Cancel culture et crédit social : la mort annoncée de la liberté d’opinion ?

Publié par Yannick Chatelain, le 28 juin 2022   990

Par Chatelain Yannick. Professeur Associé chez  Grenoble École de Management , chercheur associé à la Chaire Dos, GEMinsights Content Manager.

La « Cancel Culture »  dans sa pratique met – entre autres – au pilori ceux et celles qui ne souscrivent pas à telle ou telle idéologie dominante, ou n’adhèrent pas à des « grandes causes » sociétales, osent les pondérer, ont l’outrecuidance de les contester ; pire encore accusent ceux et celles qui ne s’y plient pas à être complices des maux qu’ils dénoncent. Une approche qui peut aller jusqu’au lynchage sur internet pour un tweet maladroit ou une opinion jugée par les « Cancelers »  comme  « non conforme ».

La pauvreté intellectuelle de la «Cancel Culture », son manque cruel de profondeur, est aussi dramatique que flagrant. Elle tente de s’imposer sans la moindre nuance et gangrène, ou plutôt ampute toute forme de débat.

La Cancel Culture est, in fine,  la foule dans ce qu’elle a de plus bestial. Elle est la bête élémentaire que pointait André Suarès :   « La foule est la bête élémentaire, dont l’instinct est partout, la pensée nulle part. »

Cancel Culture : La culture de la censure

Si je devais donner une définition de la  « Cancel Culture » elle serait celle-ci : la Cancel Culture est d’abord une culture de la censure. C’est une « culture » violente et de masse. Elle voue aux gémonies quiconque n’adhère pas à ce qu’elle a désigné comme relever du bien qu’elle a défini. Elle ne supporte aucun contre-discours. Elle se nourrie de certitudes est allergique aux convictions, donc à toute forme de débats. S’y confronter sur des sujets de sociétés – entre autres – émettre une opinion divergente, dissonante, c’est prendre le risque d’être désigné comme un paria avec des conséquences qui peuvent aller jusqu’à la destruction « sociale ». La Cancel Culture, dans ce qu’elle donne à voir  n’est pas sans rappeler « La Terreur » cette période de la Révolution française entre 1793 et 1794 caractérisée par la mise en place d’un gouvernement révolutionnaire centré sur le Comité de salut public et le Comité de sûreté générale. Une terreur intellectuelle s’entend. Elle n’est compatible ni avec le libre arbitre, ni avec la liberté d’opinion, ni avec la liberté d’expression, ni la liberté de conscience. C’est aussi simple que cela. La Cancel Culture est une culture de l’oppression par la masse.

De fait, si nous n’y prenons garde, au travers des exemples que je vais évoquer la Cancel Culture pourrait bien s’avérer être à très court ou moyen terme une composante non négligeable de ce qui permettra – selon ses adeptes –   de prétendre définir les contours de ce qui serait un « citoyen vertueux ».

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Photo Crédit : The Justified Sinner on Visual Hunt  (CC BY-NC-SA 2.0)