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Et si on dézoomait ? Réponses semaine du 1er au 5 février / Jardin Extraordinaire

Publié par La Casemate, le 6 février 2021   1.3k

Cette semaine, nous sommes partis sur les traces de végétaux et c’est Claudie Durand, chargée des collections de minéralogie, pétrologie et paléontologie au Muséum d’Histoire Naturelle de Grenoble, qui nous explique tout sur ces fossiles :

“De quand datent ces fossiles de végétaux ?”

Ils datent du Carbonifère. Le Carbonifère est une période comprise entre moins 358,9 et moins 298,9 millions d’années. Pendant cette période qui dure 60 millions d’années, les continents bougent, entrent en collision, des océans s’ouvrent. La chaine hercynienne se forme (en terme de relief l’équivalent serait celui de la chaine himalayenne d’aujourd’hui). Les températures au début de Carbonifère sont en moyenne de 11°C plus chaudes que celles actuelles. Un refroidissement important débute pendant la seconde partie du Carbonifère. A son terme une extinction de masse voit des grands groupes de plantes disparaitre.

Nos trois fossiles ont approximativement entre 307,2 et 311, 7 millions d’années. Ces plantes vivaient dans une zone marécageuse avec des entrées marines (bassins houillers paraliques du Nord de la France).

“Quel est le processus de fossilisation ?”

Dans nos forêts actuelles, les feuilles et bois morts sont dégradés par l’activité des micro-organismes. Cette activité biologique est possible lorsque l’oxygène est présent dans l’air. Dans ce cas, la totalité du carbone solide est transformée en gaz carbonique.

Pour garder une forme solide et échapper au recyclage, le carbone doit se trouver dans un milieu sans oxygène (de l’eau par exemple). L’accumulation de végétaux  va permettre une première phase de transformation. Des bactéries qui vivent sans oxygène vont se nourrir  de l’oxygène et de l’azote présents dans les restes végétaux. Cela va augmenter la quantité de carbone (formation de la tourbe). L’hydrogène sous forme gazeuse va être libéré au fur et à mesure que la température et la pression augmentent. Cette augmentation s’effectue au cours de l’enfouissement des restes végétaux et c’est l’accumulation (sous son propre poids) qui va être le moteur de l’enfouissement. La transformation en charbon nécessite une température entre 50°C et 120 °C. Si l’on considère le gradient thermique actuel (en moyenne 1°C tous les 33 mètres), il faut au moins une épaisseur de dépôt de 1500 m pour obtenir du charbon.

Lundi 1er février 2021 : “Quel est ce fossile ?”



  Genre : Sigillaria


Les Sigillaria sont des lycophytes (groupe de plantes vasculaire) . Leur système racinaire ne peut pas être dissocié de celui des Lepidodendrons. Il s’agit également de grands arbres, pouvant atteindre 30 m avec un diamètre allant jusqu’à 1 m.

L’échantillon est un fragment de l’écorce du tronc. S’il est rouge et non noir (comme habituellement le sont les schistes houillers) c’est qu’il a subi une transformation toute récente. En fait, lors de l’exploitation des mines de charbon, les parties stériles (celles qui ne sont pas du charbon à 100 %) sont triées puis rejetées. L’accumulation de ces résidus miniers forme aujourd’hui dans les régions minières des collines artificielles (terril dans le nord de la France et parfois  nommée crassier dans le sud et l’est de la France). Ses dimensions peuvent atteindre jusqu’à 250 m de hauteur  mais souvent, les terrils servent d’approvisionnement en matériaux pour les infrastructures routières. C’est pourquoi, tous les fossiles qui peuvent être pris sur les terrils sont sauvegardés d’une destruction certaine.

Toutefois, la collecte de fossiles sur les terrils n’est pas sans danger. En effet, les charbons contenant du méthane (ils en contiennent tous mais à des degrés divers, c’est ce qui provoque les explosions « coups de grisou » dans les mines profondes), peuvent entrer en combustion lente de façon spontanée ou à la suite d’un incendie de surface. C’est pourquoi certains fossiles provenant des terrils sont cuits (couleur rouge). Cette combustion peut également engendrer des explosions, des glissements terrain. Un terril sur trois du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais (qui en compte 340) aurait été en état de combustion.

Mardi 2 février 2021 : “Quel est ce fossile?”

    

Genre Lepidodendron Aspidaria

Lepidodendron est le nom donné à la plante (enfin à la partie qui concerne le tronc de la plante, les racines ont un autre nom…), mais nous avons ici la partie sous l’écorce nommée Aspidaria. 

Les lepidodendrons sont des lycophytes de forme arborescente (de 25 à 30 mètres). Ils vivaient les pieds dans l’eau ce qui a contraint leur système racinaire à se développer à l’horizontal afin d’assurer un ancrage maximal. 

Mercredi 3 février 2021 : “Quel est ce fossile?”

 

Genre Alethopteris

Les Alethopteris font parties des ptéridospermes ; c’est-à-dire des « fougères à graine » bien qu’en réalité il ne s’agisse pas de graine mais d’ovule. 

[Notons au passage que nos fougères actuelles (plus de 13 000 espèces) n’ont pas de graine mais des spores.]

Les Alethopteris avaient une forme buissonnante de grande taille (environ 5 à 7 m de haut). Ces plantes avaient une croissance relativement lente. Lors des tentatives de reconstruction de paléo-environnement, ces plantes se placent dans des zones humides relativement mal drainées (absence de pente). 

NB : Les fougères arborescentes actuelles sont apparues au Rhétien, il y a 210 millions d'années soit 100 millions d'années après les grandes forêts du Carbonifère. Elles ne font pas parties des mêmes groupes que les fougères arborescentes du Carbonifère. 

Vous pourrez venir observer ces fossiles et bien d’autres encore, dans l’exposition Jardin Extraordinaire dès que les conditions sanitaires nous permettront d’ouvrir nos portes au public.

Jeudi 4 février 2021 : “Quel est ce fruit ?”

Il ne s’agissait plus là de fossiles mais bien de végétaux actuels. Les apparences sont parfois trompeuses… C’est la framboise sur laquelle nous avions zoomé ! 

        

Vendredi 05 février 2021 : “Quel est ce légume ?”

Sous ces airs hypnotiques, vous avez sûrement reconnu le chou romanesco qui se fait aussi appelé brocoli à pomme ! 
   

    

Retrouvez-nous la semaine prochaine sur les réseaux sociaux de La Casemate pour une nouvelle semaine de vacances, mais cette fois-ci consacrée aux insectes.