Monozygotes, dizygotes et sesquizygotes @Radio RKS

Publié par Francois Legrand, le 1 mai 2021   1.3k

Sur Radio RKS, "l'esprit grenoblois", au Miroir des sciences, la chronique de Damien Bouëvin, fondateur de Nemeton, le biolab de Grenoble #10 avril 2021

Bonjour à toutes et à tous, j’espère que vous allez bien en ce samedi matin à l’heure du marché ou parfois du petit déjeuner.

Aujourd’hui, nous avons parlé jumeaux, jumelles. Nous avons parlé de gémellité. Dans cette chronique aujourd’hui, personnellement je vais plutôt vous parler de tout ce qui est autour de ce qu’on pourrait qualifier de gémellité classique. Gémellité incomplète, en miroir ou même inverse de la gémellité. 

Commençons ce petit tour d’horizon des gémellités alternatives avec un premier cas de figure, la superfécondation hétéroparentale. Nous retrouvons là les mêmes “acteurs habituels” mais les nombres et les rôles changent et ça change tout. 

À la base, deux jumeaux dizygotes sont deux jumeaux qui ont grandi dans le même utérus, ne partagent pas le même patrimoine génétique mais ont le même père et la même mère. Ils ou elles sont issues de deux ovules provenant de la mère et qui sont fécondés par deux spermatozoïdes provenant du père. Dans le cas de notre superfécondation hétéroparentale, ces deux ovules provenant de la mère sont fécondés par deux spermatozoïdes provenant de DEUX pères différents. Les deux enfants ainsi conçus sont donc jumeaux et demi-frères ou demi-soeurs.

Monozygotes, dizygotes, ce sont là les gémellités les plus connues. En l’occurrence, elles sont synonymes de patrimoine génétique similaire ou différent. Mais saviez-vous qu’il existe un troisième type de gémellité, les jumeaux sesquizygotes. Reprenons nos pions et jouons une partie différente, dans le cas d’une gémellité sesquizygotes, nous avons un ovule issu d’une mère. Et fait exceptionnel, DEUX spermatozoïdes différents qui arrivent à rentrer en son sein et à la féconder. Si l’ovule survit à cela, elle va alors se diviser en trois cellules. Un embryon ovule / spermatozoïdes A, un embryon ovule / spermatozoïde B et un dernier embryon ovule / spermatozoïde A / spermatozoïde B qui lui ne survivra pas. On se retrouve ainsi avec deux jumeaux en grande partie identiques génétiquement mais pas complètement. Ni complètement monozygotes, ni complètement dizygotes. Comme deux jeux de cartes dont la moitié des cartes seraient dans le même ordre mais pas l’autre moitié.

Continuons notre tour des cas étonnants plus en avant. Chez certains jumeaux monozygotes, celles et ceux qui partagent donc un patrimoine génétique identique, il peut arriver un phénomène rare dit des “jumeaux en miroir”. 

Lors de la formation de jumeaux monozygotes, un ovule fécondé par un spermatozoïde se sépare en deux au tout début de la formation de l’embryon. En résulte deux fœtus au patrimoine génétique identique. Mais si cette séparation a lieu plus tard et que celle-ci reste viable, il peut alors se passer un phénomène étonnant. Les deux jumeaux monozygotes qui se forment sont identiques le long d’un axe. Non content de se ressembler peut-être encore plus que des jumeaux classiques, l’un des deux à ses organes internes inversés par rapport à l’autre. Cœur à droite, foie à gauche, c’est ainsi tout son corps qui est le juste miroir de celui de l’autre.

Et enfin, peut-être le plus étonnant pour la fin, l’inverse du phénomène de gémellité, le chimérisme. Lorsque deux embryons de jumeaux dizygotes se côtoient de trop près, ils peuvent fusionner en un seul foetus. Et oui, on se retrouve ainsi avec deux personnes en une. La personne atteinte de chimérisme présente ainsi des parties du corps avec des patrimoines génétiques différents voir des phénotypes différents comme une pigmentation de la peau légèrement différente sur une partie du corps. Mais dans l’immense majorité des cas, la personne en question ne se rendra peut-être jamais compte qu’elle est une chimère. Ainsi la plupart du temps, les cas sont découverts par hasard lors d’examens. Ce qui donne par exemple des pères qui découvrent qu’ils sont l’oncle de leurs fils. 

Que pouvons-nous retenir de tout cela ? Et bien qu’au pays des brassages génétiques, beaucoup de scénarios sont permis. Et que statistiquement sur presque 8 milliards d’êtres humains, beaucoup de combinaisons sont possibles. Alors trinquons nos mugs de café au hasard et à très bientôt.