[Podcast] Conséquences économiques et financières de la crise de la covid

Publié par Laboratoire Pacte, le 20 avril 2021   470

Pour ce deuxième épisode de la nouvelle saison d’InPacte, nous avons invité Jean-François Ponsot, professeur de sciences économiques à l'Université Grenoble Alpes, qui nous a présenté son analyse des conséquences économiques et financières de la crise de la Covid19 :

 

 

Derrière la pandémie, une crise économique inédite…

Pour commencer, Jean-François nous explique que la crise de la Covid19 a d’inédit une brutalité et une profondeur inégalée depuis un siècle. A titre d’exemple, la création de richesse en France l’année passée a diminué de 10%, un retard qui mettra au moins quatre ans à être rattrapé et qui n’avait encore jamais été observé.

 

Cet aspect inédit tient d’abord de sa globalité, puisque la crise touche l’ensemble des pays du monde. De ce fait, elle est causée à la fois par un facteur externe – le nouveau coronavirus – mais aussi par des facteurs internes – la gestion de l’épidémie par le gouvernement.

 

D’autre part, la crise économique impacte aussi bien l’offre que la demande, puisque non seulement la production s’est vue brutalement stoppée, mais que des secteurs entiers se sont également retrouvés sans revenus, donc dans l’incapacité de consommer. En conséquence, les gouvernements ont activé des politiques budgétaires tout aussi inédites pour débloquer de nouveaux fonds, allant de pair avec une relance de l’expansion monétaire par les banques centrales.

 

Enfin, la crise de la Covid19 a entrainé une véritable opportunité de transformation numérique pour les secteurs prêts à s’adapter (télétravail, click and collect…), au détriment des petits commerçants et artisans pour lesquels cette transition n’a pas été possible, accroissant encore davantage les inégalités entre les agents économiques…

 

…Qui met en lumière des vulnérabilités préexistantes

Il est bon, néanmoins, de rappeler que certaines dynamiques étaient déjà à l’œuvre avant la crise de la Covid19, qui a agit comme un révélateur. A titre d’exemple, la pénurie de Doliprane de l’an dernier est édifiante : la France s’est rendue compte de sa dépendance aux importations chinoises sur des produits de base, amenant dans le même temps une interrogation sur la démondialisation, les frontières et la souveraineté ; questions qui relèvent du champ des sciences sociales mais qui peuvent être traitées de bien des façons, positivement comme négativement.

 

Pour en revenir aux inégalités accrues par la crise, elles étaient déjà évidentes, surtout en ce qui concerne l’écart entre les pays en voie de développement et les pays développés. L’accès au vaccin illustre bien la situation : limité ou inexistant pour les premiers mais prioritaire pour les seconds… De plus, des secteurs entiers sont en cours de fermeture suite à la crise, tandis que d’autres y ont vu le moyen de progresser davantage. Quant à la situation individuelle des ménages en France, il a été annoncé cet été que leur épargne était en forte augmentation, alors qu’un regard plus approfondi nous apprend que ce sont les ménages les plus aisés qui voient leur épargne augmenter, tandis que les plus précaires s’endettent toujours plus.

 

Vers de nouveaux champs d’études en économie ?

Il est évident que l’ensemble de ces facteurs a amené les économistes à s’interroger et à se renouveler.  Selon Jean-François Ponsot, certains ouvrent le débat en parlant de « retour à Keynes », un économiste du XXe siècle connu pour son utilisation du concept de politique budgétaire induisant que, lorsqu’il y a une récession, il faut augmenter les dépenses publiques pour relancer la machine économique. Ce modèle pourrait ainsi s’appliquer pour dépasser la crise de la Covid19 et essayer de sauver certains secteurs, en bref de « limiter la casse ». Il faut en effet noter que, pour les économistes, la dette n’est pas un problème – ou tout du moins, pas aujourd’hui. La question de son remboursement ou de son annulation fait bien débat, mais dans une vision à plus long terme.

 

Les chercheurs se posent en outre un certain nombre de questions autour du rôle de l’Etat. En effet, jusqu’à présent, les économistes libéraux ou néo-libéraux avaient tendance à vouloir limiter son intervention à la correction des défaillances du marché. Hors, dans le cadre de la crise de la Covid19, le problème est plus profond et n’est pas simplement lié à une telle défaillance. De fait, les économistes appellent finalement à une implication plus forte de l’Etat pour sortir de la crise, ce qui va plus ou moins à contresens de leur position initiale.

 

Enfin, la crise a apporté un renouveau d’ordre méthodologique chez les économistes, dont les travaux tendent de plus en plus vers l’interdisciplinarité. De nouvelles connexions se font, permettant aux chercheurs de produire des travaux d’une utilité nouvelle pour les décideurs publics en matière de politique de santé. Dans le même sens, le déploiement du télétravail et la transition numérique amènent certaines économistes à joindre leurs efforts à ceux de spécialistes en sociologie du travail, voire à d’autres champs disciplinaires qui étaient jusque-là plutôt cloisonnés. De quoi largement alimenter la recherche pour les années à venir.

 

 

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