Comment le language impact nos pensées et représentations
Publié par Association Mythodologie, le 6 juin 2025
Le 3 juin dernier, au Minimistan, la salle était comble pour écouter Marina Aletheia nous parler du langage, de son pouvoir de représentation, et de son rôle dans la structuration de nos pensées.
Ce franc succès témoigne de l’intérêt grandissant pour les enjeux de langage, d’inclusion, et de pensée critique. Merci à toutes et tous d’avoir été si nombreux à ce moment de réflexion partagée.
Le langage, un prisme de la réalité
Le langage n’est pas un simple outil :
il est le prisme par lequel nous comprenons le monde.
Chaque mot, chaque tournure, chaque silence, façonne nos perceptions, nos représentations – et parfois même nos comportements.
Derrière chaque mot se cache un choix.
Et derrière chaque choix, une vision du monde.
Comme l’a souligné Marina Aletheia lors de cette conférence, nos usages linguistiques ne sont jamais neutres. Ils reflètent nos appartenances, nos identités, nos angles morts aussi.
👉 Parler, c’est ouvrir des perspectives… ou ériger des barrières.
Une position située : parler depuis quelque part
Une des forces de cette intervention a été de revendiquer une position située :
« On raconte au travers de ce qu’on est. »
Nos intérêts, nos mots, les cadres que nous choisissons pour analyser le monde sont inévitablement influencés par notre trajectoire personnelle, notre histoire, nos croyances. Revendiquer cela n’est pas renoncer à l’objectivité, c’est renoncer à l’illusion de la neutralité absolue, qui peut être une forme de pouvoir implicite.
« La revendication de la neutralité est un signe préoccupant qui devrait davantage attirer l’attention. »
Quand le langage module la pensée
Le lien entre langage et pensée est une question aussi ancienne que controversée.
👉 À la suite de Sapir et Whorf, on peut se demander si le langage façonne notre manière de percevoir.
Et si ne pas avoir les mots pour dire, c’était aussi ne pas avoir les moyens de penser ?
Le langage agit comme un filtre sur nos perceptions. Il nous pousse à catégoriser le réel selon des grilles spécifiques, parfois arbitraires : une « lampe de bureau » n’est pas perçue comme une « bougie magique ». Une « voyante » n’est pas une « praticienne en stimulation transcutanée ».
Et ce pouvoir de catégorisation linguistique, aussi ancré soit-il, est loin d’être universel :
→ Le spectre des couleurs, par exemple, est continu. Mais nos langues le découpent en catégories discrètes.
→ Certaines études ont montré que la perception des couleurs varie en fonction du lexique disponible, surtout dans l’enfance (Franklin et al., 2005).
L’illusion de la transparence des mots
Cette conférence fut aussi l’occasion de rappeler que les mots n’ont pas le même sens pour tout le monde.
Le langage est traversé par des tensions sociales, culturelles, affectives. Ce que je désigne par « inclusion » peut évoquer autre chose pour vous, selon votre vécu, vos expériences ou votre formation.
Parler d’écriture inclusive, ce n’est donc pas simplement parler d’orthographe ou de grammaire. C’est parler de représentation, d’appartenance, de visibilité, et parfois de lutte.
Langage, pouvoir, société
Finalement, cette conférence a mis en lumière plusieurs des fonctions essentielles du langage :
- outil de communication, certes,
- mais aussi système structurant,
- créateur de sens,
- vecteur d’identité,
- et miroir (déformant) de nos pensées.
« Une personne est professeur, parent, joueur, Européen… selon le contexte. Et elle parle différemment selon l’identité dominante. » (Byram, 2006)
En conclusion
Le langage est une technologie ancienne, humaine, sociale.
Mais c’est aussi un enjeu contemporain fondamental.
À l’heure des débats sur l’inclusion, sur les biais cognitifs, sur l’impact des IA, il est crucial de mieux comprendre comment les mots nous façonnent autant que nous les façonnons.
Nous remercions chaleureusement Marina Aletheia pour la richesse de son intervention, et vous tous pour votre participation active.