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[Podcast] La gestion de l’eau en Inde : penser local à l’échelle globale

Publié par Laboratoire Pacte, le 2 novembre 2022   770

La saison 3 de InPacte est enfin là ! Comme l’année dernière, la thématique choisie découle du séminaire transversal annuel du laboratoire, axé cette année sur la transition face à la crise climatique. Cependant, cette nouvelle saison se renouvelle dans son format, désormais animé à deux voix et décomplexé au-delà des 15 minutes de la saison 2.

Pour ce premier épisode, nous accueillons Nicolas Buclet, chercheur au sein de l’équipe Villes et territoires, qui analyse des initiatives locales de développement au regard des principes de la durabilité et qui en présente ici un exemple concret à travers la gestion de l’eau dans une région de l’Inde.

Des projets « à contre-courant » ?

Les initiatives sur lesquelles Nicolas a travaillé se veulent en rupture avec ce que l’on définit comme « le régime conventionnel dominant ». Ce régime correspond ay système économique qui se base sur un certain nombre de croyances modernes : le bonheur par l’accumulation de biens, la maitrise de l'environnement par nos progrès scientifiques et technologiques, ou encore la capacité à se rendre partout dans le monde en un temps réduit. Un régime qui se caractérise aussi par son industrie de masse et son libre-échange à l’échelle mondiale, tendant par ailleurs de plus en plus vers la privatisation des activités humaines afin d’en étendre le marché.

 

Le cas du district d’Alwar en Inde

Dans un tel contexte, le cas de la gestion de l’eau en Inde est édifiant, puisqu’il propose un exemple d’initiative locale reposant sur un savoir traditionnel qui s’était perdu au cours des dernières décennies. L’exemple présenté par Nicolas se localise dans le district d'Alwar au Rajasthan, une région à peine plus petite que l’Isère. Ce district a souffert d’une absence de gestion de l’eau menant à une désertification de la région, avec pour principales conséquences l’amenuisement des rendements agricoles et l’exode de la population vers les grandes villes. D’autre part, l’approvisionnement en eau retombant sur les filles, l’éloignement géographique croissant des réserves d’eau a progressivement entrainé la déscolarisation de ces dernières, contraintes d’aller toujours plus loin pour aller chercher de l’eau. Une situation complexe, régressive, et qui pré-existait avant même la crise climatique puisque c’est la modernisation du pays dans les discours, non suivie d’effets, qui a provoqué la disparition des savoirs.

 

Créer des réservoirs pour rescolariser les filles

Devant la gravité de la situation, un groupe d’ingénieurs s’est penché sur la question, avec pour premier objectif l’accroissement du niveau d’éducation des enfants, comme fondement à l’amélioration du niveau de vie dans la région. Une ambition qui n’a pourtant trouvé aucun écho dans la population, jusqu’au jour où l’un d’entre eux, Rajendra Singh, comprit qu’ils prenaient le problème dans le mauvais sens. En effet, le besoin primaire de la population n’était pas l’éducation, mais l’accès à l’eau. Les techniques traditionnelles de gestion de l’eau, effective jusque dans les années quarante, avaient été oubliées : de grands réservoirs d’eau, appelés « johads », capable de stocker l’eau de la mousson des années durant. Rajendra Singh a ainsi entrepris, seul et pendant 4 ans, la construction d’un nouveau johad pour en tester l’efficacité. Une intuition qui a fait mouche, puisque les résultats ont été si spectaculaires que la population a repris l’initiative, permettant la construction ou reconstruction de plus de 4000 johads.

 

Rien qu’avec cet apport en eau, les rendements ont été multipliés par 50, mais les retombées positives ne s’arrêtent pas là : l’accès facilité à l’eau a rendu caduque la fameuse « corvée d’eau » qui monopolisait les filles en lieu et place de l’école, ce qui a finalement abouti à une rescolarisation des enfants. Ainsi, la redécouverte de savoirs traditionnels a finalement permis de régler un problème selon des principes (réciprocité, proximité, accroissement de la capabilité, démocratie participative, partage des savoirs) en rupture avec le « régime conventionnel dominant ».

 

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Acast : https://shows.acast.com/in-pacte

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InPacte est une création du service communication de Pacte et d'Emilie Wadelle