les sciences, et un minimum d’effort est nécessaire afin d’acquérir les outils. Il faut profiter des opportunités de découvrir les laboratoires, les gens qui y travaillent, prendre des contacts, et venir faire des stages. Il faut avoir une attitude active, pour mieux savoir ce qui existe, choisir et ne pas seulement se laisser guider par un cursus.

>> Pour en savoir plus : Vous souhaitez rencontrer Pierre ? Rendez-vous à "Physique en Fête" sur le campus CNRS (25 rue des Martyrs) le samedi 12 octobre sur le parcours n°5  "Magnétisme".

>> Note :

  1. Les champs magnétiques que l'on utilise, d'amplitude bien supérieure au champ magnétique terrestre, sont créés par des conducteurs électriques parcourus par des courants, ou des aimants permanents, ou des bobines supraconductrices...

>> Illustrations : Pierre Molho, CNRS_LRF, Peter Jepsen (Flickr, licence cc)