Rocktambule 2012, C2C et les papeteries de Pont-de-Claix

Publié par Camille Cocaud, le 29 octobre 2012   3.7k

Le festival Rocktambule, bien connu des grenoblois, a célébré sa 18ème édition dans les anciennes papeteries de Pont-de-Claix du 11 au 20 octobre dernier. L’occasion de se plonger dans le patrimoine industriel de la ville tout en écoutant de la très (TRÈS) bonne musique. A vos tympans, prêts... Vibrez !

Autant vous le dire tout de suite : je suis une fille à l’enthousiasme débordant. Si, si, croyez-moi. D’autant plus lorsqu’on me propose de mixer deux de mes passions : la culture scientifique et la musique. C’est donc avec un petit cri strident que j’ai accueilli la proposition d’EchoSciences Grenoble d’aller enquêter sur le festival Rocktambule 2012.

Une nouvelle édition à Pont-de-Claix

Pour les habitués du festival, cette nouvelle édition pouvait surprendre par sa nouvelle localisation. Contraints de délaisser l’Esplanade pour cause de travaux, les organisateurs ont eu la chance de se voir proposer par la mairie de Pont-de-Claix d’utiliser les anciennes papeteries de la ville.

Bruno Nazzareni, chargé de communication de Rocktambule, nous explique que la ville même de Pont-de-Claix s’est construite autour de ces papeteries, suite à l’essor économique engendré par l'implantation de l’industrie. C’est donc une partie importante du patrimoine industriel local qui s’est perdu lors de la fermeture en 2008. “Les papeteries sont un lieu chargé d’émotion”, renchérit Christophe Ferrari, maire de Pont-de-Claix lors de la signature du partenariat entre le Centre national de la chanson des variétés et du jazz (CNV) et la ville.

Le pari de faire revivre l’usine pendant quelques jours a donc été lancé, et le challenge était de taille. Il a fallu sécuriser la salle des machines pour accueillir 3500 spectateurs, ainsi que le laboratoire pour installer le village du festival, recycler en cendriers les casques qui traînaient encore, apporter un peu de déco avec des graffs...

La friche industrielle a donc été choisie pour la tenue de trois soirées de concerts, avec notamment la venue du groupe des quatre DJs nantais de C2C, passés maîtres dans l’art de manier le son et l’image. C’est à ce moment précis que la groupie en moi fait son come-back sonore, puisque j’ai eu la chance de pouvoir rencontrer le groupe pour les questionner sur leurs performances scéniques hors normes et acclamées par le public. Moments choisis d’hystérie intérieure avant le concert...

 


Cela fait 14 ans que C2C existe, vous avez été quatre fois champions du monde par équipe du Disco Mix Club, primés à titre individuel également... Pourquoi faire un album maintenant ?
C’est une idée qu’on a toujours eu depuis qu’on a commencé les battles en groupe et en individuel, et surtout depuis 2005. On s’est rendus compte qu’on avait toujours beaucoup de matière à exploiter : banques de sons, samples, disques, etc. Ensuite on a été pris par nos projets personnels et par nos groupes respectifs : 20syl et Greem par Hocus Pocus ; Atom et Pfel par Beat Torrent. Il s’est trouvé que 2012 semblait enfin être le moment pour partager toute notre matière musicale dans un CD.

Vos concerts sont très travaillés dans leur mise en scène. Pouvez-vous m’en dire plus sur cet aspect de votre travail ?
On a conçu nos performances comme de vrais spectacles audiovisuels. On ne fait pas juste du mixage audio mais aussi du mixage des images. Il y a des écrans apposés sur nos tables de mixage, face au public. Nous avons storybordé nous-mêmes le déroulement des visuels sur ces écrans et travaillé avec un motion designer ensuite. Là où ça devient intéressant, c’est que chacun de nos gestes de mixage impactent différemment les visuels qui sont projetés, le tout en temps réel. On a passé beaucoup de temps à faire un tableau Excel décrivant très précisément ce qu’il arrivait à telle figure quand on faisait telle action etc. L’idée est de changer les codes du turntablism [ndlr : art de créer de la musique grâce aux platines à vinyles] en transposant nos gestes de façon plus visuelle pour le public. Faire concorder le son et l’image pour une expérience plus globale.

Vous savez qu’on a pas mal de chercheurs qui apprécient beaucoup de travailler avec des artistes sur des performances live à Grenoble. Seriez-vous intéressés de tester des nouveaux dispositifs scéniques développés en laboratoire ?
Oui complètement, on est preneurs de nouvelles idées et technologies ! Nous avons d’ailleurs récemment installé des platines qui nous permettent de faire sortir des faisceaux de lumière des tables de mixages, illuminant nos visages du dessous. On est aussi en train de chercher des solutions techniques pour faire du mapping 3D1 en direct. De façon plus générale, la technologie a complètement changé le monde du turntablism en nous permettant de remixer 120 samples par morceaux sans avoir besoin de mobiliser autant de vinyls ! La technologie a encore beaucoup à apporter à la musique électronique2.

>> Notes

  1. Le mapping 3D est une technique qui consiste à projeter des images sur des bâtiments. WECOMEINPEACE avait par exemple projeté un casse-brique géant intéractif sur la place Saint-André à Grenoble
  2. C2C a par ailleurs participé au lancement de Windows 8 au Palais de Tokyo le 25 octobre. Ils ont pour l'occasion présenté l'application de mixage qu'ils ont créés pour s'en servir comme alternative aux platines classiques : B・C2C. L'application est testable gratuitement au Palais de Tokyo jusqu'au 11 novembre (infos ici).