Le jardin du Couvent Sainte Cécile, un lieu chargé d’histoire

Publié par Audrey Le Borgne, le 18 décembre 2023   390

Situé en plein cœur de Grenoble, le jardin du Couvent Sainte-Cécile porte bien son nom puisqu’il voit le jour le 22 novembre 1624, le jour de célébration de Ste Cécile. Durant près de trois siècles, le couvent Ste Cécile s’agrandit et s’embellit, accueillant la communauté religieuse des bernardines de Grenoble.


C’est lors de la révolution française que le couvent change de fonction pour la première fois. En 1791, le lieu est réquisitionné par l'armée pour être transformé en caserne, les modifications apportées aux bâtiments ont alors été nombreuses. Puis, à partir de 1925, la chapelle du couvent est convertie en salle de cinéma, Le Rio. À la suite de la Seconde Guerre mondiale, l’ancien couvent devient un bar dancing, malicieusement renommé L’enfer. Dans les années 70, l’ancien lieu de prière devient un théâtre et reprend le nom Rio. Il perdure jusque dans les années 2000.

En 2004, Jacques Glénat, le fondateur des éditions Glénat, cherchait une place où installer son siège social. Il est alors charmé par l’architecture ancienne et l’histoire riche de ce lieu. Après quatre années de travaux, le site recouvre son charme du XVIIe siècle. En 2008 les premiers employés s'installent dans leurs nouveaux bureaux, qui ont retrouvé une part de leur attrait originel, avec une touche des éditions Glénat qui est venue s’ajouter. Un an plus tard, c’est au public de visiter à nouveau ce lieu chargé d’histoire.

Les visiteurs attentifs pourront apercevoir une sculpture de leur célèbre personnage Titeuf à l’entrée de l’ancienne chapelle, ou des références aux métiers de l’imprimerie sur les vitraux refaits à neuf. Aujourd'hui, l’ancien couvent abrite les collections du Fonds Glénat, dont des gravures de Rembrandt présentées dans une exposition ouverte aux visites.


Le jardin du couvent Sainte-Cécile, construit en même temps que le couvent lui-même, a suivi l’histoire du lieu. Transformé en parking par l’armée après sa réquisition du site, il sera rénové une première fois en suivant la théorie des humeurs. Une théorie datant du Moyen-âge qui considère que le corps est constitué de 4 humeurs : le sang, le flegme, la bile jaune et la bile noire. Le jardin est alors découpé en 4 parties.

En 2022, le pharmacien, botaniste et professeur, Serge Krivobok, découvre les lieux et entre en contact avec Aurélie Perret, la chargée des collections et des expositions du Fonds Glénat. Ensemble, ils décident de reprendre la structure du jardin, pour lui rendre une allure plus proche de celle qu’il avait du temps des sœurs religieuses. Les deux passionné.es se réfèrent au livre de Pierre Jean Baptiste Chomel, un contemporain des premières sœurs du couvent Ste Cécile. 

Ils vont également travailler avec un architecte paysagiste, spécialiste des formations de Versailles et des jardins anciens tout en ajoutant une touche de modernité. Au bout de leurs recherches, ils prennent la décision de donner au jardin un découpage en 3 parties : médicinale, ornementale et vivrière.

Afin d’organiser le jardin, il a fallu sélectionner les plantes, choisir une organisation pour le jardin et définir l’offre de médiation. Toujours dans un esprit de conservation historique, le choix des plantations s’est porté sur des plantes endémiques de la région, ou d’autres que l’on pouvait déjà trouver dans les environs de Grenoble quatre siècles en arrière. L'agencement du jardin a également nécessité de gros travaux d’aménagement. Travaux auxquels ont participé des lycéens du lycée horticole de Saint-Ismier. Ils ont pu travailler sur la préparation du chantier et la réflexion qui va avec, ainsi qu’à certaines étapes de l’aménagement du jardin.


Pour ce qui est de la médiation, afin de ne pas aller à l'encontre de l'harmonie du jardin, il a été décidé d’identifier les plantes par leur nom ancien et de proposer davantage d’informations par le scan d’un QR code. Le lien amène sur le site du couvent, où le visiteur peut poursuivre sa découverte grâce aux informations triées sur le volet et rédigées par Serge Krivobok. Il y partage les utilisations passées et actuelles, qu’elles soient médicinales ou culinaires, tout en précisant les précautions à prendre. Attention notamment à ne pas confondre certaines plantes, au risque de finir avec des crampes d’estomac (ou bien pire) ! Des visites guidées par Serge Krivobok sont proposées pour les plus curieux ou passionnés qui souhaitent pousser la découverte encore plus loin. 

La réflexion se poursuit au sein du Fonds Glénat pour améliorer l’expérience visiteurs. Des nouveautés sont attendues pour les prochaines années. 

Article rédigé par Audrey Le Borgne, Louna Briand

et Leila Dufresne, étudiantes en Master 1 CCST