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Le Master CCST

Quel temps fait-il en Antarctique ?

Publié par Alizée Marot, le 26 octobre 2018   1.6k

À l'occasion de la fête de la science, une exposition photo a été installée à la Bibliothèque Universitaire Joseph Fourier (sur le campus de Saint-Martin-d'Hères) illustrant le projet de recherche APRES3 (Antarctique Precipitation, Remote Sensing, from Surface and Space).


Retour sur cette exposition qui nous permet de découvrir l'environnement unique de l'Antarctique et les recherches qui y sont menées.


Le projet APRES3 :

Le programme de recherche APRES3 est mené par l'Institut des Géosciences de l'Environnement (IGE) et vise à étudier l'évolution de la calotte glaciaire dans le but de prédire son impact potentiel sur la hausse du niveau des mers.

3 campagnes d'été ont été effectuées par les scientifiques sur le site de Dumont D'Urville, une base française située en terre Adélie en Antarctique où des photos ont été prises afin de présenter leur travail mais aussi de découvrir l'environnement extraordinaire qu'ils étudient.

Le projet APRES3 utilise des méthodes de télédétection radar et de modélisation météorologique pour mesurer les précipitations en Antarctique qui forment la calotte glaciaire.

Comment se forme une calotte glaciaire ?

Une calotte glaciaire se forme pendant des milliers d'année grâce à la neige accumulée qui, lorsqu'elle se tasse peu à peu, se transforme en glace.

Les calottes glaciaires paraissent immobiles mais sont en réalité en mouvement : en Antarctique, le glacier s'écoule du centre de la calotte vers les côtes. C'est ce qui permet une régulation de la glace présente car si aucune perte de glace n'était présente, la calotte grandirait indéfiniment dû aux précipitations de neige continuelles.

Les glaciers se jettent donc dans la mer sous forme de langues glaciaires au bout desquelles des morceaux de glace se détachent pour finir par dériver dans la mer : les icebergs.


Météo-France


Pour savoir si la calotte est à l'équilibre ou si elle perd ou gagne du volume, il faudrait pouvoir mesurer ces pertes de glace dues aux icebergs ainsi que les gains de glace dues aux précipitations. Mais comment mesurer les précipitations en Antarctique ?

Quand les pluviomètres ne sont pas suffisant :

Pour mesurer la quantité de précipitation, on utilise la plupart du temps des pluviomètres, récipient dans lequel on peut mesurer le niveau d'eau ou de neige après une précipitation.

Cependant, en Antarctique, l'utilisation de ces instruments n'est parfois pas suffisante… Pourquoi ?

C'est à cause du vent catabatique, un phénomène météorologique caractéristique de l'Antarctique. C'est un vent pouvant atteindre des vitesses de 250 km/h qui se forme au sommet de la calotte glaciaire de l'Antarctique.

À cet endroit, l'atmosphère est très froid et donc plus lourd, ce qui va provoquer le glissement de ces masses d'air froides le long de la calotte jusqu'aux côtes.

Lors de ce glissement, ces masses d'air accélèrent et atteignent des vitesses très élevée en arrivant au niveau des côtes.

C'est ce vent catabatique qui va souffler sur la neige déposée lors des précipitations et la projeter à plusieurs mètres de hauteur !

Cette neige projetée peut donc se déposer sur les pluviomètres et fausser les mesures puisqu'elle ne vient pas directement des précipitations.

De nouvelles techniques de mesure :

Pour faire face à cet inconvénient, de nouvelles techniques de mesure ont été établies comme les radars, permettant de faire des mesures depuis le sol, ou des satellites, permettant cette fois l'observation et la mesure depuis l'espace.

Dans le programme APRES3, des mesures radars associées à des mesures satellitaires sont utilisées pour obtenir des estimations les plus précis et fiables possible.

Les satellites permettent de rendre compte des précipitations en Antarctique grâce à l'observation des nuages.


Cloudsat


Les radars permettent la détection des flocons de neige qui tombent sur le sol et visent des altitudes élevées pour que la neige projetée par le vent catabatique ne soit pas mesurée par erreur.

L'évolution de la calotte glaciaire :

Ces mesures vont aider les scientifiques d'une part à en savoir plus sur le fonctionnement de la calotte glaciaire et des phénomènes qui ont lieu en Antarctique, et d'autre part à évaluer le rôle de la calotte sur la hausse du niveau de la mer.

Ils pourront par la suite faire des prédictions concernant cette hausse et réfléchir à des solutions pour la limiter.

Dans le contexte de changement climatique actuel, l'étude des pôles est indispensable et urgente étant donné l'impact majeur du réchauffement de la planète sur ces environnements atypiques et fragiles.

Le programme éducatif Ondes et flocons :

Le programme APRES3 a également développé un volet éducatif avec une interface web accessible à tous permettant de découvrir les recherches en Antarctique et les phénomènes météorologiques qui y sont présent.

Ce programme est disponible ici : https://apres3.osug.fr/spip.ph...


Cette exposition à lieu jusqu'au 8 Novembre, n'hésitez pas à y faire un tour pour découvrir le lieu de travail extraordinaire des chercheurs aillant participé à ce programme.