Le Dauphiné libéré des enfants : un journal de découvertes pour les 6-11 ans

Publié par Marion Sabourdy, le 6 février 2019   5.3k

Le Dauphiné libéré des enfants : un journal de découvertes pour les 6-11 ans Rencontre avec Gwendoline Beziau, coordinatrice éditoriale du Dauphiné Libéré des enfants, un journal local coloré et pédagogique, qui donne une grande place aux sciences ! 

Des Unes colorées, une mascotte yeti qui se balade de page en page et… pas mal de culture scientifique ! C’est en quelques mots ce que les enfants de 6 à 11 ans peuvent retrouver dans le Dauphiné Libéré des enfants, un journal papier créé en 2016 par Le Dauphiné Libéré qui en est déjà à son quinzième numéro.

Au fil des pages, les jeunes lecteurs pourront découvrir plusieurs rubriques, entre autres : 

  • “Je regarde autour de moi” avec des sujets locaux et “J’observe le monde” avec des tours du monde (des écritures, des bonnes manières, des prénoms, des animaux…)
  • “Je me pose des questions” autour de notions très pratiques qui intéressent les enfants (secours à la personne, sécurité routière, droits des enfants, liberté d’expression…)
  • “J’imagine mon métier” qui propose des interviews de professionnels (pilote de ligne, soigneur d’animaux, chirurgien…)
  • “Je découvre” et “Je m’intéresse aux sciences” avec des double pages pédagogiques, disponibles également sous forme de poster en pdf sur le site internet (ex : dinosaures, système solaire, fossiles, hydroélectricité, recyclage, glaciers alpins, oiseaux…)
  • Une rubrique sur une langue étrangère, principalement l’anglais mais aussi l’allemand et l’italien 
  • “Je comprends des textes” qui décrypte des textes variés (chansons, hymnes, mythes, fables…)
  • “Je vous présente mon école” où on découvre une école ou une classe de l’Académie et ses particularités 
  • Mais aussi “J’apprends avec des dessins”, “Je joue” et d’autres encore 

Avec une fréquence de parution toutes les six à huit semaines, ce journal est distribué dans les écoles aux 220 000 élèves du CP au CM2 de l'Académie de Grenoble (Isère, Savoie, Haute-Savoie, Drôme et Ardèche) et à leurs professeurs. On le retrouve aussi en kiosque pour 1,50 € ou on peut le recevoir chez soi en s'abonnant pour 7,50 € par an (voir la boutique en ligne). 

Pour en savoir plus sur cette aventure éditoriale, nous avons interrogé la journaliste grenobloise Gwendoline Beziau, coordinatrice éditoriale du Dauphiné Libéré des enfants. 

Comment vous est venue l’idée de réaliser un journal pour les enfants ? 

Avec mes collègues du Dauphiné Libéré, nous avions envie depuis longtemps de réaliser des contenus pour les enfants. Peut-être depuis des dizaines d’années. Nous avons testé des formats, tenté des essais. L’attentat de Charlie Hebdo en 2015 a précipité le projet. En tant que grand quotidien régional, nous souhaitions alors travailler sur l’éducation aux médias et la liberté d’expression et tout cela passe forcément par les enfants.

Nous voulions rendre accessibles gratuitement ces contenus à tous les enfants, du CP au CM2, dans toute l’Académie de Grenoble, ce qui représente 5 départements. Nous avons travaillé avec la Rectrice de l’époque, Claudine Schmidt-Lainé, qui nous a permis de mener des tests avec plusieurs écoles de l’académie, avant de lancer le premier numéro et de diffuser ensuite ce journal auprès de toutes les écoles. 

Travaillez-vous toujours avec des classes ? 

Oui ! Pour chaque numéro, je pars faire un reportage dans une école de l’Académie, pour réaliser la dernière page du journal, intitulée “Je vous présente mon école”. Aux débuts du journal, je faisais les démarches pour trouver moi-même une école mais maintenant, je suis directement contactée par des enseignants intéressés. Je fais mon choix en étant attentive à garder un équilibre au niveau des départements présentés.

En page 2, rubrique “Je regarde autour de moi”, de nombreux sujets mettent en scène des enfants, comme par exemple l’orchestre de l’école Jules-Ferry de Voiron (n°12, mai-juin 2018) ou dans le numéro du mois de mars prochain, des joueurs d’échecs dans une école de Chambéry. En page 7, nous proposons l’interview d’un professionnel. Le choix du métier part toujours d’une demande des jeunes. Par exemple, Loane, une jeune fille de 10 ans m’a dit qu’elle voulait être pilote de ligne. Dans le dernier numéro, on retrouve donc l’interview de la pilote Aude Lemordant. Je n’ai été que l’intermédiaire entre cette jeune fille et cette femme. 

