La censure par invisibilisation des « démocraties » ? Le phénomène du « Shadow Banning ».

Publié par Yannick Chatelain, le 3 avril 2024   220

Par Dr. CHATELAIN Yannick Chatelain Associate Professor IT / DIGITAL à Grenoble Ecole de Management (GEM) & GEMinsights Content Manager.

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Le « Shadow Banning », également connu sous le nom de « stealth banning », · « ghost banning » ou encore « comment ghosting », ce qui peut être traduit en français par « bannissement furtif » ou « bannissement silencieux » est une pratique extrêmement controversée sur les réseaux sociaux.

«Le Shadow Banning » pour les « observateurs-usagers-victimes » de la pratique « supposée » peut se présenter de différentes manières, telles qu’un contenu ayant moins de vues, moins de cœurs (like) ou de partages, moins de commentaires ou simplement un infléchissement de la visibilité des publications dans une partie du public au regard du nombre de suiveurs de l’utilisateur cible et au regard de l’usuel. Cette invisibilisation, si elle est prolongée, finit invariablement par une baisse drastique de suiveurs des personnes « ciblées ». La controverse advient dès lors que, par-delà des constats d’usagers qui remarquent qu’ils sont limités en termes de visibilité sur certaines publications et le font savoir sans pour autant en comprendre les raisons de manière explicite. Il est à noter que cette pratique a toujours été déniée par les réseaux incriminés.  Ainsi, et pour « plagier » Cioran qui disait que « Dieu est, même s’il n’existe pas », « Le Shadow Banning est, même si les plateformes disent qu’il n’existe pas ». N’oublions jamais par ailleurs qu’au côté de la liberté d’expression que nous abordons, le Shadow Banning revêt, et c’est  un tout autre sujet une dimension économique. Être « Shadow Ban » sur Instagram par exemple peut être très dommageable pour un compte d’entreprise ayant intégré ce RS dans sa stratégie digitale.  

Être au courant de cette pratique « vraisemblable » est essentiel pour comprendre comment cela peut affecter la liberté d’expression en ligne et façonner une opinion publique.

Le « Shadow banning », pourquoi ?

Les raisons d’un « Shadow Banning » ciblé peuvent être diverses. La raison peut être parfaitement « légitime »,  la modération de contenus inappropriés ou qui sont jugés contraires aux règles de la plateforme… selon des critères qui sont néanmoins parfaitement obscurs et bien au-delà des règles d’usages formalisées, cela peut être des contenus qui peuvent, par exemple, être dénoncés massivement par des usagers : imaginons le contenu posté par un opposant, et signalé par une centaine de troller d’un parti  auprès de la plateforme… qu’adviendra-t-il selon vous par simple principe de précution ? – Si « la modération » constitue une explication plausible, si cette modération peut être à l’évidence « influencée » le dévoiement intentionnel de cette modération peut constituer un autre motif visant à valider la promotion de la parole dominante, en effet un contenu sort du cadre légal et se doit d’être supprimé, ou il n’en sort pas, s’il n’en sort pas quelle est la justification pour le maintenir en ligne et le rendre invisible. Il demeure donc essentiel de se rappeler que le « Shadow Banning » pourrait (peut) être utilisé pour discréditer, affaiblir, en les rendant invisibles des voix impopulaires : opposants, dissidents, scientifiques, Etc. En comprenant cette logique, en dépassant le simplisme de traiter ceux et celles qui constatent, ceux et celles qui informent, de « complotistes »   les internautes seront peut-être plus à même de reconnaître cette cybermenace active qui touche la liberté d’expression.

  • Une pratique ancienne, « popularisée » par Donald Trump.

Si la pratique soupçonnée est ancienne –  cette pratique « supposée » est apparue dans les années 80 pour la première fois, « afin de modérer certains forums » – elle a été véritablement « popularisée » lors des élections américaines, de 2018 et relancé la controverse :   Le vingt-six juillet 2018,  soit environ quatre mois avant les élections américaines qui devaient se tenir le  six novembre de la même année et que la  » bataille » sur les réseaux sociaux était engagée  Donald Trump tweetait :  » Twitter  « SHADOW BANNING » d’éminents républicains. Ce n’est pas bon. Nous allons nous pencher immédiatement sur cette pratique discriminatoire et illégale ! Beaucoup de plaintes. !

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