[2021-05] Peluches, Nourriture et Médiation Scientifique

Publié par Association Infusciences, le 6 mai 2021   1.4k

A l’époque de l’accès quasi infini à la connaissance, comment intéresser les gens à un sujet particulier ? Certain·e·s acteur·rice·s de la CST se penchent sur la question et cherchent de nouvelles portes pour amener le public dans l’univers des sciences. Le fait d’utiliser des objets connus par le public permet une meilleure appropriation des connaissances par celui-ci. Les objets du quotidien, auxquels les gens peuvent se rattacher, semblent donc être une excellente alternative.


La science des peluches

Quoi de mieux que les peluches, symboles de l’enfance, de l’imaginaire et du développement pour servir d’outil de médiation. Le pôle Culture de l’Université de Montpellier 2 a relevé le pari en 2010 avec des ateliers et une exposition basée sur la science de la peluchologie. Cette « science douce » créée en 1903 a permis la mise en place du premier inventaire mondial et collaboratif de la diversité de la peluche.

Une vidéo produite par l'Université de Montpellier pour promouvoir la peluchologie.

Les peluches sont totalement neutres de toute représentation scientifique et elles peuvent prendre toutes les couleurs et les formes imaginables. Elles sont un bon terrain pour la vulgarisation des sciences naturalistes, notamment l’étude de l’évolution et de la classification grâce à des caractères observables : couleurs des yeux, taille des oreilles, des pattes,... Les enfants, destinataires de ces ateliers, de la primaire à la 6ème, apprennent ainsi le principe d’échantillonnage et de regroupements taxonomiques, en utilisant des outils et des mots familiers et propres à l’univers des peluches, qui se trouvent dans leur environnement. Il s’agit là de développer de nouvelles capacités lexicales, d’écoute, de participation et d’argumentation tout en leur permettant un premier contact avec la biologie et la rigueur scientifique.

De la même façon, l’action « L’Hôpital des Nounours » créé par des étudiants en médecine en 2000 en Allemagne, permet aux enfants d’entrer dans un univers particulier et effrayant qu’est le milieu médical. Les « parents » sont encouragés à amener un de leur nounours, malade, dans un service des urgences recréé par des nounoursologues pour qu’il y soit soigné. C’est un processus de médiation intéressant car son objectif est de réduire l’angoisse des enfants et de leur montrer le fonctionnement d’un hôpital. Mais il y a aussi un grand intérêt pour les étudiants en médecine, c’est un exercice leur permettant de se familiariser avec ce jeune public et d’apprendre à communiquer avec eux et à adapter leur langage. On retrouve aussi ce principe avec Pompy, un ours en peluche qui accompagne les pompiers de Côte-d'Or dans leurs interventions.

Détournement des aliments

A l’image des doudous que l’on retrouve dans les bras de tous les enfants, dans toutes les maisons, on trouve une cuisine contenant de nombreux ingrédients magiques.

L’association Ebulliscience, à Lyon, propose aux enfants des ateliers sur la chimie des aliments en détournant l’usage de produits alimentaires pour tester des principes scientifiques. Ainsi le jus de chou rouge peut servir d’indicateurs de pH grâce à l’ajout de substances acides (vinaigre) ou basiques (lessive), il passera alors du rose au jaune. Toute la démarche de l’association est basée sur la pédagogie active, ce qui permet de maintenir l’autonomie du visiteur et de restaurer le droit à l’erreur. Le but premier n’est pas d’amener une connaissance précise de manière descendante mais de laisser les personnes réfléchir par elles-mêmes grâce à des outils de médiation mis à leur disposition.


Autrement, l’association Ludisciences et ses créateurs proposent quant à eux de créer, lors d’ateliers, de vrais plats comme des bonbons en forme de fruits tout en expliquant des principes scientifiques tel que le concept de mélange homogène ou celui de réaction chimique. L’idée principale des créateurs est d’amener les gens à avoir un regard critique sur ce qu’ils font rentrer dans leur estomac tout en développant la créativité et la confiance en soi. La créatrice a une volonté de n’apporter que des faits scientifiques exacts et se base énormément sur la recherche de sources.

Ces différents projets montrent bien que l’on peut faire de la science avec beaucoup de choses notamment des objets détournés de leurs usages premiers mais il faut avant tout que les peluches et l’alimentation restent un plaisir.

                                            Léa MARTEL

Crédit photos : Léa MARTEL


Bibliographie

- ANEMF, « Hopital des nounours », consulté le 14 novembre 2019, URL : https://www.anemf.org/hopital-des-nounours/

- Thierry Brassac et Amélie Bugel, « Une science douce : la peluchologie », La Lettre de l’OCIM [En ligne], 139 | 2012, mis en ligne le 01 janvier 2014, consulté le 14 novembre 2019. URL : http://journals.openedition.org/ocim/1015 

- Marie Itoiz et Romuald Drot, « Escape game patrimonial : outil ludique de médiation ? », La Lettre de l’OCIM [En ligne], 188 | 2020, mis en ligne le 01 mars 2021, consulté le 02 mai 2021. URL : http://journals.openedition.org/ocim/3614 

- Nicolas Berton, « Cuisinons la médiation : retour sur l’apéro #9 des Brasseurs de sciences », Echoscience, publié le 27 novembre 2018, consulté le 18 novembre 2019. [en ligne]. URL :https://www.echosciences-sud.fr/communautes/les-brasseurs-de-sciences/articles/cuisinons-la-mediation-retour-sur-l-apero-9-des-brasseurs-de-sciences

- Ludisciences, « Cuisine moléculaire », URL : https://ludisciences.fr/pluridisciplinaires/#cuisine

- Service culture scientifique de l’Université de Montpellier, « Peluchologie » URL : https://cs.umontpellier.fr/project/peluchologie/