Conférences

La révolution de la génomique

Aspects historiques, concurrence recherche privée et publique, enjeux économiques et scientifiques... le point sur une période clef de l’histoire des sciences par Frédéric Dardel, docteur en biologie moléculaire, président de l’université Paris-Descartes.

Le 28 juillet 1995, le grand journal scientifique américain Science fait sa couverture avec un évènement majeur : pour la première fois l’information génomique complète d’un organisme vivant a été entièrement décryptée. Le chromosome circulaire d¹une bactérie pathogène des voies respiratoires chez l’homme, Haemophilus influenzae, a été entièrement séquencé: environ 1,8 millions de A, T, G et C dans un ordre bien précis. Ce jour marque le début du passage à une nouvelle ère dans la biologie : au lieu de s’intéresser à un gène donné ou une région particulière d’un chromosome, on est désormais capable d’accéder à l’information génétique dans son entièreté. Une nouvelle discipline vient de naître : la génomique. A partir de là, tout va aller en s’accélérant.

Le 15 février 2001, les deux plus grands journaux scientifiques du monde, Nature et Science, publient simultanément la séquence «brute» du génome humain. C’est une percée extraordinaire, car mis bout à bout, nos chromosomes représentent pas moins de 3 milliards de paires de bases. C’est l’aboutissement d¹un projet pharaonique de plus de 10 ans, qui aura coûté près de 3 milliards de dollars et mobilisé des centaines d’équipes dans le monde entier.

Ce qui est encore plus incroyable, c’est que ce véritable travail de titan a donné lieu à une course spectaculaire entre la communauté académique et une entreprise privée de biotechnologie qui se sont affrontées dans une course impitoyable, scientifique, technologique et humaine. Depuis cette révolution génomique, la biologie moléculaire et la génétique ont été révolutionnées de manière profonde. Le génome a changé la manière dont les biologistes abordent les grandes questions moléculaires

Un colloque proposé dans le cadre du cycle de conférences La Culture partagée, un partenariat Amis du Muséum-APBG-DAAC-MUSEUM-CANOPÉ.