Mael Cardiet, du space opera à la matière noire

Publié par Labo des histoires Auvergne-Rhône-Alpes, le 4 décembre 2018   1.9k

La matière noire, objet scientifique fascinant et encore plein de mystères, a eu droit à son propre concours de nouvelles, aux confins de la science, de la poésie et de la fiction.

Le 31 octobre dernier au Museum de Grenoble, les lauréats du concours ont été dévoilés lors d’une journée thématique, et c’est Mael Cardiet, qui a fréquenté les ateliers d’écriture du Labo des histoires Auvergne-Rhône-Alpes, qui a remporté le premier prix !

Au-delà de saluer cette belle réussite, le Labo des histoires Auvergne-Rhône-Alpes a saisi l’occasion de faire un portrait de cet apprenti écrivain qui a su si bien mêler la rigueur de l’astrophysicien et la licence poétique dans son texte La danse de la matière.

Ingénieur diplômé (Rennes), Mael a commencé une thèse en astrophysique sur la sonde Rosetta et les études qu’elle permet sur les comètes, avant d’entrer dans la vie active (il est actuellement en mission auprès d’une entreprise qui fabrique des simulateurs pour les conducteurs de trains, à Grenoble).

Gros lecteur à l’adolescence, il considère le Seigneur des Anneaux comme le livre qui l’aura le plus marqué, trahissant peut-être déjà une attirance toute particulière pour les univers imaginaires et cohérents. Délaissant petit à petit la lecture pour des loisirs tout aussi chronophages (Mael a été un joueur très assidu du jeu vidéo StarCraft II), c’est le médium vidéoludique qui va le pousser à écrire ses propres dialogues et histoires en compagnie de ses amis sur le jeu de stratégie multijoueur et textuel Les Chroniques de Galactica. Un vaste univers, avec des histoires écrites par les joueurs, et la nécessité d’incarner un rôle et d’écrire soi-même les dialogues, le poussent à exercer ses premiers talents d’écrivain.

C’est lors de la Masterclass des vidéastes de Nexus VI, invités par le Labo des histoires en octobre 2017 à la Casemate, que Mael a eu connaissance d’un mystérieux cycle Space Opera. « Je ne connaissais pas Li-Cam, je me suis inscrit sans savoir mais je ne pouvais pas rater ça ! » nous confie-t-il.

La série d’ateliers menés par Li-Cam, toujours à la Casemate, lui a permis de rencontrer une autrice, de se familiariser avec le processus d’écriture et surtout de découvrir qu’écrire de la science-fiction, ce n’est pas seulement raconter une histoire mais devoir « développer un univers cohérent, avec des règles précises qu’il faut garder d’un bout à l’autre du récit », selon ses mots.


Ecrire de la science-fiction, ce n’est pas seulement raconter une histoire mais devoir  développer un univers cohérent, avec des règles précises qu’il faut garder d’un bout à l’autre du récit


Son goût pour les premiers contacts avec une nouvelle civilisation (incarné par le film Premier Contact, de Denis Villeneuve), aiguille Mael dans l’écriture du prologue de son histoire, de la naissance d’une étoile, d’un système, à la première rencontre avec une forme de vie. Cette histoire, Mael la poursuit encore patiemment, chapitre par chapitre…

A l’annonce du concours de nouvelles du Dark Matter Day (auquel il n’aurait pas postulé sans les ateliers d’écriture, selon ses dires), le défi est important : comment mêler théories scientifiques et littératures ? Doit-on sacrifier le récit au profit de la justesse scientifique, ou l’inverse ? A ces questions inquiétantes pour un jeune auteur, Mael répond dans sa nouvelle La Danse de la matière : la matière se fait fluide, le vocabulaire embrasse le champ lexical de la danse, de la rencontre (à nouveau) entre matière ordinaire et matière noire, entre Elle et Lui.

Pari réussi, en mêlant poésie en prose et sciences de l’univers, Mael a donc obtenu le premier prix du concours, présidé par un jury d’experts scientifiques et littéraires. En récompense, une majestueuse sculpture en chocolat sur laquelle sont imprimées les premières phrases de sa nouvelle.

Des quelques chips grignotées en atelier d’écriture à un tel monument chocolatier, le jeu de l’écriture en valait clairement la chandelle.