Face au stress, les poissons respecteraient les distances sociales – contrairement aux humains… Une équipe de scientifiques grenoblois a constaté qu’un banc de poisson se positionnait en file d’attente face à un goulot d’étranglement, attendant son tour pour y pénétrer.

S’inspirer des poissons pourrait-il nous aider à gérer les foules humaines ? Une équipe de physiciens et de biophysiciens de l’université de Grenoble a observé que, malgré une situation stressante, les poissons tétra néons ne s’agglutinaient pas vers la sortie en se collant les uns contre les autres. À la place, ils se positionnerait naturellement en file d’attente, sur deux dimensions, gardant toujours une certaine distance entre chaque individu. On ne pourrait pas en dire autant pour les humains : les usagers quotidiens de transports en commun le confirmeront sans peine. Il semblerait même que tous les animaux sociaux ou grégaires (vivant en troupeaux) auraient tendance à s’entasser lorsqu’ils sont pris en étau entre une potentielle menace et un obstacle.  

“C’est à partir d’une volonté de contradiction qu’est née cette étude : prendre le constat a priori universel postulant que “le vivant provoque des bouchons”, et prouver le contraire” explique Aurélie Dupont, co-autrice de l’étude et chercheuse au Laboratoire interdisciplinaire de physique (LiPhy), rattaché au CNRS à Grenoble. Cette initiative fait suite à la thèse d’Edouardo Al Alam, menée également au LiPhy, qui proposait de modéliser des mouvements de foule à partir du comportement de “micronageurs”, des microalgues, mis en situation d’évacuation. Dans cette thèse, il a été observé que les microalgues, comme les humains et tous les animaux sociaux étudiés jusqu’alors, s’accumulaient et s’entassaient à l’encontre d’un passage étroit, tels des grains dans un sablier au passage de l’entonnoir. “On imaginait difficilement les poissons faire pareil, confie la biophysicienne. Pourtant, comme les humains et les moutons, ces derniers sont cognitifs : ils ont une force sociale”.

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Article paru en septembre 2023. Ecrit par Mahaut de Lataillade.
Republié sur Echosciences Grenoble dans le cadre de la Fête de la science 2025 sur les "Intelligence(s)".