Bienveillance en réunion
Publié par Jean Claude Serres, le 8 mars 2016 3.6k
Conduire une réunion comme un «atelier de parole» conforme à un exercice de pleine bienveillance conduit à s’interroger sur l’usage de la violence dans le langage.
Les postures de violence peuvent servir la bienveillance tout aussi bien que la malveillance. Le langage est porteur de violence par les mots utilisés, par le contenu, par la forme et par les intentions qui conduisent et orientent la parole. Le questionnement portera sur les principes puis sur les modalités pratiques d’animation des réunions.
Principes de pleine bienveillance :
Conduire une réunion comme un «atelier de parole» consiste à ce que chacun puisse rencontrer l’autre (les autres) dans une conversation en profondeur. En partant des fondamentaux de l’éducation populaire, chacun de nous est porteur d’un regard singulier sur le monde, de valeurs et d’engagements. Cela caractérise sa citoyenneté. Chacun est doté de compétences et d’intelligences autant fortes que singulières.
Dans la posture d’écoute, quand nous percevons en nous le besoin de contredire, d’argumenter dans un sens différent, d’être en désaccord avec le propos d’une personne, c’est un signe manifeste que nous avons raté quelque chose et que nous ne l’avons pas rencontrée.
Rencontrer l’autre consiste à mettre nos pieds dans les siens: à être en empathie avec lui et à nous soustraire de nos propres convictions, valeurs et préjugés. Rencontrer l’autre consiste à le respecter (cela ne veut pas dire approuver) et à essayer de comprendre pourquoi et pour quels buts ce qu’il dit «résonne» en lui, a du sens, est une pensée intelligence et engagée, conforme à sa carte du monde. S’il reste un défaut de compréhension, il nous faut questionner pour comprendre le sens le pourquoi et le but. La parole de l’autre est un témoignage très réducteur de la cohérence et de la richesse de sa pensée.
Contester ou contre argumenter revient à refuser de prendre en compte le bien fondé de la parole de l’autre. Nous devons apprendre à sortir des logiques de « débat démocratiques» et surtout abandonner les postures de dictatures majoritaires (choix par vote) pour respecter la singularité et la richesse de chacun. Si chacun témoigne avec sincérité et profondeur de ses choix de vie de ses convictions et de sa carte du monde, dans une écoute de pleine attention, alors chacun pourra s’enrichir de la singularité des autres et petit à petit infléchira sa route vers une aventure collective. Cela s’appuie sur la confiance en l’autre, à son intelligence, à sa capacité d’adaptation. C’est cela le principe de la stratégie du projet latéral : se nourrir de la différence, de la diversité, des singularités des motivations individuelles pour faire chemin ensemble.
Voir dans ressources jointes :
L'article complet avec les modalités pratiques de conduite de réunion en pleine bienveillance et la prise en compte dans le champ pédagogique
une approche neuroscientifique du "cerveau attentif"
une synthèse des apports en provenance du neurocercle grenoblois