La science au "coeur" de l'Himalaya

e Manaslu au Népal : un décor de rêve pour une expérience humaine et scientifique exceptionnelle. Un double enjeu : comprendre les effets de l’altitude sur l’organisme et tester à 5000m un masque qui pourrait minimiser les effets délétères, et parfois dangereux, de l’altitude.

Une personne sur deux est touchée par le mal aigu des montagnes (MAM) au-delà de 4000m, trois sur quatre au-dessus de 5000m. Le MAM est souvent considéré comme un état intermédiaire susceptible de conduire à des pathologies plus graves liées à l’intolérance à l’altitude telles que l’œdème pulmonaire de haute altitude et l’œdème cérébral de haute altitude. Ces questions sont importantes puisque aujourd’hui le tourisme d’altitude se développe très rapidement (Andes, Himalaya, Pamir,…), et que de nombreuses personnes, parfois très peu sportives, se lancent sur les chemins montagneux.

A l’heure actuelle, seules deux solutions non-médicamenteuses efficaces existent pour le traitement de ce MAM et de ses conséquences à l’altitude :

la redescente immédiate, la plus efficace mais pas toujours aisée sur le terrain (selon la météorologie, la topographie environnante, l’obscurité nocturne, etc.)

la seconde est l’utilisation d’un caisson hyperbare quand cette technologie est disponible et maitrisée par les personnes présentes, ce qui est loin d’être systématiquement le cas.

Dans ce contexte, nous avons déjà montré dans notre laboratoire en condition d’altitude simulée, que l’ajout d’un équipement de type masque portatif induisant une résistance à l’expiration permettait de prévenir ou de minimiser les effets délétères de l’altitude. Ce masque pourrait révolutionner la pratique de l’alpinisme en simplifiant le traitement (ou la prévention) de l’intolérance à l’altitude !

Il est maintenant temps d’aller tester ce masque en condition réelle sur un terrain de trekking !

Déroulement de l’expédition

Fin mars 2015, 5 groupes de 10 personnes (nous serons dans le premier groupe) vont partir de Katmandou avec 1 jour d’intervalle chacun. Nous allons réaliser un trek de 10 jours pour monter jusqu’au camp de base (repéré par une équipe népalaise) à proximité du Larkya Pass (5215m). Arrivés là-haut, nous allons rapidement installer les tentes avec le matériel scientifique nécessaire car les premières évaluations commenceront dès le lendemain matin ! Tous les matins pendant 5 jours, nous évaluerons le groupe de personnes arrivées la veille au soir au camp de base.

Nous effectuerons les tests grâce à des appareils portatifs à la pointe de la technologie médicale. Dans un premier temps, nous allons étudier le lien physiopathologique et les mécanismes sous-jacents entre les perturbations cardiovasculaires (cœur, vaisseaux pulmonaires et cérébraux) et l’intolérance à l’altitude. Ensuite, nous rajouterons une résistance à l’expiration grâce au masque et 1) nous vérifierons qu’il permet de prévenir les symptômes de l’intolérance à l’altitude et 2) nous étudierons pour la première fois ses effets sur le système cardiovasculaire. Après 4 jours d’acclimatation à 5000m, cette batterie de test sera reconduite afin de voir les adaptations du corps humain à cette altitude élevée.

Après 10 jours au camp de base, il sera temps de boucler le tour du Manaslu avec une descente en 3 jours jusqu’à Beshishahar.