L'évolution de la pensée scientifique autour des aurores boréales

Publié par Alexandra Bourgeois, le 31 mars 2020   3.5k

Photographie d’une aurore boréale ou appelée aussi aurore polaire

Les aurores boréales ont longtemps été expliquées par les différents peuples de la Terre de façon mystique et sémiologique. En effet, les époques antérieures à l’apparition de la science comme un domaine de savoir (observation de la réalité, des faits concrets), expliquaient ce phénomène par la manifestation d’un de leurs dieux, suivant les croyances, ou de la nature. L'apparition d’aurores boréales a un sens, de ce fait celle-ci peuvent être positives ou négatives selon leurs couleurs, le moment où elles apparaissent, etc. C’est dans un contexte social superstitieux et craintif que la science va expliquer, avec les éléments de l’époque, ce phénomène. Dans cette article nous exposerons les faits qui ont participé à l’évolution de la pensée scientifique autour des aurores boréales et donc comment elles sont passées de fait surnaturel à fait naturel et explicable.

“Des déchirures du ciel nocturne”

C’est ainsi que durant l’antiquité, celles ci sont observées par des philosophes comme Aristote et Sénèque qui ont observé ces phénomènes lumineux et les ont décrits comme purement atmosphériques. Si cela peut ressembler à de la science, Aristote les identifie surtout sémiologiquement comme des “déchirures du ciel nocturne derrière lesquelles on voit des flammes”  qui annonce un mauvais présage. Sénèque, quant à lui, les compare à un “gouffre par lequel le ciel entrouvert semble vomir des flammes”. Côté Rome antique, Ovide, poète latin de l’Empire romain explique dans l’Enéide, l’origine des étoiles, des constellations et des aurores boréales : elles viendraient de la couronne d’Ariane, princesse immortelle de la mythologie grecque, lors de son mariage avec le dieu Dionysos. En effet, lors de leur mariage, Dionysos offre une couronne d’or à Ariane, oeuvre d’Héphaïstos, dieu de la forge, puis place la couronne de mariée dans le ciel pour former la constellation de la couronne boréale. Ainsi, la mythologie n’a cessé d’inspirer les savants de l’époque, cherchant une explication à ces phénomènes lumineux extraordinaires, jusqu’à leur donner un nom. En effet, “aurore boréale” vient de la rencontre d’Aurora, la déesse de l’aube, avec Borée, le dieu grec du vent du nord. 

Les aurores boréales, entre mythologie et représentation de la nature

 Apparaissant principalement dans l'hémisphère Nord du globe, ce sont surtout les peuples scandinaves qui ont développé des mythes sur le sujet pendant des centaines d’années. C’est donc grâce à la découverte de l’Edda de Snorri rédigé probablement en 1220 par Snorri Sturluson, qui regroupe l’ensemble des mythes nordiques, que l’on a pu découvrir les secrets de cette culture. De ce fait on peut retrouver de nombreux mythes scandinaves, qui faisaient partie de leur religion, à ce sujet selon les peuples et les croyances. C’est ainsi que les vikings considéraient les aurores boréales comme le reflet des armures des valkyries (redoutables guerrières vierges) qui venaient chercher les soldats morts au combat sur le chemin arc-en-ciel pour les mener à Asgard, le royaume des dieux afin de participer à un festin en attendant d’accompagner Odin lors du Ragnarok (fin du monde). Ce qui était un véritable honneur pour le peuple viking qui célébrait ces manifestations divines jusqu’à ce qu’ils deviennent catholique au Moyen âge. Au contraire, les finlandais, considéraient ces phénomènes comme une manifestation de la nature. En effet celles-ci sont créées par des renards arctiques appelé ‘revontulets’, littéralement, les ‘renards de feu. Grâce  à leur vitesse, ces animaux typiques de la faune arctique, déclencheraient des étincelles lors de leurs courses dans le ciel. En effet leurs grandes queues, en frottant les montagnes, soulèveraient la neige qui reflètent la lumière de la lune. Ce qui expliquerait que les aurores boréales ne soient visibles que l’hiver puisqu’il n’y a pas de chutes de neige l’été.

Après les mythes, place à la science

Au XVIIème siècle, les aurores boréales sont accompagnées d'un imaginaire symbolique fort présageant des désastres. Par exemple, en Ecosse, la couleur rouge des aurores est assimilée à des batailles se passant dans le ciel représentant donc des bains de sang. C'est dans ce contexte d'imaginaire et de superstition que les scientifiques ont tenté de lier les aurores boréales à une phénomène gouverné par les lois de la nature. Les scientifiques commencent petit à petit à s’intéresser aux aurores boréale. Galilée, physicien, astronome et mathématicien, a évoqué la question d’ “aurore boréale” dans une lettre mais il n’a pas pu poursuivre cette notion à cause d’un manque de connaissances théoriques. En effet, les scientifiques avaient des lacunes théorique sur la physique, et il a fallu attendre le XVIIIème siècle pour l’aborder sereinement grâce aux nouvelles connaissances apparues dans le domaine du magnétisme, l’optique et l’électricité. 

