Des clés pour comprendre les relations entre sciences et société

Publié par Hélène Deschamps, le 9 septembre 2013   3.2k

Pour cette rentrée, Hélène nous propose de prendre de la hauteur avec l'interview de Stéphanie Ruphy, responsable du nouveau diplôme universitaire "Penser les sciences"

Sociologie, histoire et philosophie des sciences : tel est le contenu de “Penser les sciences”, Diplôme Universitaire (DU) qui ouvre en septembre à l’UFR Sciences Humaines à l’Université Pierre-Mendès-France (UPMF). Rencontre avec Stéphanie Ruphy, Professeure de philosophie des sciences et responsable de la formation.

Il existe déjà à l’UPMF un master “Histoire, philosophie, sociologie des sciences”, comment est venue l’idée de créer ce DU ?

Ce master est lui-même très récent puisqu’il a ouvert en septembre 2012 et s’adresse principalement aux étudiants ayant la disponibilité nécessaire pour suivre un cursus académique complet au niveau Master. Le DU, qui est adossé au Master, est quant à lui, envisagé d’une part, comme une offre de formation complémentaire en sciences humaines et sociales pour les doctorants en science et, d’autre part, comme une offre de formation continue destinée aux professionnels.

Ces professionnels sont notamment des scientifiques, que nous rencontrons régulièrement et qui regrettent d’avoir trop peu accès aux sciences humaines et sociales. Ils ont une pratique quotidienne des sciences et souhaitent avoir une approche complémentaire à leur métier, acquérir des connaissances, des clés qui leur permettent d’avoir un recul et une réflexion sur leurs pratiques. Mais pour beaucoup, intégrer un master complet serait trop prenant, surtout en poursuivant leur activité professionnelle.

Stéphanie Ruphy, responsable du diplôme "Penser les Sciences" à l'UPMF

Nous proposons donc ce DU, à suivre sur un ou deux ans, avec quatre modules d’enseignement de 24h chacun : sociologie, histoire, philosophie des sciences et un dernier, plus transversal intitulé “Science, technologie, société”. C’est donc une formule plus « légère », pour permettre à un maximum de personnes de suivre cette formation.

Les quatre enseignants intervenants dans le DU, dont vous, sont tous issus d’une double formation scientifique / technologique et sciences humaines, est-ce un hasard ou un prérequis ?

Hasard complet ! Mais si ce n’est pas un prérequis, il est fréquent que les philosophes, historiens et sociologues des sciences aient démarré un cursus en sciences fondamentales ou ingénierie par exemple, pour ensuite se tourner vers des réflexions épistémologiques, sociologiques ou historiques sur les sciences ou encore sur les rapports entre science et société, pour  finalement y consacrer parfois la suite de leur carrière.

Ces problématiques « science-société » ont l’air un peu nouvelles dans le paysage académique français, mais dans les pays anglo-saxons, les sujets de la controverse, de l’autonomie de la recherche, des prises de décisions en matière de politique scientifique, et bien d’autres encore, sont davantage discutés par les philosophes des sciences notamment. Nous essayons ici, à notre niveau, non seulement d’étudier ces problématiques, mais aussi de les amener dans le débat public.

Ce cursus ne s’adresse donc pas qu’aux scientifiques ?

Pas du tout. Pour la première année, nous avons essentiellement diffusé l’information auprès des communautés scientifiques, dont nous connaissions l’intérêt pour ces approches différentes des sciences qu’offrent les sciences humaines et sociales. Mais la formation est ouverte à tous ceux qui souhaitent “penser les sciences” : journalistes, médiateurs, conservateurs, artistes, politiques, etc.

Début juillet, nous avions déjà une bonne douzaine de demandes, des chercheurs UJF et CNRS, mais aussi des praticiens du domaine de la santé (médecins, kinésithérapeutes, pharmaciens), et des doctorants de tous horizons. Il y a une grande variété des profils, ce qui apportera une réelle richesse dans les échanges, car chacun aura des attentes différentes selon son métier d’origine. Nous souhaitons aussi limiter le nombre de participants, autour de 15/20 personnes, afin de favoriser les interactions. Les cours seront donc d’un format “séminaire de recherche”, plutôt que de l’enseignement magistral en amphi.

>> Pour aller plus loin : avis aux amateurs, pour décrocher ces clés et “penser les sciences”, les demandes d’inscription sont ouvertes jusqu’à mi-septembre. Pour plus d'infos sur le site de l'UFR des Sciences humaines de l'UPMF

>> Illustrations : jef safi \ 'Mojo Flying ici et (Flickr, licence cc) et Stéphanie Ruphy