5 questions à... Cyrille Doux
Publié par Echosciences Grenoble, le 29 septembre 2025
À travers cette série, nous mettons en lumière les chercheurs et chercheuses qui participent à la Fête de la science 2025 en Isère. L’objectif : découvrir leur parcours, comprendre leur métier et mieux appréhender les enjeux de leurs recherches.
Suite de la série avec Cyrille Doux, Chercheur en cosmologie au Laboratoire de Physique Subatomique et de Cosmologie (LPSC).
Retrouvez toutes les informations sur la Fête de la science 2025 en Isère
1. Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire de la recherche ?
J’ai toujours été attiré par l’invention, la découverte et par l’envie de comprendre comment les choses fonctionnent, du plus concret au plus abstrait. À l’école, je me suis rapidement passionné pour les mathématiques et les sciences expérimentales, puis progressivement pour la physique fondamentale, afin d’explorer à la fois l’infiniment petit (les particules et forces élémentaires) et l’infiniment grand (l’Univers). Après le bac, j’ai intégré une classe préparatoire sans trop savoir si j’en avais les capacités. Finalement, cela s’est bien passé, et ce parcours m’a conduit assez naturellement jusqu’à une thèse. Avec un peu de chance, et aussi beaucoup de moments intenses, j’ai ensuite eu l’opportunité de décrocher un poste au CNRS.
2. Sur quoi portent vos recherches en ce moment ?
Mes travaux portent sur l’expansion de l’Univers. On sait depuis près d’un siècle, grâce aux observations de Hubble, que l’Univers est en expansion : à grande échelle, chaque point de l’espace voit tous les autres s’éloigner. Et depuis la fin des années 1990, on sait aussi que cette expansion s’accélère — un phénomène encore inexpliqué, bien que de nombreuses hypothèses existent.
Pour l’étudier, je participe au projet LSST (Legacy Survey of Space and Time) du télescope Vera C. Rubin, qui va cartographier le ciel de façon inédite pendant dix ans. En exploitant ces observations, et notamment l’effet de lentille gravitationnelle, j’essaie de retracer l’évolution de l’Univers dans l’espace et dans le temps, afin de comprendre comment sa structure — galaxies, amas, halos et immenses vides cosmiques — s’est formée et transformée sous l’effet conjugué de la gravité et de l’expansion.

Une des premières images de l’observatoire Vera C. Rubin.
3. Y a-t-il une idée reçue que vous aimeriez voir disparaître dans votre domaine ?
Oui, l’image du Big Bang comme une gigantesque explosion jaillissant d’un point précis. En réalité, le Big Bang est le scénario soutenu par toutes les observations : l’Univers primitif était partout très chaud et très dense, avant de se refroidir et de se diluer peu à peu, permettant la formation des premiers atomes, puis des étoiles et des galaxies. Le Big Bang ne s’est donc pas produit “quelque part”, mais bien partout à la fois.
4. Comment participez-vous à la Fête de la science cette année ?
Je participerai à un débat sur l’expansion de l’Univers aux côtés d’Aurélien Barrau, un collègue de mon laboratoire. Il apportera un regard plus théorique, tandis que je présenterai une approche expérimentale, liée à de grands relevés comme LSST. Nous discuterons aussi des impacts de la recherche scientifique, notamment sur le plan environnemental, lors de cette soirée organisée le 9 octobre au LPSC Grenoble.
5. Menez-vous des actions de médiation scientifique auprès du grand public en dehors de la Fête de la science ? Si oui, sous quelle forme ?
Oui. Avec un ingénieur de mon laboratoire, j’encadre des stages d’observation pour des collégiens de troisième. L’idée est d’ouvrir nos portes au plus grand nombre, de montrer la diversité des métiers scientifiques et de lutter contre l’autocensure. Nous avons encore des places disponibles cette année !
🧠 Question bonus : Si vous deviez représenter l’intelligence avec un objet ou une image, que choisiriez-vous ?
C’est une question difficile, car l’intelligence reste une notion assez floue. J’imaginerais une entité nébuleuse qui pulse, se meut et se connecte en permanence à d’autres nébuleuses similaires… quelque chose de vivant et d’intrinsèquement indéfini.