Transmette les sciences au public scolaire : exemple d'un stand à la fête de la Science 2018

Publié par Marie Frécon, le 6 novembre 2018   1.4k

La fête de la Science 2018, qui se tenait le mois dernier dans les villes de France, a été l’occasion pour de nombreux scientifiques d’exposer leurs thématiques de recherche aux publics intrigués venus spécialement pour cette occasion. L’édition grenobloise avait lieu, entre autres, au village des Sciences installé sur le campus universitaire de St Martin d’Hères.

Au milieu de la chimie, de la robotique ou encore de l’observation du soleil, des chercheurs du laboratoire de Psychologie et Neurocognition (LPNC) présentaient pour les classes de primaire, un stand intitulé « Du cerveau à la main : Dynamisme du traitement de l’information ». Cette unité de recherche étudie les grandes fonctions cognitives en combinant les sciences de la vie, les sciences humaines et sociales et les sciences de l’ingénieur.


Dans leur stand, les chercheurs ont d’abord introduit la notion de psychologie aux enfants assis par terre et la façon dont ils l’étudient dans un laboratoire. Le cerveau, la partie du corps qui permet de voir, d’entendre, de se déplacer, de parler, de vivre en fait. Et la psychologie, une science qui étudie le cerveau pour faire simple. Certaines actions sont lentes et d’autres beaucoup plus rapides. Mais entre les deux, il faut d’abord apprendre le mouvement. C’est le constat que les élèves ont expérimenté dans la suite de l’atelier.

Il peut être complexe d’expliquer le principe d’expérimentation, l’un des fondements de la méthode scientifique, auprès d’un public jeune. Et pourtant, c’est d’une manière toute simple que les scientifiques ont réparti  les enfants par groupe de deux pour leur faire réaliser des expériences, l’un prenant le rôle du scientifique et l’autre le rôle de l’observé.

La première expérience consistait à appréhender la vitesse à laquelle on attrape un objet avec la main. En testant deux conditions expérimentales, l’une où l’observé lâchait la règle d’une main et la rattrapait de l’autre, et la deuxième où c’était au scientifique de lâcher la règle et à l’observé de la rattraper. Les résultats de l’expérience, répétée 4 fois, étaient rapportés dans un tableau qui a  permis aux enfants de conclure que le mouvement est plus rapide en testant la première condition expérimentale. Ceci parce que le cerveau effectue moins d’étapes ; dans la deuxième condition, il y a l’étape supplémentaire de voir quand le « scientifique » lâche la règle avant de l’attraper. Les enfants reconstituaient par la suite les étapes que le cerveau fait lorsque nous devons attraper et rattraper un objet, en replaçant des vignettes dans le bon ordre pour les deux conditions expérimentales.

 

Dans la suite du stand, tout en continuant sur le même modèle « scientifique » et « observé », les enfants étaient invités à tester leurs réflexes, mais aussi à les inhiber, tache beaucoup moins facile qu’il n’y parait, notamment en testant l’effet Stroop. Découvert en 1932, il consiste à nommer la couleur (tâche principale) dans laquelle est écrit un mot, mais le mot désigne une couleur qui n'est pas forcément celle de l'impression. Par exemple, le mot « vert » peut être écrit en bleu. En neuroscience, cet effet désigne une interférence entre une tâche principale et un autre processus cognitif interférent. Une personne sachant lire aura un temps de réaction beaucoup plus lent, car il lit automatiquement le mot. C’est ce que les enfants ont conclu en regardant leur résultat. 

 

Au-delà de l’aspect scientifique et de l’aspect ludique du stand, la réussite de cet atelier était de transmettre aux enfants quelques grands principes de la méthode scientifiques comme l’expérimentation, la variabilité ou la déduction à partir de résultats. Et de donner un aperçu, même sommaire, de la manière dont les connaissances scientifiques se construisent chaque jour.