Artistes et écologie : Qu'en dit l'IA ?
Publié par Jules Tesnier, le 12 décembre 2025 2
Nous sommes trois étudiant-e-s en M1 information et communication scientifique et technique à l'UGA. Dans le cadre de notre cours Sciences, média et journalisme nous avons comparé deux articles, un rédigé pour nos soins et un rédigé entièrement par IA.
Notre sujet : lien entre artistes et écologie. Notre public cible : des personnes de 60 ans en plus.
L'atelier s'est déroulé en deux étapes : nous avons commencé par travailler sur notre article puis nous avons élaboré un prompt bien précis afin de demander à l'IA de le faire à son tour.
Notre article : comment nous l'avons élaboré
Nous avions l’ambition de présenter un panel large de célébrités qui ont œuvré ou œuvrent encore aujourd’hui pour la protection de l’environnement (Sting, Bardot, Shaka Ponk,etc…) à travers leurs arts ou leurs actions.
La première étape a été de trouver les personnalités. C’est l’étape qui a pris le plus de temps. Nous avons échangé avec nos camarades, lu des articles de presse et cherché des informations sur différents sites afin d’établir une liste. Cependant des recherches complémentaires ont dû être faites afin de croiser les différentes sources afin de vérifier que ces artistes œuvrent bien pour la cause écologique.
C’est alors qu’a commencé le travail d’écriture. Nous nous sommes partagé les tâches, écriture du chapô et de portraits : Bob Marley et Léonardo DiCaprio. Jules, alors qu’il avait déjà entamé le travail d’écriture sur Bob Marley, s’est rendu compte que ce dernier n’était pas aussi engagé qu’il ne le pensait. Il a alors décidé de tout reprendre : recherches et écriture pour le groupe musical Shaka Ponk.
Nous avons surestimé nos capacités à réaliser autant de portraits : pour le portrait de DiCaprio et de Shaka Ponk, entre recherches et écriture, Emilie et Jules ont mis chacun-e presque 2 heures. Quant à Nathan après avoir rédigé le chapô, ce dernier s’est attelé au portrait de Brigitte Bardot.
Voici donc notre article :
Production d’un article par Intelligence Artificielle
Le processus de génération d’un contenu par IA passe par l’écriture d’un prompt rassemblant tout le contexte et les attendus que nous en avons. Nous prenons tout d’abord un temps de réflexion pour la production de ce prompt à destination d’une IA générative textuelle. Nous nous basons sur la première réflexion que nous avons eu en produisant notre article.
Nous avons fait le choix de ne pas nous inscrire/nous connecter sur les générateurs d’IA et d’utiliser notre navigateur en mode navigation privé afin de prévenir un maximum de biais liés aux données d’utilisateurs. Nous faisons le choix d’utiliser chatGPT (version 5-1), c’est l’IA générative la plus répandue dans le monde en termes d’utilisateurs, et cette dernière est développée pour générer du texte. Elle nous paraît ainsi être une candidate idéale pour cet exercice.
Ce que nous avons demandé à chatGPT :
En tant que journalistes scientifiques, on voudrait que tu crées un article de journal du type Télérama à destination d’un public de 60 ans et plus. Le but de cet article est de mettre en lumière des artistes connus ( de différents domaines artistiques ) qui sont engagés pour l’écologie. Nous souhaitons engager une réflexion chez le lecteur sur la prise de position des artistes connus entre les années 60 et les années 2020.Cet article doit être sous le format d’une série de portraits d’environ 1000 caractères chacun. Il faut aussi une introduction et une conclusion sur l’évolution de l’investissement des artistes au cours des différentes décennies.
Après réflexion, nous choisissons de ne pas préciser si les illustrations devaient être générées ou reprises sur internet.
Ce que chatGPT nous a répondu :
Une fois le texte généré, nous avions pour idée de faire “penser” la mise en page de l’article par une seconde IA. Une seconde requête est soumise à GPT, afin de nous fournir une commande de mise en page à présenter à une IA génératrice d’image. Notre but, par cette opération, est de tester si chatGPT peut “penser”, et retranscrire une mise en page, qui serait potentiellement mieux concrétisée par une seconde IA. C’est une sorte de délégation de tâches.
