Dans le bouquet énergétique mondial, le charbon est loin d’être mort

Publié par Encyclopédie Énergie, le 6 juillet 2020   1.3k

Source : Numerama



Les acteurs d’un bouquet énergétique mondial plus respectueux de l’environnement tant local (pollutions de l’air, de l’eau et du sol) que planétaire (émissions de gaz à effet de serre-GES) sont heureusement de plus en plus nombreux. Ils savent que pour avancer dans cette direction, leurs usages énergétiques (éclairage, chauffage, mobilité, motricité) devront faire appel à de moins en moins de sources fossiles : pétrole, gaz naturel et charbon.

Ce dernier est généralement celui qui inquiète le moins dans un pays comme la France qui a fermé sa dernière mine de la Houve, en Lorraine, le 23 avril 2004 et qui ne brûle plus que 14 millions de tonnes (2018) pour sa production de fonte (44%), ses utilisations industrielles (11%) et sa production d’électricité (40%). Ce dernier usage touche d’ ailleurs à sa fin puisque doivent être fermées, avant fin 2022, les quatre dernières centrales électriques sur le sol métropolitain : Saint Avold en Moselle, Gardanne dans les Bouches du Rhône, Le Havre en Seine Maritime et Cordemais en Loire Atlantique.

L’évolution de l’environnement planétaire ne se joue cependant pas dans un, mais dans tous les pays du monde. Voir disparaître le charbon de la plupart des bouquets énergétiques européens (Allemagne, Pologne ou Turquie exclus) ne suffit donc pas à imaginer un futur rapidement décarboné parce qu’en aurait été chassée la source d’énergie  émettant 44% des émissions mondiales de CO2 liées à la combustion de sources fossiles (2017).

Un regard au-delà des frontières européennes suffit à se convaincre qu’une évolution  énergétique away from coal n’est pas pour demain. Certes, la part de ce combustible dans le bouquet énergétique mondial ne croît plus,  mais ses 27%, derrière les 32% du pétrole et devant les 22% du gaz naturel (2018), vont mettre plus de temps à se tasser que ne l’imaginent les prospectivistes pour qui l’utopie doit toujours s’imposer aux faits.  

Quels sont ces derniers ? En se limitant à la lecture de la Global Coal Market Newsletter du 25 juin 2020, en voici un échantillon (M signifiant million et G milliard).

En Chine, selon la dernière étude du Global Energy Monitor (GEM) et du Center for Research on Energy and Clean Air (CREA), environ 250 GW de thermique charbon vont venir gonfler le parc de production électrique et le porter à 1 100 GW en 2020, ce qui confirme notre propre anticipation d’un parc de 1 200 GW, publiée en 2015. Cette croissance est le résultat d’une construction en cours de 97,8 GW, d’une programmation de 151,8 GW et des 40,8 GW supplémentaires proposés en 2020, le tout diminué d’un retrait d’environ 40 GW de vieilles centrales.

Source : Futura-sciences.com 

En Inde, les 155,6 Gt de réserves prouvées de charbon et les 326 Gt de réserves probables se sont accrues en 2019-2020 (l’année commence le 1er avril) de 7,8 Gt de réserves prouvées, ce qui devrait aider  la Coal of India Limited (CIL) à accroître sa production de 178 Mt en 2020, dans le cadre de son objectif d’1 Gt en 2024.

Source : Weekly.fr 

En Australie, le Queensland, plus grand Etat producteur de charbon devant le New South Wales, a exporté 226 Mt en 2018-19, soit 3 Mt de plus que l’année précédente, en direction du Japon, de l’Inde, de la Corée du Sud et de Singapour. La partie cokéfiable de ces exportations est destinée, aux dires de Ian Macfarlane, directeur du Queensland Resources Council, à la satisfaction des besoins d’acier qu’entraine la construction de nouvelles villes dans tous les pays d’Asie.

Source : Journal de l’Environnement. 


 Au Zimbabwe, l’investisseur britannique Contango Holdings vient de finaliser sa prise de 70% du capital du projet de la nouvelle mine de charbon Lubu, riche de 1 Gt de réserves inventoriées à la suite de 12 km de forage. Le semi-soft cokéfiable sera vendu à la République d’Afrique du Sud tandis que le thermique alimentera les besoins domestiques de combustibles.

Source : Ecod’afrik 

 

Jean-Marie Martin-Amouroux, responsable éditorial d’Encyclopedie-energie.org

 

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