Démocraties sous surveillance : quand la liberté cède le pas à la sécurité.

Publié par Yannick Chatelain, le 20 octobre 2023   450

De la Russie à l’Europe, la surveillance des citoyens s’intensifie. Sous couvert de sécurité, cette évolution marque-t-elle le début d’un glissement des démocraties vers une forme d’autoritarisme ?

CHATELAIN YANNICK Professeur Associé chez GRENOBLE ECOLE DE MANAGEMENT  GEMinsights Content Manager, Chercheur Associé à la chaire DOS.

Si nous constatons que le régime fédéral de Russie – au regard de sa répression de toute forme d’opposition, de sa surveillance de plus en plus étroite de sa population – est de plus en plus souvent considéré par certains observateurs, comme non plus autoritaire, mais totalitaire –  ces constats devraient faire réfléchir les citoyens des pays aujourd’hui démocratiques qui, certes pas à la même échelle, multiplient les outils de surveillance des citoyens.

Si le pas entre régime autoritaire et totalitaire peut être franchi, celui d’un régime démocratique vers un régime autoritaire est possible : « Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne » (arx Tarpeia Capitoli proxima) ! En matière de surveillance accrue d’Internet à des fins louables, comme d’autres observateurs, j’ai pu évoquer les possibles dérives et les inquiétudes soulevées par le récent règlement européen sur les services numériques (DSA), un règlement visant une responsabilisation des plateformes.

Ainsi, le 10 juillet 2023, le commissaire européen Thierry Breton, évoquant la mise en place du DSA et s’appuyant sur les émeutes qui se sont déroulées en France, évoquait de possibles coupures des réseaux sociaux, notamment en cas « d’appel à la révolte », une déclaration qui avait suscité l’émoi d’ONG. Dans une lettre ouverte en date du 26 juillet 2023, 67 d’entre elles avaient demandé au commissaire de publier un démenti.

Ce dernier a alors déclaré :

« Une telle mesure ne pourra, en effet, être décidée qu’après une (très) longue procédure, et seulement en dernier recours, pour les cas les plus extrêmes ».

Je ne sais si l’on peut parler de clarification… Monsieur Breton a également assuré sur FranceInfo, le 25 août 2023, jour d’entrée en vigueur du Digital Services Act, que ce dernier est « tout sauf le ministère de la censure ».

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