Cent ans après, sur la basse Romanche…

Publié par Association Aphid, le 27 mai 2013   5.8k

Colette Allibert revient sur la visite d'un groupe de l’APHID sur le chantier du projet de centrale hydroélectrique Romanche-Gavet.

Une centrale hydroélectrique unique prendra le relais des six usines construites, entre 1896 et 1914 sur le tronçon de la rivière entre Livet et Gavet, pour alimenter plusieurs installations métallurgiques et papetières.

Le projet Romanche-Gavet en cours de réalisation a pour objectif de produire 560 millions de kWh/an. Avec ses deux turbines Francis, la centrale fournira environ 30% de plus que les six unités d’origine, dont les 26 turbines continuent à pourvoir 405 millions KWh/an, mais dont la réhabilitation aurait été très couteuse.

Un barrage – prise d’eau, en amont de Livet, alimentera, par une galerie d’amenée longue de 9,3 km, la nouvelle centrale, située au niveau de l’usine Ferropem, juste en amont de l’unité de Gavet. L’ensemble s’intègrera discrètement dans le paysage puisque la galerie, comme l’usine, seront souterraines.

Un groupe de l’Aphid est venu découvrir ce chantier de grande ampleur dont la réalisation s’étale sur 5 à 6 ans. A la Maison Romanche Energies, une présentation très pédagogique du projet, de son déroulement et résumé les étapes effectuées depuis 2010 – mise en sécurité du périmètre d’intervention par des ouvriers spécialisés en travaux acrobatiques, aménagement des accès – a préparé les visiteurs à juger de l’avancement des travaux.

Depuis le belvédère de Gavet, nous avons examiné les imposants terrassements de la plateforme qui permet d’accéder aux deux cavernes, creusées à l’explosif. La plus grande abritera les turbines et la seconde les transformateurs de la future centrale. Impressionnante aussi, la paroi à pieux qui rend étanches les bords du lit de la Romanche.

Accès aux cavernes de la future centrale

Les quelques kilomètres de route qui conduisent à l’autre extrémité du chantier donnent déjà la mesure des aménagements du paysage prévus par le projet : reboisement des zones défrichées, remblayées ou aplanies, démantèlement des barrages, chemins le long de la rivière….

Depuis le belvédère de Livet, dans le long secteur où la Romanche a été reléguée dans un chenal provisoire, on imagine le barrage qui maintiendra constante la hauteur de l’eau qui descendra par une douce pente (270 m sur une longueur de 9 km), jusqu’à la centrale au fil de l’eau.

On entrevoit aussi la future entrée de la galerie qui acheminera cette rivière souterraine. ROSALI et LILOROSA (1), deux titanesques tunneliers (210 mètres de longueur pour une puissance de 2100 KW), vont lui frayer un passage dans la montagne qu’ils grignoteront, à raison de 15 à 17 m/jour, pendant une vingtaine de mois. Dans quelques jours, ROSALI et LILOROSA vont se mettre au travail au rythme de 16h par jour, les équipes d’une dizaine de « mineurs du XXIème siècle » qu’ils embarquent se relayant pour extraire au quotidien quelques 250 m3 de roche qui seront acheminés à l’air libre sur de longs tapis roulants. Il restera aux entreprises le soin de tirer le meilleur parti de ces déblais!

Pour quelques années encore, la vallée va être animée par le va-et-vient d’engins routiers qui transportent des matériaux, creusent, tassent, remblaient et de près de 250 personnes qui travaillent sur le chantier. Le barrage devrait être construit d’ici 2014 ; la prise d’eau et la centrale devraient être équipées d’ici 2017.

Les habitants de la commune, régulièrement informés, suivent de près l’évolution du chantier; les visiteurs de l’Aphid aussi ! Ils sont repartis avec des sentiments partagés ; inquiets de la disparition d’équipements-témoins de la naissance de l’hydroélectricité, ils gardent l’espoir de conserver les plus emblématiques dans le décor neuf que plante EDF autour des ouvrages Romanche-Gavet. Ils sont néanmoins impressionnés et très admiratifs devant les travaux réalisés et ceux à accomplir pour finaliser ce grand chantier.

>> Note :

  1. Les noms des tunneliers sont issus d’un travail avec les enfants des écoles de Livet et Gavet et ont été composé à partir des premières syllabes de ROmanche, SArenne et LIgnarre pour ROSALI, LIgnarre, LO(eau d’Olle) ROmanche et LIgnarre pour LILOROSA, c’est pourquoi ils sont écrits en majuscules

>> Pour en savoir plus : découvrir les photos, vidéo et animation proposées par EDF

>> Illustrations : Nicole Valignat (photos), Création d'Images (plan)