J’aimerais aller plus loin, que ces enfants deviennent des rédacteurs en chef de certains numéros. Par exemple, l’année dernière, des enfants de l’école Pasteur de la Tour-du-Pin ont rédigé un article pour le journal. En général, quand je me déplace à la rencontre d’une classe, je n’en reste pas à un reportage. Je propose aussi aux enseignants de répondre aux questions que les enfants se posent sur la presse et les médias. J’explique aussi comment nous réalisons le journal. Par ailleurs, j’interviens sur des formations organisées par l’Education nationale sur le thème de l’éducation aux médias au niveau du département. 

Pourquoi avoir choisi une parution tous les 2 mois et pas plus fréquemment ?

Cette fréquence de parution a été décidée en concertation avec les écoles, pour qu’elle coïncide avec les retours de chaque vacances scolaires. Si nous proposions un quotidien, un hebdomadaire ou même un mensuel, les élèves et les professeurs n’auraient pas le temps de le lire ou de travailler dessus.

Ce choix impacte forcément le contenu, car nous ne pouvons pas traiter d’actualité “chaude”, immédiate. En revanche, j’essaie toujours d’avoir un petit peu d’actualité dans le journal. Par exemple, en mars, je vais parler de la journée des Droits des femmes et du championnat académique d’échecs. 

Vous donnez une grande place aux sciences dans le journal. Pour quelles raisons ? 

Avant de publier le tout premier numéro, des propositions de pages ont été testées sur un panel d’enfants. Nous avons constaté qu’ils adorent les sujets liés aux sciences, aux inventions, aux nouvelles technologies, à la nature et l’environnement. A côté de cela, par exemple, ils apprécient un peu moins l’histoire. Avec mes collègues, nous avons coutume de dire que nous faisons un journal pour les enfants, pas pour nous-même, donc ces retours influencent nos choix de sujets.

Le Dauphiné Libéré des enfants, janvier-février 2018

Nous avons commencé avec un sujet sur le synchrotron pour le premier numéro car cette structure avait la volonté d’expliquer aux enfants ce qui s’y fait dedans. D’ailleurs, peu de temps après, une dame, qui avait lu le journal avec ses petits-enfants m’a contactée pour me dire qu’elle avait enfin compris le travail de son propre fils, qui est chercheur au synchrotron ! Ensuite, nous avons abordé énormément de sujets différents, en nous rapprochant toujours de scientifiques. 

Avez-vous une formation scientifique ? 

Pas du tout ! J’ai une formation littéraire, je suis passée à l’Université par “l’ancêtre” de l’école de journalisme de Grenoble. J’ai ensuite travaillé pendant 20 ans au Dauphiné Libéré, beaucoup sur les thèmes “Société”, ce qui m’a tout de même permis de traiter de temps en temps des sujets Santé / Médecine. Depuis 3 ans, je travaille à temps plein sur le Dauphiné des enfants. En somme, je ne suis pas spécialisée en sciences mais j’adore ça, surtout les sujets autour de l’environnement, qui plaisent aussi beaucoup aux enfants.

Quand on parle de sciences, la difficulté, c’est de donner des informations justes tout en restant à la portée des enfants. Pour la double-page sur le numérique dans le n°14, j’ai demandé à des chercheurs d’INRIA de m’expliquer leurs travaux “comme si j’étais une enfant de 8 ans”. Bon, il a tout de même fallu que je vulgarise leurs propos ! Une autre difficulté réside dans la grande différence d’âge au sein de notre lectorat. Écrire pour des enfants de 6 à 11 ans n’est pas facile !

Récemment, j’ai eu l’occasion d’intervenir lors d’une formation de la Maison pour la science, autour de l’esprit critique / esprit scientifique. J’ai pu montrer que la démarche journalistique croise la démarche scientifique ! 

Parlez-nous des autres projets jeunesse du Dauphiné Libéré 

En parallèle du Dauphiné Libéré des enfants, nous avons lancé une collection de cahiers parascolaires, en partenariat avec “Rue des écoles”, qui nous fournit aussi une partie des contenus du journal (les tours du monde, les jeux et les contes). Les premiers cahiers sont sur les thématiques du calcul, de la lecture, des premiers secours ou du code de la route… 

Je travaille actuellement sur les prochains cahiers. Fin mars, nous en publierons un sur la nature, avec plein de chouettes informations sur les arbres, les plantes, les insectes, les mammifères… En juin, ce sera le “cahier de logique” et mi-août un autre sur l’écriture. En tout, cela fait 4 à 5 livres par an, plus le hors-série de l’été du Dauphiné Libéré des enfants qui est en vente en kiosque uniquement.

>> Pour aller plus loin : découvrir et feuilleter tous les numéros du Dauphiné Libéré des enfants sur leur site internet !

>> Images : montage avec les Unes de plusieurs Dauphiné Libéré des enfants, vidéo par Le Dauphiné Libéré, images de la classe par Emmanuel Gallant / Le Dauphiné Libéré