5 questions à... Jan Orkisz
Publié par Echosciences Grenoble, le 5 septembre 2025
À travers cette série, nous mettons en lumière les chercheurs et chercheuses qui participent à la Fête de la science 2025 en Isère. L’objectif : découvrir leur parcours, comprendre leur métier et mieux appréhender les enjeux de leurs recherches.
Suite de la série avec Jan Orkisz, astronome et chercheur à l'Institut de Radio-Astronomie Millimétrique (IRAM).
Retrouvez toutes les informations sur la Fête de la science 2025 en Isère
1. Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire de la recherche ?
Plus qu'une envie précise de devenir chercheur, j'ai surtout eu très tôt l'envie de tout faire pour continuer à assouvir le plus possible et le plus largement possible ma curiosité, à être toujours un apprenant (élève, étudiant...). Mais le système d'enseignement ne me permettant guère de passer plus de 5 ans au-delà du bac, sans parler de la nécessité d'un jour gagner sa vie, m'ont donné la solution : quand je ne pourrai plus avoir de profs pour apprendre, je devrai apprendre par moi-même ou avec des pairs, et je serai donc chercheur. Une bonne part de mes loisirs s'inscrivent dans cette logique aussi !
2. Sur quoi portent vos recherches en ce moment ?
Pour mon domaine de recherche (et avant ça mon parcours d'études) les choix se sont fait plus progressivement en fonction des préférences du moment. J'aurais pu finir linguiste ou archéologue, mais je suis actuellement astrophysicien, et j'étudie en particulier la structure et les mouvements des nébuleuses de gaz froid au cœur desquelles se forment les étoiles. Et parce que c'est plutôt connu du public, mon bout de ciel de prédilection se trouve dans les environs de la Nébuleuse de la Tête de Cheval, un peu en bas à gauche de la Ceinture d'Orion.

Fragment de la nébuleuse d'Orion autour de la Tête de Cheval, à gauche tel qu'on le voit en lumière visible, au milieu une carte de la présence de différentes molécules détectées en ondes radio, et à droite les mouvements du gaz (décalés vers le bleu ou vers le rouge) mesurés grâce aux ondes radio.
3. Y a-t-il une idée reçue que vous aimeriez voir disparaître dans votre domaine ?
En astronomie je suis plus particulièrement radio-astronome, et, autant le grand public a une assez bonne perception de ce que fait un observatoire optique, autant pour les observatoires radio, on s'imagine souvent (probablement à cause du terme "radio" et de l'allure de nos antennes) que nous communiquons (ou tentons de communiquer) des signaux avec d'autres intelligences dans le cosmos, et/ou que nous émettons de dangereuses ondes... Hors non, comme tout autre observatoire (qu'il soit optique, infrarouge, X, ou gamma, qu'il soit basé au sol ou en orbite), un observatoire radio cherche "juste" à obtenir des images et des spectres des objets spatiaux - et pour ça doit il doit émettre le moins de rayonnement possible pour ne surtout pas polluer les très faibles rayonnements reçus !
4. Comment participez-vous à la Fête de la science cette année ?
Pour la Fête de la science, je participerai à une conférence à Cosmocité (Pont-de-Claix) en duo avec l'autrice de science-fiction Chloé Chevalier, sur la quête de possibles intelligences ailleurs dans l'Univers. Par le prisme de la littérature et de l'astronomie, nous essayerons de discuter de la façon dont l'humanité a déjà essayé d'envoyer des messages dans l'espace, comment elle a imaginé ce genre de contacts cosmiques, comment les chercheurs explorent le sujet actuellement, et ce que tout cela dit de nous les humains.
5. Menez-vous des actions de médiation scientifique auprès du grand public en dehors de la Fête de la science ? Si oui, sous quelle forme ?
Actuellement, mes occasions les plus fréquentes de faire de la médiations sont liées au fait qu'en tant qu'astronome à l'Institut de Radio-Astronomie Millimétrique (IRAM), je suis régulièrement d'astreinte au télescope NOEMA sur le Plateau de Bure. Ce site exceptionnel attire la curiosité de divers organismes (médias, associations locales, écoles et universités), voire même des randonneurs, et quand durant mon astreinte une visite, une intervention de média ou autre intervention est organisée, je suis ravi de pouvoir contribuer à la médiation et de répondre aux questions sur la science qui peuvent être posées.
🧠 Question bonus : Si vous deviez représenter l’intelligence avec un objet ou une image, que choisiriez-vous ?
Le regard des gorilles m'a toujours beaucoup touché, par toute l'émotion et la communication que j'ai l'impression d'y lire. Parce qu'il y a bien d'autres intelligence dans cet Univers, et ne serait-ce que sur cette planète, que celle d'Homo sapiens, intelligences que nous ne savons pas toujours reconnaître, avec lesquelles nous ne savons pas échanger, ou si peu. Et puis, on attendrait sûrement qu'en tant qu'astrophysicien je choisisse comme symbole de l'intelligence un gros livre, un télescope, ou un supercalculateur, et bien non je préfère un gorille !