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Cycle Space Opera #4 - Les premières lettres du prologue

Publié par Marion Sabourdy, le 3 mars 2018   2k

En 2017 et 2018, le Labo des Histoires Auvergne-Rhône-Alpes propose une saison intitulée "Raconte-moi le futur". Dans ce cadre et parmi d'autres ateliers et événements, le Labo s'est associé à La Casemate pour proposer un cycle "Space Opera", animé par l'auteure de science-fiction Li-Cam. Je vous propose de suivre ce cycle à travers une série d'articles publiés au fil de l'eau (compilés dans ce dossier). Aujourd'hui, les auteurs en herbe ont jeté les premières lettres de leur prologue.

Dès la première minute de cette séance qui s'est tenue au beau milieu de l'exposition 4 Saisons à la Casemate, Li-Cam incite les participants à puiser dans leur culture science-fictive en leur demandant s'ils se souviennent d'un prologue d'histoire de science-fiction. Et vous ? Citez-le en commentaire si vous en connaissez un !

Les participants de l'atelier, installés dans l'exposition 4 Saisons de la Casemate

Au moment d'écrire le leur, nos participants se demandent toujours un peu ce qu'est un prologue : que vont-ils devoir écrire ? Quelle différence avec le reste de l'histoire ? Pour Li-Cam, un prologue doit être indépendant du reste de l’intrigue et de la narration. Il doit raconter une histoire à lui tout seul et être construit comme une nouvelle, avec une fin percutante.

L'exemple principal de cette séance est le prologue du livre Lum’en, de Laurent Genefort (prologue téléchargeable ici) dont voici la présentation de l'éditeur Le Bélial : Imaginez une étoile avoisinant sept dixièmes de masse solaire... Si vous levez les yeux, il se peut que vous aperceviez son éclat blanc-jaune sur la face antérieure du bras spiral d’Orion, à sept mille parsecs du centre galactique. Le système de Grnc.mld1 compte six planètes : cinq telluriques et une gazeuse. De ces six planètes, Garance est la seule qui évolue dans la zone d’habitabilité. Lum’en relate la colonisation de Garance, une planète comme tant d’autres, du moins en apparence… L’histoire de ces femmes, de ces hommes rudes lancés à la conquête d’un monde, le récit des luttes de ces pionniers qui, au fil des générations, vont écrire la plus exceptionnelle des aventures, la plus terrible, aussi, celle de l’ancrage, du développement puis, inéluctable, du déclin d’une colonie dans les confins. L’essence même de la nature humaine, en somme, la quête d’horizons nouveaux. Quitte à rater l’essentiel…

Selon Li-Cam, un bon prologue se cuisine avec quelques ingrédients indispensables :

  • Un focus sur la découverte d'une planète ou la rencontre avec un extraterrestre
  • Une atmosphère merveilleuse, angoissante, mystérieuse ou épique
  • Des éléments narratifs comme un artefact extraterrestre, une base ou une épave spatiale, une avarie ou une panne, de l'espionnage, un personnage fait prisonnier, une fuite ou un SOS...

Avant de démarrer l'écriture, place à la discussion au sujet des précédentes créations des participants. La plupart se sont pour l'instant concentrés sur des courts textes et des nouvelles. L'idée de se lancer sur un roman a de quoi leur déclencher une petite frayeur mais tous semblent ravis de le tenter.

Notre auteure de science-fiction les questionne sur leur méthode pour se mettre dans un bon état d'esprit pour écrire. Ont-ils un petit rituel pour entrer dans l'écriture ? Certains coupent toute possibilité de flâner sur internet, d'autres sortent de chez eux. Li-Cam glisse quelques méthodes de ses confrères : retirer ses chaussures, écouter de la musique...

L'auteure de science-fiction Li-Cam avec Bastien Castellan, directeur du Labo des Histoires Auvergne-Rhône-Alpes

Li-Cam, quant à elle, écrit tous les jours, un minimum de 2h, en parallèle de ses autres activités ; "je peux écrire 10h d'affilée quand j'en ai l'occasion". Selon elle, c'est une discipline nécessaire car si elle devait ne pas le faire pendant plusieurs jours, cela demanderait un effort intellectuel très (trop) fort pour se replonger dans l'histoire.

Après cette discussion, c'est partit pour la séquence création. Environ 40 minutes d'écriture, en silence, entrecoupées de quelques regards jetés sur les cahiers et ordinateurs des voisins. Les participants jettent les bases du prologue de leur histoire de space opera. Le plaisir et la concentration sont là. Chacun s'immerge dans son univers, sur sa planète décrite lors de la deuxième séance. A la fin du cycle, les prologues "finaux" feront 2 à 5 pages (une page faisant 2000 à 2500 signes environ), un petit peu moins qu'un chapitre.

Les Monster Munch, le meilleur allié de l'auteur de science-fiction ;-)

La séance se termine avec des réactions à chaud : "ce n'est clairement pas facile d'écrire", "j'ai bloqué sur la première phrase"... Li-Cam, elle, avoue écrire un peu de poésie pour "s'échauffer" avant d'entrer dans son histoire. Après la lecture de deux prologues, on termine avec une belle citation de notre auteure, qui annonce la couleur pour les prochaines séances : "il y a un côté addictif à créer des univers, des personnages... mais quand on troque sa casquette d’auteur pour celle de critique, il faut être impitoyable sur son écriture !"

>> Crédits photos : John Keogh, Flickr, licence cc