Grenoble : un centre-ville réduit à sa fonction marchande ?

Publié par David Gabriel, le 30 juin 2016   3.3k

Ci-dessous une première lecture critique des propositions concernant le centre ville dans la nouvelle politique urbaine de Grenoble énoncée dans le Plan d'Aménagement et de développement durable (PADD). L'objectif de ce premier texte est de susciter un débat : n'hésitez pas à formuler d'autres critiques du document ou d'autres propositions en envoyant un émail à : asso.planning(a)gresille.org

La première orientation de la seconde partie du PADD porte sur le projet d’agrandissement du centre ville. Cette proposition s'inscrit clairement dans la continuité de la politique urbaine précédente intitulée « cœur de ville, cœur d'agglo ». Il est vrai que le travail initial porté par Alexandre Chemetoff a fait ses preuves - notamment avec la petite transformation du parc Paul Mistral. Mais cette politique urbaine comporte également des ambiguïtés à relever. Les grandes lignes du document semblent en effet réduire le centre-ville à sa fonction marchande ou touristique. On y affirme surtout vouloir soutenir « le commerce » et « conforter le centre-ville élargi ». A aucun moment, le document ne fixe comme objectif la lutte contre la gentrification du centre ville et la marchandisation du centre ville. L'affrontement entre les classes sociales pour l'appropriation du centre est passé sous silence.

Nous sommes évidemment favorables aux extensions piétonnes, aux aménagements pour les vélos ou à la valorisation du patrimoine historique ou naturel. Mais on regrette l'absence de position ferme face au processus de marchandisation. La nouvelle municipalité de gauche, écologiste et citoyenne a-t-elle cédé à la campagne d'affichage menée par une partie des commerçants au cours de l'automne 2015 ? Les élus ont-ils oublié les prises de position répétées de certains commerçants de l'avenue Alsace-Lorraine contre les jeunes, les personnes sans logements, les Roms ou les travailleuses du sexe ? Les élus ne semblent pas mesurer les conséquences d'une politique de soutien à la fonction marchande du centre-ville. L'un d'entre eux a même affirmé, en réunion publique, vouloir transformer le quartier Championnet en un « Petit Marais »... Ce quartier parisien est pourtant un cas d'école des processus de gentrification !

L'ancrage à gauche du nouveau pouvoir municipal est une occasion unique pour infléchir la marchandisation du centre ville de Grenoble, qui n'est pas à vendre ! Le centre ville est un bien commun où s'exprime une pluralité d'usages quotidiens qui doivent être respectés et préservés. De fait, le PADD devrait se fixer comme objectif de conforter des usages du centre-ville autre que marchand – pensons aux formes d'expression politique à Felix Poulat ou au Jardin de Ville - ou favoriser la présence de la culture dans l'espace public. Il s'agit également de conforter les rares rues qui restent populaires dans la continuité des politiques de rénovation de l'équipe Dubedout à Très Cloîtres, qui ont tout de même produit des effets encore perceptibles aujourd'hui. Enfin, St Bruno est un espace métropolitain de première importance pour les classes populaires, qui devrait être reconnu en tant que tel et bénéficier d'aménagements demandés par les habitants.

Consulter le document de la ville (PADD) : http://www.calameo.com/read/004190376e7d7feb44a10

Critique des autres axes du document : http://assoplanning.org/?q=node/95