Des bébés éprouvette aux casse-têtes éthiques

Publié par Emmanuelle Bensaude, le 8 juillet 2013   4k

Emmanuelle Bensaude revient sur le dernier café sciences de la saison, qui a eu lieu le 11 juin dernier autour de l’assistance médicale à la procréation.

Le 11 juin dernier, le public du café sciences et citoyens grenoblois s’est retrouvé au Café des arts, pour le dernier café de la saison, consacré à la place de l’assistance médicale à la procréation (AMP) dans notre société.

Florence Amblard, médecin généticienne hospitalière a d’abord présenté les différentes techniques actuellement proposées en France aux couples atteints d’une infertilité médicalement prouvée. D’emblée, une partie du débat était posée, puisque cette restriction exclut notamment les couples de même sexe, les personnes seules, ainsi que les couples qui choisiraient l’AMP pour des raisons personnelles.

Ont suivi des questions sur les limites à donner au diagnostic pré-implantatoire, qui permet de sélectionner les embryons sur la base de leurs gènes. Est-il éthique d’autoriser les parents d’un enfant malade à sélectionner les embryons de futurs enfants compatibles, afin que le sang de cordon du nouveau bébé puisse traiter son frère ou sœur malade ?

De droite à gauche, les intervenantes Catherine Gucher, Laurence Cimar, Florence Amblard et le modérateur Gilles Henri

Laurence Cimar, juriste universitaire, spécialiste du droit de la famille a rappelé le cadre légal entourant l’AMP en France, soulignant notamment que le « droit à l’enfant » n’existe pas, puisqu’un droit ne peut s’exercer que sur un objet.

La délicate question du tourisme médical a également été posée. En effet, comment répondre dans un cadre légal aux couples qui font le choix d’aller à l’étranger pour contourner la loi française, qui interdit notamment la gestation pour autrui ?

Enfin, Catherine Gucher, enseignant-chercheur en sociologie a proposé un retour historique sur la place de l’enfant dans la société, soulignant l’évolution paradoxale de ces trentes dernières années, vers une société où les individus demandent toujours plus d’autonomie vis-à-vis de l’état, notamment dans leur choix de procréer, et réclament en même temps que l’état garantisse l’aboutissement de ces choix en proposant et en finançant l’accès à l’AMP.

Autant de questions passionnantes, autour d’un champ qui sur le plan technique évolue rapidement et n’a pas fini de nous poser des casse-têtes éthiques.

>> Illustrations : sadalit (Flickr), Emmanuelle Bensaude