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[Appel à contributions ] Revue Féeries, n° 21/2024 : Conclure – Les fins des contes

Publié par UMR Litt&Arts, le 31 mai 2023   720

Date limite d’envoi : 30 juin 2023

« Il était une fois » représente une ouverture à un monde merveilleux, délimitant un espace imaginaire où l’action du conte se déroule, se dénoue, culminant souvent — mais pas toujours — dans un « happily ever after ». Alors que l’incipit nous introduit, en tant que lectrices et lecteurs, dans un monde imaginaire où tout est possible (ou du moins, possible dans les limites des lois de la féerie), les fins des contes se révèlent souvent plus ambiguës.
[…]
Le genre du conte semble présenter des fins positives et attendues, au contraire d’autres genres, comme le roman, auquel Guy Larroux consacre son étude, car il aurait « échappé aux codifications qu’ont pu connaître les autres genres » (p. 12). La diversité des contes remet, partiellement, en cause cette affirmation : nombre d’auteurs semblent jouer avec les attentes des lecteurs en proposant des fins inattendues ou de nouvelles pistes interprétatives sur des fins à premier abord prévisibles (à l’instar de Perrault avec ses moralités). Les fins « positives » ne sont d’ailleurs pas homogènes ; elles prennent des formes différentes et peuvent comporter un potentiel politique radical, notamment en termes de « durabilité collective » (Levine, 2022), bien à l’opposé des stratégies « conservatrices » que l’on associe au genre. Caroline Levine s’interroge ainsi : « et si les fins étaient moins closes et plus liminales que ne les ont comprises les critiques ? » (Levine, 2022 : p. 250).

Les fins des contes méritent ainsi une étude spécifique qui prenne en compte les caractéristiques du genre. On relèvera, par exemple, que le monde de la diégèse ne se referme pas à la fin des contes comme à la fin de certains romans, mais que le lecteur peut le retrouver dans les autres contes du recueil ou dans d’autres recueils. La thèse de Frédérique Chevillot s’applique ainsi à merveille au genre du conte : la fin des textes n’est pas que clôture, c’est aussi une réouverture, vers le texte lui-même et vers d’autres textes et possibilités.

Les contributions pourront par exemple s’inscrire dans les axes suivants :

  • Qu’est-ce que la fin ? Où « commence la fin » (Larroux, 1995 : p. 30) ? Comment l’identifier ? Qu’est-ce que la fin lorsque le conte est intégré dans un récit-cadre ou qu’il contient des moralités ? Est-ce que la fin est matérielle (combien de phrases ou de paragraphes la constituent) ou textuelle (à analyser en termes de structure narrative, par exemple) ? Comment la distinguer d’autres formules comme la clôture, la clausule, l’épilogue, etc. ?
  • Le début et la fin. Comment est-ce que la fin s’articule avec le début et s’intègre dans une structure narrative ?
  • Comment est-ce que les fins peuvent être mises en relation avec la morale des contes ? On peut, par exemple, comparer dans ce sens les fins différentes du « Petit Chaperon rouge » de Perrault et de « Rothkäppchen » des Grimm.
  • Les fins moins conventionnelles : la non-fin (Les mille et une nuits) ; les fins multiples (« Riquet à la houppe », « Le Maître chat ou le chat botté ») ; les fins inattendues ; les fins ouvertes ; etc.
  • La fin et les attentes des lecteurs.
  • Fins heureuses et durabilité. Selon Caroline Levine, les « fins heureuses » peuvent avoir une valeur politique positive dans un monde où règne une instabilité, pour la plupart des gens, qui se manifeste dans la pauvreté, l’instabilité alimentaire et les conséquences du changement climatique (ouragans, inondations, sécheresses, etc.). Dans cette perspective, on peut comprendre une « fin heureuse » en termes de « durabilité collective », prenant la forme d’actions prévisibles et de routine et la fin des actions déstabilisantes et incertaines (p. 259).
  • La fin comme recommencement : au sein du même texte (« La Belle au bois dormant », « Rothkäppchen ») ; continuation par d’autres auteurs (Les contes de Perrault continués par Timothée Trimm) ; ou vers d’autres œuvres.
  • La transformation des fins : rééditions, adaptations, traductions, réécritures.
  • Que disent les fins de la société dans lesquels les contes ont été écrits/lus ? Rôle des genres, place dans la société, etc.
  • Est-ce que la poétique des fins présente des différences en diachronie ?

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Modalités

Les propositions d’articles ainsi qu’une courte notice bio-bibliographique sont à envoyer à Anne Duggan et à Cyrille François avant le 30 juin 2023. Les articles (30 000 signes environ) seront à rendre pour le 1er janvier 2024.