Des tulipes pour guérir des enfants

Publié par Lucie Ol, le 30 avril 2017   2.7k

L’autre jour, avec maman, je suis allée cueillir des fleurs. Des tulipes de toutes les couleurs dans un immense champ qui ressemblait à un arc-en-ciel.

J’avais mis mes bottes.

À l’entrée du champ, maman a pris une cagette et m’a dit : « Allez Lucie, c’est toi qui choisis les fleurs. Tu peux en cueillir vingt. On commence par quoi ? ».

J’ai bien regardé : « Heu…. Les… Roses ! C’est ma couleur préférée ! [ ce jour-là, Note de Maman] »

J’ai gambadé jusqu’à une rangée de belles tulipes roses. Après avoir bien hésité, j’ai choisi La fleur que je voulais, je l’ai attrapée et j’ai tiré. C’était facile.

« - Tiens maman !
- Ouhla ! Tu vas trop vite. Il faut faire des looooongues tiges. Il faut attraper la fleur en bas de la tige, ma chérie.
- Pourquoi ? Moi, j’aime bien comme ça ! »
Je tenais toujours la jolie fleur rose, choisie avec soin, dans ma petite main. Maman m’a regardée en souriant et a dit : « Ok. Fais comme tu veux ».

Après ça, j’ai pris des fleurs rouges, des jaunes, des blanches, des violettes, des oranges. Et J’ai compté 1, 2, 3, 4, 5, 6… jusqu’à 20.

Maman faisait aussi un bouquet de fleurs, mais avec de grandes tiges...


« Maman, pourquoi on cueille des fleurs ?
- Pour faire un joli bouquet.
- Pour qui ?
- Heu… Pour mamie !
- Pourquoi ?
- Pour lui faire plaisir…
- Pourquoi ?
- Parce qu’elle est gentille et qu’elle aime les fleurs.
- Pourquoi ?
- Parce que c’est beau et que ça sent bon.
- Pourquoi ?
…. Tu as cueilli tes vingt fleurs ? »
Oui, à trois ans, on veut TOUT comprendre…

Les tulipes ressemblaient à de petites boules, la plupart étaient ouvertes. Alors j’ai vérifié : elles ne sentaient pas très bon, contrairement à ce qu’avait dit maman, mais dedans il y avait des « trucs ».

« Regarde maman : dans les fleurs, il y a une surprise !
- Ah ? Quoi ?
- Des antennes et du pollen ! »
J’ai regardé dans toutes les autres fleurs : c’était pareil. Sauf dans les tulipes noires. « Le pollen, il est pas jaune dans les fleurs noires, maman ! » Quelle découverte !

Avant de sortir du champ, nous avons donné notre cagette à une dame qui a recompté les fleurs : trente-sept.
« J’ai fait des petites tiges parce que j’ai des petites mains » ai-je expliqué à la dame qui a souri.
Alors, elle a fait deux bouquets : un grand pour maman, et un petit pour moi. Elle m’a donné mon bouquet. « Merci ! » Il était vraiment très beau.

« Hé ! Ne pars pas si vite. Il faut donner des sous à la dame ! » m’a dit maman.
- Pourquoi ?
- Pour payer les fleurs, ma chérie.
- Pourquoi ?
- Comme ça, je vais les donner à des enfants malades » a répondu la dame en me montrant des photos d’enfants sur le mur de la tente.
Maman lui a tendu un billet [ NdM : 20 euros]. Moi, je regardais les enfants.
« Pourquoi ils sont malades, Maman ? »
- … Parce qu’ils n’ont pas de chance…
- Pourquoi ils n’ont pas de chance ?
- Parce qu’ils sont malades depuis longtemps.
- Pourquoi ?
- Parce qu’ils ont une maladie difficile à soigner…
- Pourquoi ?
- Parce que les médicaments ne marchent pas toujours.
- Comment il faut faire alors ?!? ai-je demandé un peu inquiète.
- C’est pour guérir les enfants qu’on a cueilli des fleurs, ma chérie. Et on donne de l’argent pour que les docteurs trouvent des médicaments.
- Ah, d’accord ! » ai-je répondu un peu rassurée.



Avant de partir, j’ai regardé le champ. Il restait encore beaucoup de fleurs, mais il y avait aussi beaucoup de monde . Alors j’ai dit : « Maman, quand il n’y aura plus de fleurs, les enfants ne seront plus malades ! »

Et ça, ce n’était pas une question.


L’opération « 100 000 tulipes contre le cancer » est organisée chaque année dans toute la France. Dans un champ entre La Tronche et Meylan, le Lions Club de Grenoble plante à l’automne les milliers de bulbes qui fleuriront au début du printemps. Pour un don de 10 euros, chacun peut venir composer son bouquet de 20 tulipes. Le champ est généralement accessible durant tout le mois d’avril.