Les barrages hydroélectriques : enjeux et impacts - Echosciences sur RCF Isère

Publié par Echosciences Grenoble, le 6 décembre 2023   550

Depuis septembre 2019, RCF Isère offre du temps d'antenne à Echosciences Grenoble, tous les jeudis à 12h05, dans "l'Echo des médias" des "Midis RCF" présenté par Nicolas Boutry. L'occasion de vous parler des derniers contenus intéressants partagés par les membres d'Echosciences. Retrouvez toutes les chroniques dans ce dossier ou sur le site de RCF-Isère !

La chronique du 30 novembre, par Fanny Musso, en son et en texte ci-dessous :

Sur RCF Isère, c’est l’heure de l'Écho des médias. Aujourd’hui, nous accueillons pour la première fois Fanny Musso, médiatrice scientifique à Territoire de sciences. Bonjour Fanny !

Bonjour Nicolas !

En général, Fanny, on vous retrouve dans le planétarium ou les expositions de Cosmocité, mais aujourd’hui, vous avez fait le choix d’explorer la plateforme Echosciences Grenoble et de nous parler des barrages hydroélectriques.

En effet Nicolas, nous sommes dans la région idéale pour aborder ce sujet puisque nous comptons 130 barrages en Auvergne-Rhône-Alpes sur les 600 présents aujourd’hui en France, dont 15 en Isère. Par ailleurs, notre pays possède près de 427 centrales hydrauliques. Ces infrastructures génèrent 12% de la production électrique nationale dont presque la moitié est créée dans notre région. L'hydroélectricité est donc un enjeu majeur dans le développement des énergies renouvelables.

C’est un enjeu majeur certainement mais aussi une source de débat, j’imagine… Il existe tout de même des risques et des impacts environnementaux à prendre en compte non?

Bien sûr ! C’est comme pour tout, il y a des avantages et des inconvénients. Pour commencer, ces infrastructures sont des constructions titanesques qui représentent donc comme vous pouvez l’imaginer un coût économique énorme. Mais au-delà de cela, il faut aussi étudier leurs impacts sur l’environnement et la biodiversité. Vous pensez bien, Nicolas, qu’on ne peut pas construire des barrages n'importe où. Il faut des conditions particulières, la morphologie du terrain est importante par exemple et les paysages seront remodelés pour les accueillir, on va déplacer des tonnes de roches, inonder des plaines, ce qui a bien sûr un impact sur la biodiversité animale et végétale mais aussi sur la population locale et ses activités tel que l'agriculture. Et il ne faut pas oublier les dangers…

Quand vous dites “dangers”, vous pensez aux risques de ruptures des barrages avec des conséquences dévastatrices comme celui de Malpasset en 1959. Mais c’est assez rare non ?

Oui Nicolas ces types d’incidents sont très rares mais comme on dit le risque zéro n’existe pas et il faut tout de même garder à l’esprit qu’un barrage peut, dans certains cas, céder sous le poids de l’eau qu’il retient, on parle de quantité d’eau hallucinante tout de même et à titre d’exemple, le barrage de Grand’Maison, a une retenue d’eau de plus de 137 millions de m3, la libération violente d’une telle quantité d’eau en cas d’incident peut donc causer des dégâts considérables sur les terrains en avals du barrage.

Entre le coût de ces constructions, l’impact environnemental sur la biodiversité et l’activité humaine, les risques de rupture, rares, mais néanmoins présents, est ce vraiment une bonne chose la présence de ces barrages? En quoi ces infrastructures peuvent être un atout?

Au regard de la crise énergétique mondiale, oui le rapport bénéfices- risques peut être positif et ces sources d’énergies vertes sont une solution possible. Ces barrages sont essentiels pour la production d’électricité mais pas seulement, ce sont même des atouts majeurs pour la région car d’autres usages sont possibles.

D’autres usages que la production d'électricité?

Oui, c’est un atout touristique par exemple pour la mise en évidence du patrimoine industriel mais aussi toutes les activités nautiques possible telles que les sports d’eaux vives, la pêche… D’un point de vue climatique aussi c’est positif. Ces retenues qui récupèrent l’eau de la fonte des glaces sont utilisables l’hiver pour fabriquer de la neige artificielle pour les stations de ski et permettent de limiter le gaspillage de cette ressource naturelle. Ces retenues ont également un rôle important dans la gestion des crues. En canalisant les cours d’eau, elles créent une zone tampon qui permet d’éviter des inondations en aval. C’est donc un bilan plutôt positif si on n’oublie pas de prendre la mesure du risque associé

Merci Fanny pour la chronique d’aujourd’hui et à bientôt

A bientôt Nicolas !

>> Photo : Christopher Fausten (@christopher_rcf)