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Gestion des moustiques en France d'outre-mer et métropolitaine

Publié par Marielle Vaxelaire, le 2 décembre 2018   2.2k

Lundi 26 novembre 2018 Cécilia Claeys, maître de conférences au Laboratoire Population Environnement Développement, est venue à la Maison des Sciences de l'Homme de Grenoble pour nous parler de la gestion des moustiques en France d'outre-mer et métropolitaine. Certains moustiques peuvent être porteurs de maladies tels que le paludisme, le chikungunya, le zika ou la fièvre jaune. Dans les dom-tom la propagation des moustiques est essentiellement due à une mauvaise gestion de l'espace urbain. Et « tant qu'on construit des structures propices à la formation de gîtes larvaires, distribuer des prospectus ne sert à rien ! » explique Cécilia Claeys.

En effet les moustiques devenant résistant aux insecticides l'un des moyens de les éliminer est la destruction des larves. Ces larves se développent dans des petites quantités d'eau stagnante telle que l'on peut en trouver dans les pots et vases de jardin ainsi que les gouttières. Si ces stocks d'eau servent essentiellement à la décoration ou l'arrosage des jardins en métropole et peuvent donc facilement être renversés il n'en va pas de même dans les îles. En effet en Martinique le réseau d'alimentation en eau potable, en plus d'être un des plus cher en France, est irrégulier. Aussi les habitants doivent recueillir l'eau de pluie. D'autres procédés peuvent être utilisés afin d'endiguer la progression de ces maladies. Dans les quartiers des villes de métropole française dés qu'un cas de maladie est suspecté des décontaminations insecticides sont réalisées. Cependant comme dans les dom-tom ces maladies sont plus fréquentes, elles ne sont pas systématiquement signalées. De plus les décontaminations coûtant cher, ces moyens ne sont utilisés que lorsque les soupons sur la nature de la maladie sont confirmés. Les dom-tom ne possèdent pas les mêmes outils que la métropole pour lutter contre les maladies dues aux moustiques.  Cet écart de moyens est d'autant plus étrange que ces maladies avaient disparu depuis le milieu du 20ème siècle en métropole, alors qu'elles ont toujours été un enjeu prioritaire dans les dom-tom depuis la colonisation. En effet avant la colonisation les habitants vivaient sur des terrains éloignés des zones marécageuses, ce sont les colons qui en arrivant se sont installés près de la mer, là où se trouve les zones marécageuses. Ainsi une grande partie des villes sont aujourd'hui construites dans ces lieux où prospèrent les moustiques.

Cet héritage explique le problème des moustiques dans les dom-tom, mais est aujourd'hui une réalité qui ne peut être détruite ou ignorée. Cependant les dom-tom se calquent aujourd'hui sur les méthodes métropolitaines pour gérer les moustiques. Ces méthodes sont malheureusement inappropriées au contexte des îles et n'arrivent pas à freiner la propagation des maladies liées aux moustiques.