Au sujet de la mise en page on voudrait que tu crées, à part, un prompt pour une IA. On souhaite au moins une photo pour chaque artiste inclue dans la mise en page.
Nous obtenons donc un prompt qui est présenté à Gemini (IA Google) :
Objectif : Créer la mise en page d’un article culturel destiné à un public de 60 ans et plus, style Télérama. L’article comprend une introduction, une conclusion et une série de portraits d’artistes engagés pour l’écologie (Joni Mitchell, Yann Arthus-Bertrand, Björk, Leonardo DiCaprio, Olafur Eliasson). L’esthétique doit être élégante, lisible, chaleureuse et accessible. 1. Format général Créer une mise en page magazine élégante et moderne. Style inspiré de Télérama, avec titres sobres, grande lisibilité, espaces blancs, colonnes larges. Prévoir un format A4 vertical, version imprimable et version écran. Police recommandée : titres en serif (type “Merriweather” ou “Télérama-style”), corps en sans-serif lisible (type “Inter”, “Source Sans”, ou similaire). Couleurs douces : palette ocre, vert sauge, gris doux, beige, pour rappeler le thème écologique. 2. Structure du document Page de garde : Titre principal : Artistes & Écologie : 60 ans d’engagement en images Sous-titre : Une série de portraits pour comprendre l’évolution de l’investissement des créateurs face à la crise climatique. Image pleine page liée à l’écologie (paysage naturel, forêt, texture de terre, etc.). Style sobre, identité visuelle cohérente avec le magazine. Page d’introduction Encadré avec texte d’introduction fourni. Petite photo d’ambiance (ex. vieille affiche militante, photo de nature des années 70, etc.). Pages Portraits (une page par artiste) Pour chaque portrait, créer une mise en page répétable : Titre : Nom de l’artiste + décennie principale d’engagement. Sous-titre bref (ex. “La poésie au service du paysage menacé”). Photographie libre de droits OU image générée représentant l’artiste sans imiter une photo réelle protégée : Utiliser une approche stylistique (illustration artistique, silhouette réaliste mais non identique, portrait évocateur sans reproduction exacte). Ajouter un fond visuel évoquant l’écologie : textures naturelles, couleurs douces, lumière naturelle. Texte du portrait (prévoir un bloc d’environ 1000 caractères). Une mise en avant graphique d’une citation clé ou d’un mot-clé (“écologie”, “engagement”, “climat”). Artistes à intégrer : Joni Mitchell Yann Arthus-Bertrand Björk Leonardo DiCaprio Olafur Eliasson Page de conclusion Texte de conclusion fourni. Image d’ensemble : par exemple un collage de paysages, installations artistiques, scènes de concerts engagés, etc. Dernière page (facultative) Bibliographie visuelle, ou page “Pour aller plus loin”. 3. Illustrations & images Utiliser des images libres de droits OU des illustrations générées inspirées des artistes sans reproduire leurs visages exacts pour éviter les droits à l’image. Style recommandé : Illustrations semi-réalistes, textures naturelles, lumière douce. Couleurs harmonisées avec l’ensemble du magazine. 4. Contraintes de lisibilité pour un public 60+ Taille de police confortable : Titres : 28–34 pt Sous-titres : 18–22 pt Corps : 14–16 pt Fort contraste texte/fond. Interlignage généreux. Hiérarchie visuelle claire (titres bien marqués, encadrés pour citations). 5. Style global de l’article Ton culturel, élégant, sobre. Équilibre entre modernité et esthétique “magazine senior”. Priorité à la clarté et à l’harmonie visuelle. 6. Contenus textuels à intégrer : "Copier/Coller Le texte généré plus tôt
Un fait surprenant est la suggestion de GPT à l’utilisation d’un outil particulier : Mid Journey. Il nous était également possible de directement adapter le texte à ce site. Mid Journey étant payant, nous restons donc sur Gemini, une IA qui semble assez efficace.
