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La parole intérieure et ses diverses modalités

Le mystère des voix intérieures

Conférence par Hélène Lœvenbruck, Directrice de recherche CNRS, Laboratoire de Psychologie et Neurocognition, responsable de l'équipe Langage

Voici ce qu'en dit Philosophie Magazine:

Elle est au plus profond de chacun d’entre nous, elle double la moindre de nos sensations comme chacune de nos conversations : c’est notre voix intérieure. Mais est-ce une voix, si elle est silencieuse ? Se distingue-t-elle de moi, si elle me permet d’entrer en contact avec moi-même ? Et quel rapport entretient-elle avec le langage articulé ? Voilà les questions que soulève Hélène Lœvenbruck, s’inspirant autant des neurosciences que de philosophie et de littérature. L’endophasie – du nom que donna à notre monologue intérieur le médecin Georges Saint-Paul en 1892 – est l’effet d’une forme d’inhibition : alors que l’enfant dit tout haut ce qui lui passe par la tête, l’adulte a appris à intérioriser et à contrôler son flux de conscience.

Le langage intérieur, qu’on appelle aussi petite voix dans la tête, pensée verbale ou endophasie, peut prendre des formes diverses selon les individus ou les situations. Ces variations de format, repérées assez tôt par les philosophes et les écrivains, ont entrainé des débats sur la nature auditive, visuelle, motrice ou amodale de l’endophasie. Les neurosciences cognitives, avec leurs outils expérimentaux et leurs modèles théoriques, permettent de confirmer expérimentalement certaines intuitions sur la nature de l’endophasie et de mieux expliquer l’origine des variations.
Les neurosciences cognitives permettent de mieux comprendre la fonction de l’endophasie. Les tests de psycholinguistique révèlent que, pour de nombreux individus, l’endophasie joue un rôle central dans la cognition, notamment dans la mémoire de travail, la mémoire autobiographique, le calcul, la résolution de problème, la prise de décision, la planification l’anticipation de situations futures. L’endophasie a également un rôle métacognitif : elle renforce la conscience de soi, c’est-à-dire la reconnaissance de sa propre existence. L’endophasie permet aussi l’auto- régulation, l’auto-critique, l’auto-encouragement, l’auto-réconfort.