Le Garage hélicoïdal : un écrin de béton en plein centre de Grenoble

Publié par Marion Sabourdy, le 6 janvier 2014   12k

Qui dit « Grenoble » et « béton armé » pense souvent à la Tour Perret. Mais la capitale des Alpes cache une autre construction non moins impressionnante : le Garage hélicoïdal.

Malgré sa façade Arts déco jaune, ses 8 niveaux et sa rampe intérieure de 65 mètres, le Garage hélicoïdal est peu connu des grenoblois. Tout entouré d’habitations, il passe même assez inaperçu dans la rue Bressieux, très étroite. Pourtant, il s’agit d’un monument classé, témoin de l’histoire de Grenoble. Voilà pourquoi l’Office de tourisme propose de le découvrir lors de visites guidées de 45 minutes. En décembre dernier, j’ai pu participer à l’une d’entre elles avec Stéphanie, notre guide.

Elle nous apprend que dans les années 1920, le parc automobile grenoblois comptait environ 3000 véhicules, contre 23 000 en 1933 et près de 70 000 en 2010 (1). Les propriétaires de voitures avaient besoin de les garer quelque part et la ville commençait déjà à s’élever en hauteur, malgré la destruction des remparts. Le maire de l’époque Paul Mistral donne l’autorisation de construire sur une friche. C’est ainsi que le garage hélicoïdal voit le jour en un an ( !) grâce aux architectes Louis Fumet et Louis Noiray et à l’entreprise Cepeca, spécialisée dans le béton armé.

Ses « mensurations » sont impressionnantes pour l’époque : une rampe hélicoïdale de 65 mètres de haut et 7 mètres de large avec une pente de 5%, 8 niveaux depuis la petite cour triangulaire où le gardien entretenait les voitures (aujourd’hui transformée en deux box) jusqu’à la verrière d’origine, un toit avec une vue à 360° sur les massifs environnants (et la Tour Perret !), des poteaux-poutres en béton armé (provenant de la cimenterie Vicat) coulés étage par étage, un ascenseur, des toilettes à chaque niveau…

Mais la fin des travaux, en août 1929, ne correspond pas à l’ouverture du garage ; il faudra attendre jusqu’à juillet 1932 et la vente de la totalité des 225 box (2). Et s’il faut attendre autant, c’est que ce n’était pas donné ! Jugez en plutôt : à l’achat d’un box correspond bien sûr le petit garage de quelques mètres carrés, un rideau métallique et une fenêtre mais aussi des services comme l’électricité, le tout-à-l’égout, l’eau et l’assistance d’un gardien (surveillance, dépannage, plein d’essence, entretien mécanique, etc.) (3).

Aujourd’hui, vous pouvez visiter librement le garage en semaine à partir de 15h. Les photographes s’en donnent d’ailleurs à cœur joie comme vous pouvez le voir sur notre sélection de photos. Le reste du temps, il reste fermé au public.

>> Notes :

  1. En 2010, Grenoble comptait 69 750 voitures pour 155 000 habitants environ. Voir l’enquête ménages déplacements 2009-2010 sur le site de la Métro (merci @jercuc pour les détails)
  2. En 1952 la copropriété a demandé à agrandir le garage qui passe de 225 à 252 box avec l’ajout de 25 box sur la terrasse
  3. Aujourd’hui, l’achat d’un box se négocie à 35 000 € environ et sa location à 150 € par mois environ. Si un gardien est toujours présent, il ne propose plus de services de dépannage

>> IllustrationsLaurent EspitallierRicardo LealLaurent EspitallierPhilippe ChandlessArtyvisteRicardo Leal (Flickr, licence cc)