Dès le XVIIIème siècle, en 1716, Jean-Jacques Dortous de Mairan a donné une explication rationnelle du phénomène des aurores boréales. Pour lui, les aurores boréales n'ont pas une origine électrique ou magnétique, mais proviendraient du Soleil. Ainsi, Marian apparaît comme un précurseur de nouvelles théories aurorales. L'astronome anglais Halley propose une théorie rationnelle du phénomène selon laquelle l'aurore est purement atmosphérique. Dans Philosophical transactions, il suppose que les vapeurs ne sont pas aqueuses mais magnétiques. Ainsi, la Terre agissant comme un immense aimant, provoquerait ces phénomènes lumineux près des pôles. 

Et aujourd’hui ?

De nos jours la définition d’aurores boréales a été établie comme un “Phénomène lumineux atmosphérique, essentiellement visible à haute latitude nord (aurore boréale) ou sud (aurore australe), quand des particules électrisées sont précipitées dans la haute atmosphère. Les aurores polaires découlent de l'interaction du vent solaire et de la magnétosphère terrestre. Leur base se situe entre 80 et 300 km d'altitude, et leur extension verticale peut atteindre 500 km. Elles présentent des structures variées : taches diffuses (aurores diffuses), arcs auroraux isolés, rubans de plusieurs milliers de kilomètres ; la présence de stries parallèles aux lignes du champ géomagnétique peut leur donner l'aspect de draperies aux multiples replis ou de couronnes dont les rayons semblent converger vers le zénith magnétique.” Larousse.

Grâce à la science, les aurores boréales sont aujourd’hui connues sur tous les continents, les a  priori ont en partie disparu et elles ont commencé à être appréciées pour leur beauté : leurs couleurs, leurs lumières, leurs formes onduleuses et l’effet visuel qu’elles proposent.

On retrouve beaucoup d’aurores polaires dans le milieu de l’art et principalement de la photographie car il s’agit d’un moyen de garder en mémoire et d’exposer le phénomène auquel l’auteur a assisté. C’est ainsi que le tourisme à pu se développer autour de ce phénomène qui est toujours un objet de fascination et fait partie de la culture et du folklore scandinave. Ainsi, expéditions terrestres et navales permettent aux touristes de découvrir ce phénomène naturel en Suède, Finlande, Norvège ou encore Canada, Islande et Royaume Uni de septembre à mars. Les aurores boréales resteront toujours intrigantes et fascinantes ce qui pousse, comme les chasseurs de tornade, les chasseurs d’aurores boréales à voyager des jours entiers pour les observer et les photographier.

Les aurores polaires ont été vues sous plusieurs angles différents à travers les âges, que ce soient des mauvais présages, des signes divins ou simplement un effet visuel explicable par la science.


BOURGEOIS Alexandra, BURRET Philippine, FERLAY Laura, SCHOUFT Mathieu


Bibliographie - Sitographie

« Aurores polaires... mais qu’est ce que c’est ? » 

https://www.echosciences-grenoble.fr/articles/les-aurores-polaires-un-fabuleux-phenomene-explique-simplement.

« Chant des aurores boréales dans l’œuvre d’Anna Hill : > Plastik ».

https://plastik.univ-paris1.fr/chant-des-aurores-boreales-dans-loeuvre-danna-hill-la-mythologie-nordique-a-la-base-de-recherches-scientifiques/.

Dortous de Mairan et la théorie des aurores polaires : Trajectoire et circulation d’une idée, de 1733 à 1933, Stéphane Le Gars, Dans Revue d'histoire des sciences 2015/2 (Tome 68), pages 311 à 333

« Edda de Snorri — Wikipédia ». 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Edda_de_Snorri.

« Encyclopédie de L’Agora | Aurore boréale ». 

http://agora.qc.ca/dossiers/Aurore_boreale.

« Histoire de l’étude scientifique des aurores polaires — Planet-Terre ». https://planet-terre.ens-lyon.fr/article/aurores-polaires-Bernard.xml.

« Histoire de l’étude scientifique des aurores polaires — Planet-Terre ». https://planet-terre.ens-lyon.fr/article/aurores-polaires-Bernard.xml.

Larousse, Éditions. « Encyclopédie Larousse en ligne - aurore polaire ». https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/aurore_polaire/24145.

« Les aurores boréales et australes - Univers-Astronomie ». http://www.univers-astronomie.fr/articles/systeme_solaire/119-les-aurores-boreales-et-australes.html#Les%20aurores%20%C3%A0%20l'Antiquit%C3%A9.

« Les aurores polaires - Histoire de l’étude scientifique des aurores polaires — CultureSciences-Physique - Ressources scientifiques pour l’enseignement des sciences physiques ». http://culturesciencesphysique.ens-lyon.fr/ressource/aurores-polaires-Bernard.xml#N1002D.

« Mythes et légendes scandinaves ». https://www.hurtigruten.fr/inspiration/experiences/aurores-boreales/mythes-et-legendes-scandinaves/.

Wright, Rosemary. Cosmology in Antiquity. Routledge, 2013.