Rencontre avec Catherine Gauthier, directrice du Muséum de Grenoble

Publié par Martin Bartoletti, le 25 mars 2013   3.9k

Début mars, le Petit Bulletin a rencontré Catherine Gauthier, directrice du Muséum d'Histoire naturelle de Grenoble. L'occasion de revenir sur sa prise de fonction et de dévoiler les futurs projets de cette institution.

Animaux empaillés et insectes épinglés : bienvenue au Muséum d'histoire naturelle de Grenoble. À la tête des lieux depuis maintenant deux ans, Catherine Gauthier revient sur sa prise de fonction et dévoile les futurs projets de cette institution de la culture grenobloise à laquelle elle veut apporter un souffle nouveau.

Comment prend-t-on ses marques à la tête d'un tel lieu ?

Catherine Gauthier : Il faut du temps pour connaître les collections, mais aussi ses visiteurs, et son territoire. J'ai souhaité casser la salle d'exposition temporaire, qui a donc été fermée jusqu'en octobre, ce qui a rendu difficile la mise en place d'expositions. On proposait donc des expos dossiers, comme Ahglagla?!, sur le climat. Jusqu'à la semaine dernière, vous pouviez admirer C'est ma nature. Je trouvais intéressant, avec l'année Rousseau, de remettre un peu de philosophie et de réflexion autour de la place de l'homme dans l'environnement. Il est important que le Muséum soit un lieu de débats et d'échanges, mais toujours sur la base du scientifique. Il faut bien deux ans pour sentir un peu l'ambiance, rencontrer le public, l'équipe. Je commence à me sentir un petit peu en place.

Plus concrètement, à quoi sert le Muséum ?

L'établissement reste un lieu de formation. Il forme par exemple une centaine d'enseignants par an. On travaille sur la méthode d'enseignement scientifique qui consiste à dire qu'une chose est vraie jusqu'à ce qu'elle soit réfutée. Il y a beaucoup de collections liées à une histoire scientifique, ou de recherche, dans nos réserves. Et puis, en lien avec la biodiversité, on est débordé de prélèvements ADN, d'études de transformation des insectes et des plantes liées au réchauffement climatique. On propose aussi des réunions, des conférences, avec des pointures scientifiques, ou des experts, sur des sujets comme la grippe par exemple. Petit à petit, le Muséum est devenu un lieu culturel, de présentation. Aujourd'hui, avec Internet et la connaissance, les gens ne viennent plus pour apprendre, donc au lieu de mettre un loup dans une vitrine, on va peut-être en mettre vingt, pour que les visiteurs voient des vraies choses.

Qui sont ces visiteurs ?

Notre public est très éclectique. Pour les tout-petits, le Muséum est très réputé car on a un éducateur spécialisé. Les gens viennent de loin pour participer à l'animation Parlons bambin. On fait aussi des "soirées pyjama" avec les bébés et leurs parents. Pour les scolaires et les centres de loisirs, on ne leur apporte plus la connaissance, comme je l'ai dit, avec Internet ils ont tout rapidement. Donc on travaille davantage sur une méthode, pour développer l'esprit critique. Le Muséum est aussi un espace de distraction. En milieu urbain, on a besoin de se couper du bruit, de respirer. Du coup, on amène le petit-fils voir le loup du musée. C'est le plaisir simple de se promener. Voilà, on éduque, on se balade et on a envie de se gratter les méninges, ce sont un peu les trois volets que l'on propose.

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>> Illustrations : Catherine Gauthier