Des maths en cartes

Publié par Larissa Caudwell, le 30 septembre 2014   4.7k

Apprendre ses tables de mutliplication ? Rien de plus simple ! Nathalie Vuillod, professeur des écoles, réconcilie les enfants avec les mathématiques, grâce à son jeu Piktomôme. A retrouver à la Fête de la science, samedi 4 octobre.

Professeur des écoles, aujourd’hui en reconversion dans la médiation scientifique, Nathalie Vuillod aime transmettre le plaisir d’apprendre [ndlr : nous l'avions déjà rencontré pour la sortie de son livre - voir "Roméo & Juliette, nanohéros au cœur tendre"]. Pour ses élèves, les tables de multiplication se sont transformées en un jeu de cartes, nommé Piktomôme. Elle nous fait part de ses expériences sur la transmission des connaissances par le jeu et l’apprentissage participatif.

« L’apprentissage des tables de multiplication est toujours fastidieux »

Initialement ingénieure en matériaux, docteur en génie électrique, Nathalie Vuillod s’est finalement tournée vers l’enseignement en école primaire. « Du fait de mon parcours scientifique, j’aime beaucoup enseigner les maths. Mais s’il y a bien quelque chose de fastidieux, c’est l’apprentissage des tables de multiplication, aussi bien pour les enfants que pour les parents ou les enseignants. ». Ce constat pousse l’enseignante à sortir des sentiers battus. « Ce n’est pas tout de suite devenu un jeu de carte, ça a été progressif. Nous avons commencé par le crible d’Erasthotène. » Ce crible permet de déterminer les nombres premiers (nombres divisibles seulement par 1 et eux-mêmes), en procédant par élimination des multiples de 2, puis de 3, de 5… comme illustré ci-dessous. Avec ce jeu, les enfants apprennent à décomposer les nombres en facteur premiers. Par exemple, 9 peut être décomposé en 3x3, 12 en 3x2x2, 18 en 3x3x2. Et en associant une couleur à chaque nombre premier (par exemple, bleu pour 2, jaune pour 3, etc…) Nathalie Vuillod réalise que les nombres peuvent avoir une représentation purement visuelle. 12 est alors représenté par une case jaune et deux cases bleues.

Crible d'Erastothène

Parallèlement, l’enseignante prend conscience de la mémoire visuelle dont font preuve les enfants dans les jeux, en particulier les jeux de cartes à collectionner : « Ils associent à un visuel un nom, un nombre de points de vie, tout un tas de détails… » Ainsi, en plaçant la représentation visuelle des nombres dans un jeu de cartes, elle crée Piktomôme.

Une autre vision des nombres

En plus de permettre un apprentissage plus plaisant, le jeu Piktomôme donne accès à une autre vision des nombres. Dans la vie de tous les jours, nous utilisons les nombres sous leur forme décimale. En effet 28 est en fait 2x10 + 8x1. Avec le jeu de cartes, les enfants verront 28 aussi par sa décomposition en facteurs premiers 7x2x2, ce qui permet d’apprendre plus vite d’autres notions, comme les dénominateurs communs (facteurs communs entre deux nombres), et la factorisation.

Pour Nathalie Vuillod, ce jeu est aussi une occasion de transmettre son amour des maths. « Les gens qui n’aiment pas les maths ne voient pas ce côté ludique des nombres ». Mais ludique ne signifie pas facile ! « En suscitant l’intérêt des enfants, on leur donne le goût du travail. Ils savent que leurs efforts valent le coup. Même les étudiants disent qu’avoir une vue pratique de leur cours peut le rendre plus intéressant. Ce qui compte c’est le plaisir d’apprendre. »

De la suite dans les idées

Lors de la présentation de Piktomôme au Forum des Projets [ndlr : voir le livret de l'événement], le jeu a suscité un vif intérêt. Il pourrait en effet répondre à un fort besoin des parents et des enseignants. Et des idées, notre ingénieuse enseignante en a plein dans son sac : un jeu de l'oie pour apprendre la grammaire, la réalisation avec ses élèves d'un "C'est pas sorcier" sur l'orthographe...

Mais son goût de la recherche donne aussi à Nathalie Vuillod l’envie de sortir de sa classe pour partager ses expériences avec d’autres. Cette année, elle a choisi de consacrer une partie de son temps à divers projets de médiation scientifique. Elle souhaite collaborer avec des chercheurs en didactique ou en pédagogie, et réfléchir à la transmission des savoirs. L’enseignante est très intéressée par l’impact possible du jeu Piktomôme dans l’apprentissage des enfants et souhaite mener différents expérimentations avec l’aide d’autres collègues enseignants. Elle a aussi sollicité l’aide de graphistes en vue d’une éventuelle diffusion de ce jeu.

>> Pour plus d’informations, vous pouvez contacter Nathalie Vuillod à l’adresse piktomome@gmail.com ou la retrouver directement à la Fête de la science samedi 4 octobre à EVE pour une initiation à Piktomôme !