Plongez au coeur de Chamrousse

Publié par Garance Demarquest, le 25 septembre 2023   1k

Du 11 au 14 septembre, nous, les étudiants du Master de communication scientifique (CCST), sommes partis à Chamrousse pour observer serpentinite, fulgurite et impacts de foudre avec les chercheurs de l’institut des sciences de la Terre (ISTerre). L’ISTerre est un institut de géologie dont l’objectif est l’étude physique et chimique de la planète Terre. L'une de ses équipes étudie le territoire de Chamrousse. En effet, peu le savent, mais Chamrousse est une curiosité géologique puisque c’est une ophiolite, c'est-à-dire qu’une partie de la lithosphère océanique se retrouve au-dessus de la croûte continentale. Nous avions pour objectifs d'imaginer, prototyper et scénariser des dispositifs afin d’initier un public familial novice à la curiosité géologique du site.

Nous avons été répartis aléatoirement en équipe pour travailler sur ce projet. Notre équipe de choc, auto-nommée “1,2, trop”, est composée de (de gauche à droite) Mathilde Cazeaux, Garance Demarquest, Yulia Potié, Valentin Solère et Maya Delimotte.

Constituer ces équipes a été le premier pas du Design Thinking, une méthode présentée par notre enseignante Laura Schlenker le S pour ce projet. Cette méthode de travail en 5 étapes permet de passer de l’idée au prototype rapidement en se basant sur une compréhension approfondie des besoins des différents acteurs. En effet, nous n’avions que 3 jours et demi pour comprendre la problématique, se saisir de ses enjeux, et présenter les objectifs fixés sous forme d’un prototype de dispositif de vulgarisation.

Étape 1 : Comprendre

Pour expliquer une information, il faut d’abord la comprendre. Alors, première étape : rencontrer les chercheurs à la maison du patrimoine et de l’environnement de la commune de Chamrousse. Durant la matinée du lundi, ils nous ont présenté leurs sujets de recherche liés au site, allant du travail sur les fulgurites, à la compréhension plus profonde de l’histoire géologique du site et les roches que l’on pouvait observer.

Mais qu’y a-t-il de mieux pour comprendre la géologie et le métier de géologue que de les voir sur le terrain ? Après un petit sandwich, direction la montagne pour une petite randonnée afin d’observer strates, roches et chemins de terre. Une très bonne opportunité pour prendre connaissance des dispositifs déjà existants, ainsi que des endroits où nous pourrions imaginer les notre. En haut du col de la Botte, les géologues nous ont donné plus d’explications et nous ont montré les roches dont ils nous avaient parlé le matin même, à savoir, les gabbros et la serpentine. Avant de redescendre, nous avons croisé des randonneurs, ce qui nous a permis d’en apprendre davantage sur les besoins et les envies du public concernant la géologie de Chamrousse. 



Étape 2 : Définir

Une fois les grandes lignes de la spécificité géologique de Chamrousse et des travaux de recherches des chercheurs de l’ISTerre intégrées, il est temps de définir ce que nous souhaitons apporter comme dispositif de vulgarisation : à qui nous voulons le présenter et quelles informations nous voulons transmettre au public cible. C’est l’heure des tableaux Excel, des innombrables questions techniques aux commanditaires et des fiches persona. D’abord, il faut se demander à qui le dispositif s'adresse-t-il ? Ici, on veut avant tout parler à un public familial, qui n'a pas ou très peu de connaissances en géologie. Maintenant que le public cible est défini, nous pouvons commencer à répondre à notre problématique commune : Comment initier le public familial novice à la curiosité géologique de Chamrousse au travers du travail des géologues du projet MOCCA ?

Étape 3 : Idéation

C’est à la troisième étape que la créativité de chacun peut s’exprimer. On commence par quelques exercices de théâtre et d’improvisation pour nous échauffer et éveiller notre créativité. Nous avons tous collaboré activement et réfléchi de manière collective afin que chaque groupe ait un dispositif différent pour répondre  à la problématique. Pour ce faire, chaque étudiant a contribué en écrivant plusieurs idées sur des post-it, créant un océan de post-it, étalé sur le sol.

