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Le Master CCST

Histoire d’expo : une assiette comme tremplin

Publié par Pierre Chirsen, le 28 septembre 2015   4.4k

Voici l’histoire un soupçon romancée de la création et du parcours de l’exposition "Demain, à la carte" réalisée par les étudiants de M1 CST en 2014 / 2015, d’après une idée originale de Ludovic Maggioni.

2015 restera une année faste pour les M1 CST de Grenoble. Après un succès local incroyablement inattendu, c’est bien une tournée internationale qui attend ces étudiants que rien ne préparait à la notoriété. Retour sur l’expo « Demain, à la carte » et la formidable sucess story d’une bande d’étudiants désabusés qui prirent leur destin en main pour atteindre des sommets.

Il fallait agir, trouver une idée. Il fallait prendre son envol. Il fallait laisser libre cours à une créativité trop souvent bridée. Il fallait être sur ce fil tendu entre les mondes des sciences, des arts, des techniques et des sociétés. Une petite graine a fini par germer et le projet de monter une exposition pleine de sens s’est imposé à ce groupe. Ces étudiants de Master Communication Scientifique et Technique de l’Université Stendhal de Grenoble tenaient enfin leur dessein : une tablée de 18 assiettes thématiques comme autant de regards, traitant le sujet « Nourrir la planète en 2050 ».

Cliquez sur l'affiche de l'expo ci-dessous pour lire et télécharger sa présentation :

Une mosaïque de couleurs, odeurs, volumes

Meeting, brainstorming, sourcing, speaking et moults fighting ont fait émerger des soubresauts d’idées. Timides d’abord, puis de plus en plus affirmées et engagées. Les assiettes porteraient des messages forts à propos de la production, de la conservation, de la conduite du changement… Parfois, c’est un vieux rêve endormi qui s’éveille ; d’autres fois, une initiative individuelle entre en résonance avec une autre pour engendrer une fresque étonnante. Une mosaïque où les couleurs, les odeurs et les volumes se rencontrent et se répondent pour délivrer un regard singulier sur les pratiques alimentaires d’un hypothétique demain.

Son et lumière dans le pavillon de la Corée du sud

Le projet, et surtout le sujet, commençaient à faire des vagues. Les premières subventions sont issues de l’Université Stendhal et du CROUS de Grenoble. Le bouche à oreille fonctionnant, c’est la Région Rhône-Alpes qui s’engouffre dans la brèche et souhaite participer au projet, avec l’idée d’un mariage derrière la tête. En effet, mai 2015 annonce l’ouverture de l’Exposition universelle de Milan, avec pour thème « Nourrir la planète, énergie pour la vie ». Notre région prend activement part à la fête en tant que second financeur du pavillon France, et organise régulièrement des rencontres citoyennes afin de préparer au mieux son passage à Milan. L’équipe d’étudiants est alors conviée à assister a ces quatrièmes rencontres régionales qui ont lieu à la Cité de la Mode et du Design à Saint-Etienne. L’occasion est trop belle, les sources d’inspirations sont grandes pour faire mûrir esthétiquement les assiettes. Ce lieu d’exception qui allie l’utile, l’ergonomique et le beau est une découverte pour ces étudiants, plus habitués à contempler un monde technologico-technique aseptisé.

Pas de tour de chauffe ni de répétition générale, le vernissage attendra. C’est lors de la cinquième rencontre régionale de préparation à l’Exposition universelle que sera exposée pour la première fois la belle tablée, sous le doux nom de « Demain, à la carte ». Et c’est le point de départ de l’irrésistible ascension de ce projet qui ne payait pas de mine. Les membres de la région furent emballés et proposèrent d’envoyer une délégation à Milan pour présenter cette série de couvert au pavillon France de l’Expo Universelle de Milan.

L'arbre de vie, symbole de l'Exposition universelle de Milan 2015

La jeunesse scientifique locale en Italie

Embarquement pour l’Italie donc, pour un trajet collectif qui se verra être un lieu unique de rencontre. Pour unir les fiancés Auvergne et Rhône-Alpes, c’est une trentaine d’étudiants de ces deux régions qui est invitée à participer à la rédaction d’une Charte au nom de la jeunesse scientifique. Provenant d’écoles doctorales auvergnate, d’écoles d’ingénieurs Lyonnaises ou encore d’universités grenobloises, ces étudiants accompagnés d’experts auront pour mission de rédiger une série d’engagement que les régions devront prendre, sur trois sujets : nutrition-santé, agriculture de précision et systèmes durables.

Le travail de réflexion et de rédaction de la charte allait solliciter du temps à ces étudiants, cloîtrés dans une sombre salle du pavillon France. Ce pavillon, au coeur d’une exposition universelle ou la démesure et l’extravagance sont les maîtres mots. Bien placé entre l’austère pavillon du Saint-Siège et le festif Hollandais, le pavillon de l’Hexagone se veut être une arche des traditions gastronomiques françaises. Surplombé par le luxueux café des chefs, c’est une nouvelle fois une image du luxe et de la bourgeoisie qui est proposée au monde, l’auto-promotion à la française. Mais ce pavillon est finalement très discret, en comparaison avec les monuments Brésilien, Azerbaïdjanais, ou encore Coréen.

Montagne de conserves du pavillon de la Corée du sud

Ces jeunes scientifiques n’ont pas le temps de chômer, au travail à toute allure, entre la rédaction d’un plaidoyer, la formulation de quatorze engagements homériques et une présentation précipitée devant la presse. Ajouté à cela, le désir boulimique de visiter par le menu cette exposition universelle si proche, un vent frondeur s’est éveillé au sein de certains groupes de travail, préférant la fuite en avant et allant puiser de l’inspiration ça et là au gré des pérégrinations entre les pavillons.

Escargots et jardin secret

En marge de la réalisation collective de la charte, il est indispensable de narrer quelques jolies bribes d’histoires écrites par ces néo-artistes responsables de « Demain, à la carte ». En vrac, la découverte de l’inattendu jardin secret Hongrois, la sensibilisation à des cultures et à des technologies nouvelles, le plaisir de naviguer dans les allées aux dimensions irrationnelles de l’expo, l’extravagance délirante du show Japonais, le voyage humide et tropical en Autriche, l’émerveillement dans un pavillon Allemand qui sortait du lot, un diner léger à base de smorne en Slovénie, ou bien encore une chevauché endiablée d’escargots géants au coeur de Milan, telles ont été rapportées leurs aventures. Et bien sûr, un nouveau succès de l’exposition, dés la sortie du bus et particulièrement bien accueillie par les agents de sécurité du lieux, entres autres.

Pont de singe du pavillon du Brésil

Le retour au bercail est synonyme d’une période de doute pour le devenir de l’exposition, comment la faire vivre ? Comment l’exposer à nouveau ? Fort heureusement, le calendrier s’est vite rempli ! L’exposition « Demain, à la carte » sera belle et bien en tournée en Rhône-Alpes dés le mois de septembre 2015. Et, ce n’est que le début de l’histoire …

>> Crédits : Kristina Alexanderson (Flickr, licence cc), Pierre Chirsen, Julien Ridouard, Julie Ruelle et Ludovic Maggioni