Retour sur le colloque Bécasse de Roussillon, un exemple de coopération scientifique

Publié par Fabien Jhistarry, le 29 décembre 2015   3.7k

Au mois de novembre, j’ai eu la chance d’assister à un colloque portant sur la bécasse des bois organisé par la Fédération Départementale des Chasseurs de l’Isère (FDCI).

Il a permis de faire le point sur 15 ans d’apprentissages communs entre différents organismes pour la sauvegarde et une meilleure connaissance de l’espèce.

C’est cet exemple de coopération entre différentes structures que j’ai trouvé intéressant de relater ici.

M. François Gossmann, administrateur du Réseau bécasse de l'ONCFS, en pleine explication

Mais d’abord quel est cet animal ?

La bécasse des bois (woodcock en anglais) est un oiseau migrateur limicole. L’espèce partage son temps de vie entre hivernage sur les bords littoraux atlantique et méditerranéen et reproduction en Europe de l’est (Russie voir Sibérie principalement).

Elle a une relation particulière avec la France où elle peut faire les deux, en particulier dans certains départements comme l’Isère. De ce fait elle est donc visible une plus grande période de l’année sur notre territoire.

Une coopération nationale

La bécasse n’en reste pas moins un animal mystérieux. C’est pour cela qu’un suivi poussé de l’oiseau a été nécessaire afin d’en améliorer la connaissance et la protection.

Dans ce but, dès 1983, des campagnes de baguages sont lancées dans toute la France. Ces campagnes, fruits de la collaboration entre les Fédérations Départementales des Chasseurs (FDC), l’Office Nationale de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) et les bénévoles des clubs de bécassiers (380 bagueurs nationaux au total), a permis de baguer à ce jour quelques 100 000 bécasses. A cela il faut ajouter la recherche de nichées à l’aide de chiens spécialisés, d’autres travaux scientifiques…

Dans notre département, depuis 1995, ces actions ont été appuyées par la création d’un plan de conservation de la Faune établit par la FDCI. Le Conseil Général de l’Isère appuie ce plan par un financement à hauteur de 65%.

Ce partenariat sur le long terme a permis de mieux connaitre la biologie de l’animal et de cartographier ses habitats de reproduction.

Une coopération internationale

Mais la bécasse ne se préoccupe pas des frontières. Pour vraiment apprécier son comportement en particulier migratoire, il faut regarder donc à une échelle supranationale. Les partenaires isérois cités plus haut ont été les premiers à aller chercher « à l’origine » de l’animal, c'est-à-dire en Russie. Pour cela dès 2001, ils ont initiés une collaboration avec les scientifiques russes du Moscow Woodcock Research Group (MWRG).

Les Russes apportent leur connaissance du terrain et du climat tandis que les Isérois fournissent un soutien financier, technique et matériel (de baguages notamment).

Une bécasse des bois, animal mystérieux et fragile

La coopération entre ces différents organismes a ainsi permis de mieux appréhender les flux de populations de bécasses pour protéger cet animal fragile. Elle sert aussi à avoir une base concrète de données pour sensibiliser divers publics, du scolaire aux chasseurs.

Ce premier bilan globalement positif justifie la prolongation et l’approfondissement de cette collaboration multi-partenaires.

Avec pourquoi pas à l’avenir une ouverture scientifique vers d’autres pays de présence de la bécasse comme le Portugal ou l'Espagne.