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Mémoires du Futur

L'espace décisionel granulaire

Publié par Jean Claude Serres, le 12 mars 2016   2.9k

A ) Echauffement

Question de pouvoir

  • Pouvoir comme statut, comme système, comme relations
  • Pouvoir comme relations hiérarchiques, institutionnelles, affectives, influentes ou manipulatoires
  • Pouvoir contagieux comme le stress
  • Pourvoir comme autorité abusive, de compétence ou de reconnaissance
  • Pouvoir comme posture de dominant (dirigeant), de délégation (managers et petits chefs) ou de dominé (soumission)

Le pouvoir comme la force en mécanique, deux concepts symboliques d’un espace vectoriel, représentatif ou modèle de ce qui déforme, déplace ou transforme, localement ou à distance

Le pouvoir comme produit relationnel d’un regard porté sur l’autre

Le pouvoir du regard réflexif sur l’imaginaire du pouvoir, de la gouvernance et des systèmes décisionnels….


B) Prise de recul hors du cadre :

La théorie générale de la relativité explique d’une manière aussi simple qu’élégante comment le cosmos est advenu. Dans l’infiniment petit la mécanique quantique explique à sa façon d’une manière non intuitive la nature ondulatoire et corpusculaire des particules. Ces deux théories aussi pertinentes dans leur contexte ne se rencontrent pas. La description de la dizaine de particules qui composent l’ensemble des objets de notre univers est constituée d’équations prenant en compte des constantes multiples afin que les expérimentations concordent avec le modèle théorique. C’est un peu comme si on en était encore au système de Ptolémée.

Carlo Rovelli propose de penser l’ensemble de l’univers comme inclus dans un espace, champ gravitationnel, discontinu et doté d’une infinité de grains. Chaque grain a son propre temps relatif. Le temps disparait des équations générales. Dans ce cadre notre univers serait le rebond d’un trou noir lui même constitué par l’effondrement sur elle même d’une étoile morte ayant existé dans un autre univers, du multivers. L’espace devient ainsi un phénomène physique pouvant être décrit par le modèle mathématique d’une géométrie non euclidienne : l’espace courbe ex la terre avance tout droit dans un « espace courbe ». Nous pouvons nous laisser porter par la poésie de l’auteur d’un petit bijou : 7 brèves leçons de physique.

Une des propriétés de la mécanique quantique caractérise l’aspect étrange, corpusculaire et ondulatoire de chaque particule. L’électron n’existe que lors de sa confrontation à une autre particule ou à la mesure effectué par un observateur. Nulle théorie ne peut prévoir la trajectoire d’un électron touché par un photon, qui va l’obliger à changer d’orbite autour du noyau.

Dans le cerveau humain constitué de 80 à 100 milliards de neurones et de 100 000 milliards de synapses, la synapse fonctionne dans un univers ou contexte quantique. Un signal (neurotransmission) dans l’espace inter synaptique va être réceptionné par des particules dont la durée de vie est bien inférieure à la durée de transmission du signal. Nous pouvons considérer que le cerveau humain contient dans 1,4 kg (80% de fluide et 10 à 20% de cellules neurones et gliales) à la fois l’infiniment petit quantique des synapses et l’infiniment grand des réseaux et assemblés de neurones, capable de donnée vie à la noosphère de chacun et d’animer le corps de l’individu. La fonction essentielle du cerveau est un centre de traitement des informations, c'est-à-dire de prise de décisions pour vivre penser et agir dans le monde.


C ) Espace décisionnel granulaire

Nous pouvons considérer que chaque être vivant (mousses algues, insectes, animaux et humains est traversé par multiples flux informationnels internes et externes. Nous pouvons aussi considérer que l’ensemble des être vivants évolue dans un espace discontinu de grains de décisions. En ce qui concerne les humains et les flux informationnels liés à la noosphère on peut encore considérer que chaque grain de décision est constitué de quelques pas de traitement : Collecte - Evaluation - Choix - Action - Contrôle de pertinence. La grande majorité de ces grains sont traités de manière quasi immédiate et inconsciente. Quand l’inconscient se trouve en difficulté de décider, il fait émerger un état de conscience singulier résultant de la synchronisation singulière autour d’un problème. Le traitement sera séquentiel itératif (inconscient - conscient) produisant par exemple un raisonnement logique avec peu de variables prises en compte. Cet espace granulaire décisionnel est multi déterministe. Il constitue un système ouvert, intégrateur, dérivateur et chaotique suivant le contexte. Il est nourri par au moins quatre familles de contraintes : les contraintes du passé vécu, les contraintes de l’ensemble des possibles de l’avenir (mémoire du futur), les contraintes du contexte présent et les contraintes d’interdépendances avec les autres familles de décisions parallèles (ex copilotage du chant et du besoin de respirer).

Dans ce champ de gravité décisionnaire potentiel, les postures de pouvoir vont émerger : attributs de pouvoir, relations de pouvoir : dominant ; dominant-dominé ; dominé. Ces postures viendront orienter l’espace granulaire décisionnel individuel et collectif de manière singulière.

Ces trois temps du propos sont une invitation à repenser notre rapport à l’imaginaire de la prise de décision et de l’exercice du pouvoir par chacun d’entre nous.