Communauté

Science F(r)ictions

Mon meilleur ami est un robot - Atelier d'écriture de science-fiction - Collège Picasso - 23 mars 2017

Publié par Li Cam, le 7 avril 2017   3.7k

J’interviens pour la troisième et dernière fois au collège Picasso dans deux classes de 3ème, pour animer un atelier d’écriture de science-fiction autour du thème : « Mon meilleur ami est un robot » (lire le compte-rendu de la 1ère intervention et de la 2ème).

Jusque là, les jeunes se sont montrés très intéressés et plein d’idées. Lors de notre dernière rencontre, je leur ai annoncé qu’ils devaient commencer à écrire et que l’objectif de l’intervention d’aujourd’hui serait d’échanger sur leur expérience.

Le 19 février, nous avions évoqué l’angoisse de la page blanche.

En entrant dans la classe, je suis un peu inquiète mais surtout curieuse de découvrir ce qu’ils ont pu produire grâce aux conseils que je leur ai prodigués.

Il est 8h05, les jeunes finissent de s’installer. Je les salue et leur demande comment ils vont, puis vient la question fatidique :

- Qui a écrit quelque chose ?

(Bruits de cartables et de sacs qui s’ouvrent.)

Les trois quarts des jeune sortent une feuille double, qu’ils posent devant eux. Un rituel que je reconnais et qui ne manque pourtant pas de me surprendre.

Étonnée, je demande qui n’a pas réussi à commencer son texte. Quelques doigts se lèvent. J’interroge alors ceux qui ont commencé et bien avancé afin qu’ils fassent profiter le reste de la classe de leur expérience.

- Au début, je ne savais pas par où commencer. Mais après, c’est venu tout seul.

La première phrase est la plus difficile à coucher sur le papier. Pour les auteurs en herbe, comme pour les auteurs professionnels.

Lorsque je leur demande s’ils sont contents de leur travail, la réponse est unanime : ils sont tous fiers et très contents d’avoir réussi à écrire un texte.

Et quand je leur demande pourquoi, la réponse est encore une fois unanime :

- Parce que c’est notre histoire, c’est nous qui l’avons écrite, avec nos idées.

Je leur explique alors que le plus important, ce sont les idées et que le reste - la grammaire, l’orthographe, la syntaxe, l’élégance du style - s’apprend. On peut bien écrire et ne rien avoir à dire. Dans ce cas, bien sûr, il n’y aura pas de texte et aucune chance qu’il n’y en ait jamais. Par contre, il n'y a aucune raison que l'on ne puisse pas écrire quand on a des idées.

De nos jours, les jeunes sont complexés vis-à-vis de l’écrit, on leur dit trop souvent qu’ils ne savent pas écrire, qu’ils font beaucoup de fautes d’orthographe et de grammaire. Ils sont persuadés que le monde de l’écrit ne leur est pas destiné.

Une jeune fille m’annonce qu’elle a déjà écrit plus de dix pages et qu’elle a commencé le deuxième chapitre. Nous étions censés écrire une nouvelle de deux ou trois pages, mais déjà la plume de quelques jeunes réclame plus de libertés.

Je leur demande ensuite ce qu’ils ont pensé du thème et de leur première expérience en tant qu’auteur de science-fiction. La réponse qu’ils m’offrent me fait énormément plaisir.

Ils ont eu une expérience similaire en littérature générale, ils ont dû écrire un texte sur le harcèlement. L’expérience semble ne pas avoir été concluante. En tout cas, à leurs yeux.

Ils préfèrent écrire de la science-fiction parce que :

« Écrire sur des choses qui n’existent pas, avec la science-fiction, c’est plus facile et on peut parler quand même des problèmes. »

Ils ont compris ce que permet la science-fiction et de façon plus large, les littératures de l’Imaginaire.

La science-fiction ne sert pas qu’à imaginer l’avenir, elle sert surtout à prendre de la distance, ce qui permet d’aborder les problèmes sereinement et peut-être, qui sait, de trouver le courage de les dépasser, de les affronter.

Les textes des élèves de 3ème du collège Picasso seront publiés sur le site Echosciences fin avril ou début mai.

« Et si mon meilleur ami était un robot…

et si un jour il tombait en panne…

et si les robots se retournaient contre les êtres humains.

Et si ils faisaient la révolution…

Et si un jour le président de la république était un robot… »

Je suis très impatiente de lire leurs nouvelles de science-fiction et extrêmement fière des élèves du collège Pablo Picasso à Échirolles.

Rendez-vous dans quelques semaines !