Les post-it avec des idées similaires ont été rassemblés et chacun a pu voter pour deux d’entre eux, un vote de cœur et un vote de raison (l’idée préférée et celle semblant la plus réalisable). Les quatre post-it avec le plus de votes sont devenus les thèmes principaux, notre groupe a alors choisi le thème : “Chamrousse comme fond océanique”. 

À partir de ce thème général, nous avons longuement discuté pour distinguer les dispositifs possibles. Nous nous sommes mis d’accord pour un sujet art-science, puis nous avons fait quelques recherches afin de se forger une connaissance collective des productions déjà existantes sur cette thématique. Cela nous a permis d’imaginer et soumettre à proposition nos idées de dispositifs que nous avons ensuite retravaillé pour qu’elles soient cohérentes les unes avec les autres. 

Étape 4 : Prototypage

Alors à quoi cela ressemblera-t-il ? Nous avons imaginé différents dispositifs artistiques entre Chamrousse 1650 et La Croix de Chamrousse (Panoramik Park - Passerelle Himalayenne), ceux-ci mettant en avant les découvertes géologiques alentour. Pour nous, l’objectif était de jouer sur le sensationnel et l’immersif à grande échelle en faisant se confronter les publics au terrain de recherche des géologues via une approche artistique. À Chamrousse 1650, seraient organisées des sessions de mapping. Il s’agit de spectacles lumineux sur un pan de la montagne qui montreraient l’origine océanique des roches de la montagne. Deux cabines floquées, déguisées en sous-marins, alternent entre la montée et la descente, permettraient de se rendre à la Croix de Chamrousse, dans un dispositif immersif sur l’histoire océanique passée du site. Une fois monté à 2250m, le dispositif se poursuivrait en dessous de la passerelle himalayenne inaugurée cet été. Il prendrait cette fois-ci la forme d’une grande œuvre de land art, observable depuis les 25m de hauteur qu’offre celle-ci. Avec ces différents dispositifs, nous avions pour objectif de diffuser les curiosités géologiques de Chamrousse en attirant le regard sur des dispositifs insolites qui viennent dévoiler des informations auxquelles le public ne s'attend pas forcément. 

Étape 5 : test 

La mise en place du prototypage nous a amené à réfléchir de façon globale et programmée aux dispositifs que nous proposons. Pour celà, nous avons imaginé un rétroplanning permettant d’anticiper les différents temps nécessaires à leurs mises en place, de la publication d’un appel à candidature, à la clôture du projet. Une budgétisation a également été réalisée ainsi que l’affiche pour le lancement de la saison estivale 2025 afin de crédibiliser notre proposition. Pour expliquer le dispositif art-science, une signalétique à l’entrée de la pancarte invite à scanner un QR-code renvoyant à un site internet. Sur ce site que nous avons réalisé, l'artiste et son œuvre y sont présentés, ainsi que la particularité géologique auquel ils se réfèrent. La signalétique et le site internet invite également à participer à un creativity challenge, ce qui sera également un moyen de quantifier le nombre de personnes utilisant le dispositif.  Voici ci-dessous les visuels de nos travaux :

Nous nous sommes mis à la place des usagers de notre dispositif, ce qui nous a amené à le présenter de façon narrative aux différents partenaires du projet lors de la phase de test. Un employé et le directeur de l'office du tourisme étaient présents, le directeur général des services de Chamrousse, ainsi que 3 chercheurs de l’ISTerre. Pour cette narration nous avons imaginé une famille grenobloise découvrant l'événement par son affiche, puis se rendant à Chamrousse en week-end pour profiter de la soirée de mapping ainsi que du reste du dispositif art-science en journée. Notre présentation se terminant avec la découverte du site internet et la participation au creativity challenge.

Un article par Mathilde Cazeaux, Garance Demarquest, Yulia Potié, Valentin Solère et Maya Delimotte.