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Mémoires du Futur

Une « trois voies » pour le désenclavement économique de la métropole grenobloise !

Publié par Jean Claude Serres, le 15 mars 2016   3k

Lundi 14 mars Le CLUQ et LAHGGLO conviaient les habitants à réfléchir sur les enjeux du passage en métropole, belle initiative de prise de conscience citoyenne. A l’estrade quelques uns des co-auteurs du livre Grenoble, le pari de la Métropole », éditions PUG.

La méthode est classique : présentation du diagnostic pour construire une vision et en déduire les stratégies à mettre en œuvre.

Un diagnostic essentiellement économique à charge fondée sur l’idéologie dépassée du « tout industriel »

A la différence des villes proches en Isère et la grande concurrente Lyon et sa couronne urbaine, Grenoble perd des emplois industriels. Sans industrie point de salut. Sans dés-engorgement du complexe autoroutier, du rondeau et de la voie rapide point d’industrie. Industriels et Financiers fuient le Y saturé. Alors que par ailleurs tout est au beau fixe, la métropole grenobloise une dimension européenne par sa recherche et une dimension régionale par ses attributs régaliens académie scolaire, court d’appel, CHU, etc. Grenoble perd des habitants (migration négative mais natalité positive. Tout va mal vous l’avez compris. A les entendre, il faudrait toujours plus de la même chose.

Deux faits singuliers méritent d’être rapporté, un historique dans les années 80 à propos de l’industrie et un d’actualité à propos de la recherche.

Dans les années 80 Hewlett Packard se lance dans la production mondiale de PC. En trois mois le site est complètement saturé par le flux de matière et les semi remorques. 7 mois après le paysage a changé : La douane entre dans l’usine, des entrepôts de sous-traitance GLD sur Grenoble Sud sortent de terre les flux tendus sont mis en place. Il avait suffit de penser autrement.

Rue du Vercors, dans les montées d’immeuble voisinent des seniors encore en activité ou déjà en retraite, et de jeunes couples avec de jeunes enfants. L’un ou les deux travaillent dans la presqu’ile. Mes voisins de paliers sont de ceux là, lui au CEA et elle au GIN, elle cultive des cellules de souris et travaille sur la problématique des cancers. Tous deux ont du quitter la France pour l’Angleterre afin de poursuivre leurs travaux de recherche. A Grenoble point de salut pour ces deux têtes si bien faites. Elle avait conscience que son métier sous peu disparaîtrait, ordinateurs et robots satisfaisant mieux les protocoles de recherche et à moindre coût.

Une mutation économique scientifique technologique et post industrielle qui reste illisible pour les anciens

Grenoble enclavé dans ses montagnes si belles devrait elle concourir avec les mêmes armes pour survivre à la capitale lyonnaise ? L’une des forces de l’histoire grenobloise est d’avoir réussi de grandes ruptures de développement. Toujours plus de la même chose dans l’agglomération, toujours plus d’industrie. Toujours plus de tourisme industriel dans les grandes stations d’huez et des deux alpes et toujours plus de flux polluant pendant les vacances scolaires. Non sachons penser autrement, ouvrir les yeux et mettre en perspective d’autres chemins.

Ces grandes logiques de concentration conduisent à toujours plus de pollution urbaine et de désertification rurale. 40%¨de la population produit 60% de PIB dans les métropoles et la France périphérique se paupérise dans les ratios inverses. Comme tout cela est désuet !

Il nous faut inventer un modèle économique responsable intégrant les potentialités et contraintes alpines, la version post industrielle du Zermat Suisse. Suivant le modèle du microprocesseur et de la carte mère des ordinateurs, les flux de matière doivent venir à flux tendu dans les centres de traitement via des manutentions électriques et de petits formats dans des voies de circulation adaptées : 2 fois 3 voies sont possibles sur les autoroutes et la rocade sud sans autres investissements que des traits de peinture et une stricte limite de vitesses à 70 km par heure. Restera le rondo à revoir bien sûr.

Rendre l’ensemble des sols ruraux accessibles pour des jeunes désirant développer une agriculture raisonnée. Rendre des centres de recherches davantage valorisables pour mieux financer les recherches et les chercheurs. Savoir être à la hauteur des grandes villes créatives en matière de gestion des ressources humaines. L’économie du partage, l’économie de la profusion et celle de la rareté doivent apprendre à vivre ensemble. Développer les sciences humaines et cognitives pour ne plus miser sur les seules avancées technologiques. Miser sur le développement de petits métiers en rendant la ville plus attractive mix de tourisme scientifique, post industriel et naturel. Faire qu’à la différence d’autres grandes métropoles, l’argent se dépense là où il se gagne.

Grenoble pourrait devenir la capitale de la vie apaisée aux rythmes urbains conformes à l’aspiration de chacun où les enfants puissent rencontrer leurs parents disponibles autrement que le weekend. Se donne-t’on aujourd’hui le droit de rêver à une vie meilleure, à un mieux vivre ensemble dans la diversité des parcours et de nos futurs ?

Une perspective intermédiaire qui méritera tous les soins des élus de la métropole et de son voisinage

Bien sûr un coup de baguette magique ne suffira pas. Je vais revenir sur un seul point celui de l’engorgement routier. Les différents marchés de Grenoble sont bien approvisionnés, en légume frais. Le flux tendu existe déjà. Réduire la taille des véhicules de service existe déjà dans la voirie municipale. Pourquoi les flux de semi remorques ne seraient pas interdits ou soumis à des tarifs excessifs entre et afin de libérer une voie d’autoroute et d’utiliser la nuit pour dispatcher les colis ou faire le transit inter vallée à une vitesse réelle et maximale de 70 km/heure.

Une métropole alpine à deux pas des réserves naturelles, à une longueur de câble de Chamrousse et de St Nizier, avec des routes à péage le weekend, cela s’imagine, se co-construit mais ne s’improvise pas. Cela se mérite. C’est cela la troisième voie, celle du dés-engorgement cognitif des recettes du passé.