Espace public et sciences : un MidiSciences riche en échanges

Publié par Ferielle Podgorski, le 18 juin 2012   3k

Jeudi 24 mai dernier, à l’Espace Vie Etudiante (EVE) du campus de Saint-Martin-d’Hères, l’équipe de doctorants des MidiSciences organisait sa dernière conférence de l’année universitaire.

L’objectif des Midisciences : faire partager au plus grand nombre, universitaires ou non, les actualités de la recherche scientifique à Grenoble. Et pour clôturer le cycle de cette année, les sciences humaines et sociales étaient au rendez-vous puisque Bernard Miège et Joël Chevrier sont intervenus sur la thématique « Espace public et sciences ».

Bernard Miège, professeur émérite de Sciences de l’Information et de la Communication au laboratoire du Gresec (Groupe de recherche sur les enjeux de la communication) de l’Université Stendhal Grenoble 3, est intervenu sur un sujet qu’il affectionne particulièrement et qui est l’objet de son dernier ouvrage : l’Espace public contemporain.

Bernard Miège

Il s’est interrogé sur l’existence ou non d’un espace public dans l’agglomération grenobloise, c’est-à-dire d’un espace symbolique de dialogue et de débat en vue d’arriver à des décisions qui impactent la société, et a fait le constat d’une « faible appétence pour la discussion démocratique et citoyenne ». Le professeur nous a présenté sa réponse contrastée qu’il a su avancer à la salle de façon claire et précise. Son intervention a suscité une discussion riche avec le public, notamment concernant l’offre d’information scientifique et d’animation scientifique et sa dépendance aux établissements et organismes extérieurs.

A la question « Où situez-vous les cafés scientifiques et citoyens ? », Bernard Miège répond qu’il s’agit d’une initiative qu’il intègre tout à fait dans les espaces de débat, mais qui est en marge dans l’agglomération. L’échange se poursuit sur les moyens financiers : alors qu’une personne du public fait part du manque d’aide de la part des universités, le professeur explique que cela garantie une parfaite indépendance : « au moins on n’a pas d’exigence vis-à-vis de vous ».

Ces échanges et l’engagement des institutions et des universités dans la culture scientifique ont fait le lien avec la seconde intervention. Professeur de physique de l’Institut Néel, Joël Chevrier a fait part à son auditoire d’une évolution en cours à l’université qui laisse de plus en plus de place à la culture scientifique, et amène à s’interroger sur celle-ci. Ce chercheur multi-casquettes en est d’ailleurs le parfait exemple puisqu’il est depuis peu vice-président adjoint en charge de la culture scientifique et des partenariats avec le second degré à l’Université Joseph Fourier, et également chargé de mission CSTI (Culture scientifique, technique et industrielle) auprès du PRES (Pôle de recherche et d’enseignement supérieur) de l’Université de Grenoble. Enthousiasmé par ces deux nouvelles missions, il est déterminé à participer à l’amélioration de la place de la culture scientifique à l’université et au sein de l’agglomération.

Joël Chevrier à Minatec pour le lancement du projet national Inmédiats

L’assemblée a discuté du rôle « éducatif » de l’université, mais pour ce professeur, « c’est une vision trop limitative et qui ne prend pas les étudiants en compte en tant que personnes et en tant que citoyens ». Les échanges se sont ensuite tournés vers la distinction entre culture scientifique et les autres cultures « comme si elle était à un autre niveau » : « pourquoi s’interroger autour de cette culture scientifique finalement, qui est plus une ouverture sur ce qui nous entoure, un développement de l’esprit critique avec une capacité à analyser ce qu’on nous apprend ? »

A la fin de la conférence, tout le monde s’est montré ravi d’avoir pu, durant ce laps de temps au moins, ouvrir un espace de débats avec ces deux scientifiques. Finalement plus qu’une présentation unilatérale du point de vue des deux intervenants, de réels échanges et partages d’expériences avec le public ont eu lieu. En attendant avec impatience les prochaines conférences Midisciences à la rentrée universitaire.

>> Illustrations : Férielle Podgorski, Ilan Ginzburg pour Echosciences Grenoble