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Protection de l’enfance : où situer les limites de la recherche ?

Publié par Laboratoire Pacte, le 22 avril 2024   580

Pour ce dernier épisode*, nous recevons Camille Duthy, sociologue post-doctorante pour la Chaire PUBLICS des politiques sociales, également formatrice en école de travail social et consultante indépendante. Le sujet du jour : l’hébergement des jeunes dans la protection de l’enfance.

Faire entendre les jeunes

Pour étudier ce sujet – qui n’est pas sans rappeler notre précédent épisode – Camille coordonne une équipe de co-enquêteurs composées de jeunes actuellement placés en foyer, d’adultes placés dans leur enfance et de professionnels qui travaillent ou ont travaillé dans ce type d’établissement. Un regroupement qui vient au départ de l’initiative d’une structure qui gère des Maisons d’Enfant à Caractère sociale (MEC) et qui s’est interrogée sur la participation des jeunes dans l’hébergement collectif. Initialement pensé comme une recherche « sur » leur participation, ce projet a rapidement évolué vers une dimension collaborative visant à faire entendre le vécu propre des jeunes plutôt que les questionner de manière plus « académique ».

Un public avec ses contraintes

Enquêter et, plus largement, travailler avec des jeunes n’est pas aussi simple qu’avec des personnes majeures. Outre la complexité à établir des contrats de travail avec des mineurs, c’est également un public qui est considéré comme vulnérable du point de vue des politiques sociales, ce qui crée un croisement de deux situations déjà complexes individuellement. En effet, les sujets traités dans cette recherche sont sensibles, intimes et même parfois violents, ce qui appelle une grande vigilance vis-à-vis de la manière de travailler avec ce public. Pour autant, Camille explique qu’in fine, les jeunes s’avèrent avoir beaucoup de choses à dire et savent parfois se saisir de la parole plus facilement que les professionnels. Une fluidité qui passe énormément par les liens qu’ils peuvent avoir entre eux ou avec d’anciens placés, des liens existants en dehors de la recherche mais qui font qu’ils vont travailler ensemble avec application et qui permettent de faire émerger des sujets concrets comme la question des ruptures dans les parcours d’hébergement.

Un positionnement particulier pour les co-enquêteurs

Dans cette démarche collaborative, Camille ne néglige pas l’impact de la posture des co-enquêteurs sur l’enquête en elle-même. Par exemple, il s’est avéré qu’un certain nombre de jeunes avaient participé à des réunions suite à une injonction de leurs éducateurs, et pas de leur propre initiative. Un constat qui remet assez sensiblement en question la liberté dont bénéficient les jeunes dans ce projet et, plus généralement, l’impact que cela peut avoir sur ces jeunes. Il en ressort qu’un point névralgique de ce travail, c’est aussi s’interroger en permanence sur la nature possiblement inégalitaire ou violente de l’espace collectif. Une manière pour la sociologue de remettre en question ses pratiques de façon très exigeante et qui met à l’épreuve son assurance de chercheur dans ce travail. Ainsi, dans la continuité du propos de nos précédents épisodes, cet exemple bien appuyer une des caractéristiques de la recherche participative, qui permet donc de confronter le travail de chercheur avec des postures professionnelles ou des populations sensibles.

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