Après différents essais, nous parvenons à générer une image. Celle-ci présente une mise en page relativement sobre mais agréable.
Mise en forme faite par Gemini :
Analyse de l'article généré par intelligence artificielle (IA)
Nous avons donc commencé par générer l’article sur chatGPT. Le texte généré présente la structure que nous attendions, une introduction, un corps de texte contenant un certain nombre d’artistes et une conclusion. Nous n’avions pas fourni de nombre d’artistes, 5 ont étés générés. Nous ne connaissions pas certains de ces artistes ce qui n’est pas forcément incohérent avec la tranche d’âge visée. Nous avons par ailleurs vérifié que ces artistes existaient, et étaient bien connus.
Les artistes sortis sont Joni Mitchell, Yann Arthus-Bertrand, Björk, Leonardo DiCaprio et Olafur Eliasson. Il est intéressant de remarquer que quatre portraits sur cinq sont des hommes et que les cinq artistes sont de culture occidentale.
Un des premiers problèmes que nous avons analysé est que deux de ces artistes sont majoritairement connus pour leurs investissements en faveur de l’écologie (Yann Arthus-Bertrand et Olafur Eliasson). Nous souhaitions originellement viser des artistes qui étaient connus pour autre chose que cet investissement. Ce point est sûrement dû à une mauvaise rédaction du prompt.
De plus, il était initialement prévu que les portraits se situent aux alentours des 1000 caractères (comme ce que nous avions fait), or l’IA n’a généré que des portraits d’une taille moyenne de 600 caractères, soit près de la moitié.
En revanche, il est possible de remarquer des similitudes sur le choix des artistes, notamment Léonardo DiCaprio, que nous avions également choisi. Les thèmes et engagements abordés au cours du portrait se croisent également. Cela reflète que le prompt donné reflétait bien ce qu’on souhaitait faire sur au moins un portrait et donc une différence d’écriture dans notre groupe.
Ensuite sur l'introduction faite par IA il y a une très grosse différence avec la nôtre. Nous avions commencé par une citation de Coluche afin d’accrocher le public cible, ChatGPT, a “choisi” de faire un état des lieux de la place de l’écologie dans la société puis de resserrer plus précisément sur la place des artistes dans ce domaine au cours des années. Au sujet des conclusions, les deux (cerveaux Humains ou IA) sont beaucoup plus similaires, bien que l’ouverture ne le soit pas, avec notamment une liste des différents types d’engagement des artistes.
Nous sommes donc passés ensuite par Gémini pour la mise en forme de l’article.
Après plusieurs essais infructueux, puisque que l’IA nous générait un guide de mise en forme (sans la faire elle-même), nous avons réussi à obtenir un semblant d’article. Cette incompréhension est intéressante à analyser car nous avions bien demandé à chatGPT de créer un prompt pour IA afin qu’elle nous fasse la mise en page or les deux IA ne se sont pas comprises du premier essai.
Pour finir, Gémini a réussi à générer une mise en page qui correspondait au style souhaité (Télérama), en revanche le contenu ne correspond pas au texte fait par chatGPT alors qu’on lui avait demandé ça. De plus, dans un encadré à gauche l'IA nous propose de découvrir six portraits, alors que seulement quatre sont "présentés".
Au final, nous pouvons constater que l’IA a été capable de produire rapidement cinq portraits, plus courts que les nôtres et très centrés sur la demande initiale. La mise en page fut relativement compliquée, obtenir ce que nous voulions fut laborieux, et une fois le résultat obtenu nous n’avons pas eu de mise en page avec un texte cohérent dedans.
Cela peut s’expliquer pour plusieurs raisons : le prompt lui-même généré par IA était erroné, un style demandé bien précis, et une quantité importante de texte traité d’un coup qu’elle peinait à analyser.
Conclusion
L’IA est un outil puissant et performant sur lequel il est possible de s’appuyer pour les travaux rédigés. En revanche, il ne semble pas à l’heure actuelle, que les technologies soient capables de produire de A à Z un travail fini, répondant à des critères journalistiques strictes.
Co-écrit par Flick Emilie, Loison Nathan et Tesnier Jules
