Un détectoriste de métaux et un roi : L'histoire inattendu d'un anneau vieux de 400 ans

Publié par maxime legardez, le 19 juin 2025

L'histoire des découvertes archéologiques est souvent parsemée de coups de chance, de persévérance et parfois, d'une bonne dose de patience. C'est précisément le cas de Roy Davis, un détectoriste de métaux chevronné, dont une trouvaille apparemment anodine des années 1980 s'est transformée, près de quatre décennies plus tard, en un trésor inestimable : un anneau de fauconnerie ayant appartenu au roi Charles Ier. Cette relique, au destin singulier, est désormais promise à une vente aux enchères retentissante, illustrant l'importance que même les plus petits artefacts peuvent revêtir pour notre compréhension du passé.

Une découverte fortuite devenue une pièce d'histoire

L'histoire de cet anneau débute modestement à la fin des années 1980. Roy Davis, alors armé de son détecteur de métaux Compass 77B, explore un tas de déblais près des rives sinueuses de la Tamise. Au milieu de la terre et des gravats, son appareil émet un signal.

Le Compass 77B était un détecteur de métaux vintage populaire, notamment dans les années 1980, connu pour sa fiabilité et sa performance à l'époque, d'après le site spécialisé de la détection de métaux prospection-de-loisir.fr. Il faisait partie de la série 77 de la marque Compass, réputée pour ses détecteurs à haute fréquence.

En creusant, il met au jour un petit objet métallique. À première vue, il ne s'agit que d'une petite bague, fortement incrustée de saleté et de corrosion. Jugée sans grande valeur à l'époque, cette découverte est reléguée au fond d'un tiroir, où elle sommeillera près de quarante ans.

Père de quinze enfants et ancien directeur d'entreprise, Roy Davis, aujourd'hui âgé de 82 ans, se souvient parfaitement de ce matin-là. Cependant, le temps passe et l'objet reste oublié, jusqu'à l'année dernière. Alors qu'il trie de vieilles trouvailles, l'anneau refait surface. Animé par la curiosité, il décide de le nettoyer méticuleusement. C'est à ce moment précis que l'histoire prend un tournant inattendu. Au fur et à mesure que la crasse disparaît, une inscription gravée apparaît clairement : "Charles King". Cette révélation change tout. L'anneau, d'un diamètre minuscule de seulement 10 mm, n'est pas un simple bibelot, mais un vervel de fauconnerie, un anneau servant à attacher le rapace, et son inscription le lie directement à une figure emblématique de l'histoire britannique : le roi Charles Ier.

La fauconnerie royale : un symbole de statut et de pouvoir

La découverte de cet anneau n'est pas seulement fascinante par son histoire personnelle, elle l'est aussi par ce qu'elle nous révèle sur les mœurs et les passions de l'aristocratie britannique des XVIe et XVIIe siècles. La fauconnerie était alors bien plus qu'un simple passe-temps ; c'était un loisir d'élite, réservé à la royauté et à la noblesse, un marqueur de statut social et de prestige.

Nigel Mills, un expert renommé en artefacts et monnaies auprès de la maison de ventes Noonans, souligne l'importance de cette pratique. Il explique que Charles Ier, qui régna sur la Grande-Bretagne jusqu'à son exécution en janvier 1649 pour trahison, était un fervent adepte de la fauconnerie. Il possédait sans doute plusieurs rapaces dressés pour la chasse au petit gibier, comme le lapin, et il est probable que certains de ces oiseaux étaient même gardés à la Tour de Londres.

Cependant, l'époque de Charles Ier marque aussi un tournant pour la fauconnerie. Avec l'essor progressif des armes à feu, la chasse traditionnelle avec des faucons commença à décliner. C'est ce qui rend cet anneau d'autant plus rare et précieux. Selon Nigel Mills, cette pièce pourrait bien être le dernier artefact de ce type gravé au nom de la royauté, symbolisant la fin d'une ère où la chasse au faucon était la chasse royale par excellence. Bien que le roi actuel, Charles III, soit un passionné de polo depuis l'âge de 15 ans, c'est la fauconnerie qui tenait le haut du pavé pour ses lointains prédécesseurs.

Une rareté historique promise aux enchères

La singularité de cet anneau de Charles Ier est indéniable. Il s'agit d'une découverte exceptionnelle, d'autant plus que le British Museum ne possède qu'un seul autre exemplaire connu d'un tel vervel royal. D'autres pièces similaires ayant appartenu à des monarques comme Henri VIII, Élisabeth Ire et Jacques Ier sont également répertoriées, mais chaque nouvelle découverte ajoute une couche précieuse à notre connaissance des objets personnels de la royauté.

L'importance de ces minuscules bagues n'a été pleinement comprise que ces vingt dernières années. Elles représentent de petits objets mais d'une signification historique immense. L'anneau de Charles Ier, avec son histoire unique de redécouverte et son lien direct avec un roi au destin tragique, captive l'imagination et suscite l'intérêt des collectionneurs et des historiens.

La vente aux enchères, organisée par la prestigieuse maison Noonans à Mayfair le 12 mars, est très attendue. L'anneau de fauconnerie sera l'une des pièces maîtresses d'une collection comprenant des bijoux, des montres, de l'argenterie et des objets de vertu. Les experts estiment que cette relique royale devrait atteindre un prix de vente compris entre 2 000 et 3 000 livres sterling. Pour Roy Davis, le découvreur, cette vente est l'aboutissement d'une patience inattendue, et il prévoit de partager les bénéfices avec ses enfants, assurant ainsi que cette découverte fortuite apporte un bénéfice bien réel à sa famille.