[Podcast] Projet Intermob’ : Comment réduire ses déplacements en voiture ?
Publié par Laboratoire Pacte, le 18 janvier 2023 1.5k
Notre saison 3 se rapproche de sa conclusion avec son pénultième épisode ! Cette fois-ci, nous avons accueilli Sonia Chardonnel et Kamila Tabaka, toutes deux chercheuses dans l’équipe Villes et territoires, pour parler de l’étude « Intermob » menée par plusieurs laboratoires de Grenoble.
Ce projet vise à étudier les pratiques de mobilité quotidienne des populations qui habitent dans la région métropolitaine de Grenoble. Dans un contexte de mobilité intensive et de remise en question de ses impacts, notamment écologiques, cette recherche essaye de comprendre comment un individu peut réorganiser son quotidien pour utiliser des modes de transport alternatifs à l’automobile, et vise ainsi à identifier les freins et les leviers liés au changement de comportement de mobilité.
Une étude « interventionnelle » sur les mobilités alternatives
Le positionnement de cette recherche interdisciplinaire consiste à analyser le changement de comportement de mobilité en tenant compte de différentes dimensions en jeu dans ce processus, dont notamment : l’accès et la qualité des différents offres et équipement de mobilités, le rôle des déplacements dans l’organisation des activités quotidiennes, les liens entre la mobilité et la santé (exposition à la pollution, activité physique). Concrètement, une cohorte de 150 personnes volontaires est suivie pendant 2 années au cours desquelles plusieurs dispositifs d’observation permettent de documenter et mesurer l’évolution des pratiques de mobilité.
Pour participer à cette étude, il faut être automobiliste et utiliser son véhicule au moins trois fois par semaine, tout en ayant la volonté d’essayer un mode alternatif à l’automobile. Les chercheuses expliquent ainsi que l’étude est dite « interventionnelle » car le protocole incite explicitement les volontaires à (essayer de) changer de modes de transport pour tout ou partie de leurs déplacements quotidiens. Le périmètre du projet couvre la Métropole grenobloise, la Communauté d’agglomération du Pays Voironnais et la Communauté de communes du Grésivaudan. Un choix qui s’explique d’abord en lien avec la gestion territoriale des mobilités, puisqu’il correspond au périmètre du Syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise (SMMAG) qui regroupe les autorités organisatrices des mobilités des trois territoires. De plus, cette focale trouve tout son intérêt dans la diversité des contextes géographiques des territoires étudiés, depuis les espaces urbains denses, les espaces périurbains jusqu’aux communes de montagnes, moins desservies par les transports en commun et souvent trop pentues pour le seul usage de la mobilité douce telle que le vélo.
Changer de mobilité, quels freins et leviers ?
Le protocole du projet Intermob s’appuie sur plusieurs hypothèses quant aux freins et leviers face au changement de mode de déplacement. D’abord, il ressort évidemment que le levier économique est assez fort pour appréhender les choix modaux pour se déplacer. En effet, les répercussions sont assez directes vis-à-vis des coûts du déplacement, que ce soit au niveau des dépenses en essence ou bien, le cas échéant, des coûts d’entretiens de plusieurs véhicules, les prix de locations, des abonnements. En outre, le changement de mobilité peut aussi être motivé par l’envie de basculer sur un mode de déplacement plus propre, ou bien de combiner déplacement et activité physique lorsque l’on choisit un mode actif comme le vélo ou la marche à pied.
Ces leviers fonctionnent seulement si, par ailleurs, les offres alternatives sont accessibles et compatibles avec les besoins des individus. En effet, la distribution spatiale des offres de mobilités n’est évidemment pas égale sur tout le territoire étudié et les solutions alternatives ne sont pas toutes aussi nombreuses et pratiques. Pour autant, dans les espaces périurbains ou de montagne, la combinaison de la voiture et du vélo (notamment le VAE) ou du transport en commun peut apparaître comme une solution viable pour une partie des déplacements.
D’autre part, changer de mode de déplacement peut s’accompagner d’un certain nombre d’autres ajustements au niveau de la vie privée et professionnelle : changements d’horaire, de types d’activités ou même de lieux des activités (nouveau magasin pour faire les courses). C’est donc un ensemble de routines quotidiennes qui doivent être réorganisées, la force des habitudes pouvant parfois jouer comme un frein au changement. Ceci étant dit, la pandémie de la Covid-19 a servi d’exemple quant à l’adaptation des personnes vis-à-vis de leurs déplacements, et ses conséquences sur la facilitation du télétravail dans certaines entreprises et administrations peuvent apparaître comme un nouveau levier. En effet, la possibilité de travailler chez soi peut permettre de limiter les déplacements en voiture sur une semaine type, et ainsi de motiver le changement vers une mobilité plus propre comme le vélo ou les transports en commun, tout en réduisant la fatigue accumulée par la fréquence de ces trajets. Autant d’hypothèses que les chercheur.e.s du collectif Intermob devront tester au cours des différentes analyses qui seront menées lorsque toutes les données seront récoltées.
Pour en savoir plus sur le projet Intermob :
Vidéo de présentation : https://www.youtube.com/watch?v=fWFAP-8U0VE
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